Crise agricole : la Drôme rapproche producteurs et acheteurs

Alors que les ministres européens se réunissent ce lundi à Bruxelles pour faire face à la crise agricole, des initiatives locales soutiennent l'activité des agriculteurs. Le Département de la Drôme a par exemple lancé la plateforme Agrilocal.
Pour 2015, l'objectif affiché de la plateforme est d'atteindre un chiffre d'affaires de 367.500 euros

Ce lundi 7 septembre, les ministres européens de l'Agriculture se retrouvent à Bruxelles pour un sommet extraordinaire portant sur la crise agricole. Cette rencontre fait suite aux tensions de l'été qui ont traversé le monde agricole français : blocage des routes en Normandie, paralysie du centre de Lyon, défilé de tracteurs à Paris début septembre. Ces mobilisations reflètent l'état de dépression d'un monde agricole au bord du gouffre. Les agriculteurs n'ont plus les moyens de vivre de leur travail, accablés par les charges et des prix de vente contractés par la grande distribution, les intermédiaires et la concurrence européenne. Parmi leurs revendications, ils militent notamment pour que leurs produits soient consommés au niveau local.

Pour faire face à ces difficultés persistantes, le Conseil général de la Drôme avait lancé en 2012, sous la mandature de Didier Guillaume (PS),une plateforme qui permet de mettre en relation acheteurs publics et producteurs locaux, sans intermédiaire.

Soutenir les producteurs locaux

Baptisée "Agrilocal", celle-ci vise plus largement à promouvoir les circuits courts, privilégier l'approvisionnement de proximité à travers la restauration collective et se veut être un soutien à la filière agricole. Lors de l'année 2014, dans la Drôme, le chiffre d'affaires généré s'élevait à 245.000 euros. Pour 2015, l'objectif affiché est d'atteindre 367.500 euros

A noter que ce dispositif s'étend également vers d'autres structures. Outre les établissements scolaires, et notamment les 29 collèges du département, les hôpitaux Drôme nord, le centre hospitalier de Valence ainsi que certains établissements d'accueil de personnes âgées ont pris part à cette initiative. Le Département pense également, à terme, proposer cet outil aux entreprises privées et compte bien promouvoir son utilisation auprès des maires de la Drôme afin de développer Agrilocal dans les cantines des écoles.

Désormais, des plateformes similaires ont été créées dans d'autres départements français. On en compte désormais 23 à travers l'hexagone, dont en Rhône-Alpes et Auvergne, l'Ardèche, l'Allier, le Puy-de-Dôme ainsi que le Cantal. Ambition affichée : fédérer 30 départements d'ici fin 2015. Deux régions et deux chambres d'agriculture participent également au projet.

"L'activité agricole, rôle essentiel dans le développement économique"

Les politiques de tous bords semblent satisfaits de la mise en place d'un tel projet. Interrogé en marge de la fête de l'agriculture qui se déroulait à Génissieux (Drôme) le 23 août dernier, Michel Grégoire, vice-président du Conseil régional délégué à l'agriculture et au développement rural, notait qu'il s'agissait là d'un bon outil - qui plus est sécurisé - pour inciter à la consommation de produits locaux.

L'élu notait également que la Région l'avait adopté pour ses lycées. Didier Guillaume, sénateur (PS) et ex-président du Conseil général, souligne quant à lui que cette plateforme est précurseur et peut amener une réponse qui plus est dans la crise actuelle. Pour Patrick Labaune, président (LR) du Conseil départemental de la Drôme, il s'agit d'un "projet concret", qui est "assurément une piste à développer dans un contexte national difficile pour la filière agricole". Le chef de l'exécutif précise sa pensée :

 "L'activité agricole joue un rôle essentiel dans le développement économique du Département. Soutenir la filière, favoriser les achats de proximité et développer les productions locales sont des enjeux prépondérants que nous prenons en compte". "Tout le monde y trouve son compte, c'est du "gagnant-gagnant" et c'est sûrement ce qui explique son succès", conclut-il.

Des agriculteurs réservés

Mais les agriculteurs restent toutefois plus réservés. Pour Maxime Méjean, président des Jeunes agriculteurs (JA) de la Drôme, cette initiative est intéressante mais point suffisante puisqu'elle ne concerne qu'un nombre réduit d'agriculteurs.

"Tous les agriculteurs ne sont pas destinés à vendre leur production en circuits courts. Par ailleurs, il faut pouvoir répondre à la demande", explique-t-il.

S'il assure que les débuts concernant la mise en place de cette plateforme ont été compliqués, il constate aujourd'hui que cela fonctionne. Tout en notant qu'un important travail d'accompagnement et d'animation reste nécessaire.

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Commentaire 1
à écrit le 07/09/2015 à 19:52
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C est une très belle initiative de la part des elus locaux. Il faut vraiment féliciter ces personnes. Les agriculteurs peuvent profiter de l' outil pour multiplier et fidéliser les clients, se garantissant en quelque sorte contre les aléas des cours...

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