Festival Berlioz : Un succès isérois qui va crescendo

Pour sa 22e édition, le Festival Berlioz, installé dans la ville natale du musicien éponyme (la Côte-Saint-André), compte bien battre des records de fréquentation, en dépassant le seuil des 25 000 visiteurs atteint l’an dernier. Comment un festival de musique classique comme celui-ci a-t-il pu s’inscrire dans le paysage pour devenir un événement incontournable de la saison estivale ?
La Damnation de Faust, lors de l'édition 2014 du festival.

"Berlioz fait mieux que Santana, avec plus de 6000 spectateurs pour le concert d'ouverture à Vienne". C'est sur ces mots pleins d'audace que Bruno Messina, le directeur du festival Berlioz, plante le décor.

Avec ses 11 jours de festival où près de 1000 musiciens se partagent l'affiche, le festival nord-isérois semble avoir réussi le pari de décloisonner la musique classique, en dévoilant tout l'univers du compositeur Berlioz au grand public : "Nous avons enregistré l'an dernier 25 000 spectateurs, contre 15 000 l'année précédente, et nous allons certainement dépasser ce chiffre cette année encore car nous jouons quasiment à guichets fermés tout au long de la 2e semaine du festival", annonce-t-il.

Alors que cet événement continue d'étonner et d'afficher une belle progression, quelle serait donc sa recette ?

Une origine ancrée dans le territoire

Si le festival affiche déjà 22 ans au compteur, son origine serait en réalité plus lointaine, "puisqu'elle commence avec Berlioz lui-même, qui organisait durant le mois d'août des événements à Lyon, Bordeaux, Lille et même en Allemagne", explique Bruno Messina.

C'est ensuite dans les années 50 que le festival s'impose à la côte Saint-André, par la volonté du sénateur Jean Boyer qui souhaitait faire redécouvrir le lien qui unissait le Dauphiné et le musicien, "dont la majeure partie des revenus provenait de ses fermes situéesen Nord-Isère, plus que de ses œuvres".

Après une délocalisation à Lyon durant les années 80, le festival se réinstalle à la Côte-Saint-André et se mue en établissement public de coopération culturelle (EPCC), avec la création de l'Agence iséroise de diffusion artistique (AIDA) en 2004. Avec, aux manettes, le Conseil Général de l'Isère, Bièvre Isère Communauté et la commune de La Côte-Saint-André.

"Cet EPCC a une vocation large, puisqu'il porte aussi les 80 concerts des Allées Chantent, le projet Démos Isère pour l'apprentissage de la musique, le Jeune Orchestre Européen Hector Berlioz et la Maison Messiaen du plateau Matheysin", précise Bruno Messina.

Une billetterie qui se développe

Sur un budget global de 1,6 millions d'euros en 2014, près de 50% des revenus du festival proviennent du CG38 (en excluant la masse salariale qui est mutualisée pour les différents événements), tandis que le festival reçoit également 100 000 euros de la part de l'État, 100 000 euros de la part de la Région, et 140 000 euros de mécénat. "Le mécenat est en développement, y compris auprès de petites et moyennes entreprises du territoire qui sont en accord avec les valeurs que l'on porte, notamment sur la question de la proximité", estime M. Messina.

Les ressources issues de la billetterie sont aussi en croissance, avec 400 000 euros récoltés l'an dernier, contre 260 000 euros en 2008. "Arriver à près de 30% d'autofinancement est une bonne chose pour un événement culturel de ce type", jauge le directeur. Pour faire tourner le festival, le directeur peut compter sur le concours de 8 salariés permanents, 2 stagiaires, 35 techniciens intermittents, et près de 180 bénévoles.

Le défi de créer l'événement

Depuis son arrivée à la tête du festival en 2008, ce dernier a entrepris de redonner un nouveau souffle, en choisissant notamment de décliner Berlioz chaque année sous un nouveau thème, comme la révolution industrielle et l'Amérique, l'Italie et les relations transalpines, ou encore Napoléon et les événements de 1815 cette année...

"Berlioz a ce petit côté Astérix, un peu irréductible, qui a résisté en dépit des grands mouvements de son temps. Il a connu de grands bouleversements comme l'arrivée des chemins de fer et la naissance de la photographie, et tous les régimes politiques : le consulat, la république, l'empire, la monarchie... Ca nous laisse de beaux matériaux à développer".

Même s'il n'est pas aisé de créer à l'événement au fil des ans face à des festivals toujours plus nombreux en été, Bruno Messina ne croit pas à la concurrence : "Contrairement à d'autres pratiques de consommation, plus on consomme de la culture, plus on a envie d'en avoir... Nous avons donc des collègues qui organisent d'autres manifestations et dont les propositions peuvent se croiser".

D'après lui, le choix de la date s'est imposé tout seul : "Berlioz faisait déjà lui-même ses festival en août. Cela crée aussi une véritable cohérence sur le territoire puisqu'en Isère, on a déjà un bel événement, le Jazz à Vienne, qui ouvre l'été, et le festival Berlioz qui la referme", estime-il.

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