We Are Europe : un projet européen pour révolutionner la culture

L'association lyonnaise Arty Farty portera pendant trois ans une coopération culturelle européenne, "We Are Europe", avec sept autres festivals. Le but est d'imaginer la culture de demain : révolution numérique, innovation, nouveaux usages, business models, etc. Dès 2016, lors de l'événement Nuits Sonores, à Lyon, l'entrepreneuriat culturel sera au coeur du programme.

Après deux ans de travail, le projet culturel européen We Are Europe a été officiellement lancé ce jeudi à la Gaîté Lyrique (Paris). Porté par l'association lyonnaise Arty Farty, organisatrice du festival de musiques électroniques Nuits Sonores et de European Lab, cette coopération fédère sept autres événements* du continent, sur le modèle innovant du festival-forum : un temps artistique associé à un espace de réflexion (conférence, ateliers). L'objectif de ce programme ? Inventer la culture européenne de demain, dans un contexte de baisse des subventions publiques, "de crise sociale et citoyenne et de défiance du projet européen", explique Vincent Carry, directeur d'Arty Farty.

"Nous souhaitons mettre en avant une nouvelle génération d'acteurs, mobiliser les énergies au service de l'innovation culturelle et de l'indépendance. Ce projet a pour objectif de valoriser une vision européenne des cultures électroniques et numériques, des politiques de l'entrepreneuriat culturel, de l'innovation et des nouvelles technologies. Nous voulons apporter du sens au projet européen grâce à la culture, avec au cœur de l'initiative, la question de la démocratie", détaille-t-il.

Un programme porteur de nouveaux business models

Le projet est accompagné par la Commission européenne via Europe creative, le programme de soutien au secteur culturel et créatif pour la période 2014-2020. Pour Corinne Rigaud, la responsable du secteur musique de l'instance bruxelloise, "c'est avec ce genre de projet, contemporain, créateur et obstiné -, que nous pouvons poursuivre la construction de l'Europe et faire bouger les lignes". Plus pragmatique, Barbara Gessler, chef d'unité de l'Agence exécutive d'Europe creative estime que "les réflexions sur les nouveaux business models initiés par We Are Europe ont pour vocation de se traduire dans d'autres secteurs et expressions artistiques".

L'engagement de l'Europe se traduit par une participation dans le financement du projet. D'un budget de 3,8 millions d'euros, elle prend à sa charge 50 %. Le reste est assuré par les opérateurs.

Trois ans de coopération : think-tank, échanges artistiques...

Concrètement, les structures travailleront ensemble pendant trois ans. 56 scènes et parcours artistiques seront représentés sur les huit territoires concernés. Les festivals inviteront entre deux et trois partenaires chaque année, pour présenter leur vision créative et les artistes de leur écosystème culturel.

Par exemple, lors de la prochaine édition de Nuits Sonores/ European Lab (4-8 mai 2016), le festival lyonnais invitera C/O pop Festival (Cologne, Allemagne) et Elevate (Autriche).

"Pour un jeune festival comme le nôtre, c'est une opportunité incroyable pour être davantage innovant. Nous allons également augmenter notre coopération artistique, et imaginer de nouvelles productions en joint-venture", avance Eduard Prats Molner, représentant du festival-Forum serbe Resonate localisé à Belgrade.

Une thématique commune sera abordée annuellement. L'entrepreneuriat culturel sera mis en valeur en 2016, avant de traiter, en 2017, du rôle de la culture dans la ville du futur. La dernière année du programme se concentrera sur les nouveaux activistes de la culture européenne. Un think-tank sera constitué afin d'assurer la mobilité des ressources, des propositions et des bonnes pratiques. Enfin, une plate-forme web sera créée pour partager les contenus.

Un dispositif d'évaluation

Très critiques envers leurs politiques culturelles nationales respectives - notamment dans les modes d'évaluation de celles-ci -, les organisateurs de We Are Europe souhaitent quantifier les répercussions de leurs actions.

"Un dispositif d'évaluation sera porté par des universités et des bureaux d'étude afin d'avoir un retour scientifique et indépendant", souligne Frédérique Joly, directrice administrative d'Arty Farty.

Une équipe de chercheurs sera ainsi constituée autour de Pascale Bonnier Chalier, responsable pédagogique du master Développement de projets artistiques et culturels internationaux (DPACI) de l'Université Lyon 2 et de Lluis Bonet, professeur à l'université de Barcelone.

Pour Arty Farty, poisson-pilote du projet, cette nouvelle aventure confirme sa dimension européenne. 14 ans après la création de Nuits sonores et 5 après celle d'European Lab. L'association, qui emploie une vingtaine de salariés et est autofinancée à 83 %, poursuit son développement. Elle organisera Nuits Sonores à Séoul fin 2016 et lancera un Hub créatif baptisé Hôtel 71 courant 2017.

*Les huit structures partenaires :

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