Vins : le Tricastin séduit à nouveau les négociants

Si certains vignobles de la Drôme sont très connus d'autres le sont beaucoup moins comme l'appellation Grignan-les-Adhémar, ex Coteaux du Tricastin. Entachée par l'image de la centrale nucléaire voisine, l'appellation a changé de nom, depuis 2010. Près de 7 millions de bouteilles sont écoulées chaque année majoritairement en vente directe.

Le département de la Drôme propose une riche palette de vins : vins tranquilles, effervescents ou encore AOC. Si l'on connaît davantage les Côtes du Rhône (dont font parties Hermitage, Crozes-Hermitage ou encore Vinsobres), d'autres appellations méritent d'être connues, telle celle de Grignan-les-Adhémar. Au sud du département, elle s'étend sur 21 communes.

Du Tricastin aux Adhémar

La culture de la vigne ne date pas d'aujourd'hui. Les premiers ceps furent en effet plantés dès le Ve siècle avant Jésus-Christ par les Phéniciens. Les Romains firent de cette région l'un des pôles viticoles de la Gaule antique et médiévale, le Rhône servant alors d'axe de communication. Une ferme viticole découverte à Donzère - datant du 1er siècle après Jésus-Christ - atteste d'ailleurs de cette installation. Mais dans la période contemporaine, la viticulture y prendra son essor dès les années 1960. Le vin a obtenu son classement en VDQS (vin délimité de qualité supérieure) en 1964, puis l'AOC (appellation d'origine contrôlée) en 1973.

Ce n'est toutefois qu'en novembre 2010 que ces vins prirent le nom de "Grignan-les-Adhémar". En effet, l'appellation s'appelait auparavant "Côteaux du Tricastin". Et pour les vignerons, le terme "Tricastin" rimait avec la centrale éponyme implantée non loin de là. Un préjudice alors important en terme d'image, surtout quand il s'agit de promouvoir des vins de terroir. Le nouveau nom privilégie l'Histoire et notamment une famille qui a régné pendant plusieurs siècles sur la Drôme provençale. L'histoire des Adhémar est par ailleurs liée étroitement à celle de Grignan. La marquise de Sévigné, mère de la comtesse de Grignan, y ayant souvent séjourné.

Grignan Adhemar

Jeune et moderne

C'est justement dans cette ville qu'est basé le siège de l'organisme de défense et de gestion Grignan-les-Adhémar. Selon Henri Bour, président de ce syndicat de vignerons, une nouvelle politique a également été mise en œuvre depuis cinq ans. Un comité de dégustation - réunissant des experts indépendants - a été mis en place en son sein, dans une démarche de qualité. Le cahier des charges a également été modifié auprès de l'INAO. Les encépagements de syrah et de viognier sont accrus (30 % minimum par exploitation pour les rouges et les blancs). "Avec ces changements, les vins arborent ainsi une identité commune et un style qui se rapproche", indique Henri Bour.

Des vins qui veulent s'adresser aux jeunes générations ainsi qu'aux curieux.

"Les vins de Grignan, c'est sortir des sentiers battus. Ils se positionnent comme un appel à découvrir. La volonté du syndicat est vraiment de proposer des vins qualitatif. Le rapport qualité/prix est intéressant, les prix variant entre 5 et 15 euros. Nos vins proposent une certaine harmonie, un équilibre, de l'élégance et une expression aromatique vers le fruit. Le goût est très accessible, le tanin n'est trop agressif par exemple. Ce vin est un intermédiaire entre le sud et le nord. Nous voulons attirer les jeunes et donner une image moderne, poursuit-il.

Grignan Adhemar

230 viticulteurs, 15% à l'export

L'appellation compte aujourd'hui près de 230 viticulteurs, dont 32 caves particulières et 8 caves coopératives. Le volume moyen annuel est d'aujourd'hui environ 55 000 hectolitres (environ 7 millions de bouteilles), sur 1 800 hectares de plantés en AOP. Les rouges représentent près de 70% de la production, tandis que le rosé et le blanc se partagent respectivement les 20% et 10% restants.

Ces vins sont aujourd'hui principalement commercialisés en vente directe (40%). Ils sont aussi proposés à travers la grande distribution (25%), aux grossistes (10%), cavistes (15%) et auprès des cafés, hôtels et restaurants (10%). Seul 15% de la production en moyenne part à l'export. Une proportion cependant variable selon les domaines. Chez Henri Bour par exemple, ce sont 40% des bouteilles qui sont vendues en Chine, Allemagne, Belgique ou encore en Angleterre.

Rupture de stock

La part importante des ventes directes semble liée à l'histoire même de ces vins. Pendant longtemps, les producteurs n'ont en effet pu compter que sur eux-mêmes. Même si le syndicat alloue 250 000 euros dans la promotion.

"Les anciens vins du Tricastin n'avaient pas beaucoup le soutien des négociants. Ils  nous avait un peu abandonné. Puis, depuis cinq ans, nous avons mis en place une nouvelle politique. Là, on les voit revenir", indique Henri Bour.

Depuis l'an dernier, ces professionnels semblent en effet de nouveau s'intéresser à ces vins. D'ailleurs, les producteurs sont en rupture de stock depuis trois à quatre mois. Et des commandes concernant la production encore en élevage sont déjà en cours.

>> Retrouvez cette semaine notre série sur les vignobles de Rhône-Alpes méconnus

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