Clap de fin pour ERAI ?

Jean-Jack Queyranne n'a pas obtenu la majorité pour voter la subvention nécessaire pour que l'ARDI puisse sauvegarder l'essentiel des activités et des emplois d'ERAI. L'UDC, Europe Ecologie Les Verts et le FN ont rejeté le rapport en dénonçant violemment les errances du passé. Le personnel est abasourdi. Le TGI aura t'il d'autres solutions que de prononcer purement et simplement la liquidation d'ERAI ? Quelle image pour Rhône-Alpes !
Le Conseil régional a réjeté la subvention pour l'ARDI en vue du sauvetage d'ERAI

Des salariés d'ERAI (Entreprise Rhône-Alpes International) qui crient leur colère contre les élus régionaux. Des élus régionaux qui, entre eux, se renvoient violemment la responsabilité de l'inévitable liquidation d'ERAI à la sortie du vote sans appel. Ce lundi, l'atmosphère électrique était palpable avant même le début de la session consacrée au sauvetage de cette agence, œuvrant depuis 25 ans pour l'attractivité du territoire et l'accompagnement des PME et TPE à l'international comme l'a rappelé Jean-Jack Queyranne, président socialiste.

Deux tiers des élus contre

Au fur et à mesure des échanges le verdict semblait inexorable. Il s'est confirmé au terme de près de trois heures de débats : la subvention de 4,4 millions d'euros proposée in fine par l'exécutif pour que l'ARDI (Agence Régionale de Développement et de l'Innovation) reprenne une grande partie des activités et du personnel a cristallisé 92 voix contre face à 64 voix pour. Sans surprise le groupe UDC (UMP et centre) a rejeté, à l'unanimité, le rapport ainsi que Europe Ecologie les Verts (à l'exception de Fathia Benhamed) et le FN. PS, Front de Gauche et PRG/GE l'ont défendu.

Il n'y aura donc pas d'offre de reprise provenant de l'ARDI pour sauver ERAI, placée en redressement judiciaire depuis le 14 avril. Le projet permettait la sauvegarde d'environ 118 salariés sur 214.

Retour sur les errances du passé

« C'est un plan de sauvetage pour un temps court et une vision cohérente pour le moyen terme. Je serai ouvert aux amendements », avait pourtant déclaré Jean-Louis Gagnaire, vice-président de la Région en présentant son rapport. « Trouvons un compromis avec les amendements nécessaires. Montrons que nous savons dépasser nos visions politiques. Il faut repousser la politique de la terre brûlée », avait exprimé Fathia Benhamed, d'EELV quelques instants plus tard. Un apaisement qui n'a pas été entendu par le reste de sa formation :

« Cela ne nous semble pas possible de donner un crédit à l'offre de l'ARDI », a objecté Jean-Charles Kohlhaas, vice président des Verts et opposé depuis toujours à cette solution.

Ce dernier est revenu longuement sur les errances du passé, les rémunérations des cadres dirigeants et les « 40 millions de crédits régionaux versés depuis le début du mandat ».

Lire aussi notre dossier >> ERAI : autopsie d'un scandale

Que la lumière soit faite

L'UDC s'est, elle aussi, interrogée sur certaines dépenses somptuaires : «  4,3 millions de prestations facturées avec en regard 464 000 euros de frais de bouche en 2013 », a relevé Michel Voisin.

« Dans ce dossier, le responsable, c'est vous, Jean-Jack Queyranne. Pourquoi avoir couvert une gouvernance opaque ? Pourquoi avoir caché jusqu'en janvier 2015 les audits d'ERAI ? », a lancé Jérémy Thien, autre élu UDC.

« Et, maintenant on nous propose de signer un chèque en blanc à l'ARDI ». Stéphanie Pernod-Beaudon, la présidente du groupe espère que « toute la lumière sera faite sur le passé ». Les salariés - 126 dépendant directement de ERAI - se disent abasourdis. « Nous nous retrouvons à perdre nos emplois pour des raisons politiques. Nous ne sommes pas concernés par les hauts salaires. Certains payent pour les autres », confie Linda Bouchagour entrée il y a dix ans chez ERAI.

Faux bilans ?

Interrogé par Acteurs de l'économie, Robert-Louis Meynet, l'administrateur judiciaire désigné par le tribunal de grande instance de Lyon, assure qu'en l'état aucun des projets privés n'est financièrement autonome. « Le repreneur du Vietnam peut démarrer avec ses propres moyens mais aura besoin ensuite de subventions », pour les missions d'intérêt général, précise t'il. « Y aura t'il possibilité de rediscuter ? Je peux repousser la remise des offres jusqu'à fin mai mais pas au-delà ». L'audience au TGI est fixée au 9 juin prochain.

« Pour l'image de marque de la région, c'est désastreux », juge François Coulin de l'OSCI (Fédération des entrepreneurs du commerce international).

Ayant siégé comme administrateur d'ERAI, il assure avoir « des éléments objectifs pour affirmer que la direction a présenté à son conseil d'administration et à son bailleur de fonds ce que je pourrais qualifier de faux bilans ». Il fait ainsi référence à la quasi absence de provisions de l'association mère concernant les comptes courants (la trésorerie) accordés à ses filiales déficitaires et s'élevant à plus de 5 millions en 2013.

Lire aussi >>ERAI : Les représentants étrangers dans l'expectative

Faute de projet de reprise, la liquidation d'ERAI devrait être prononcée par le Tribunal de Grande Instance de Lyon ce mercredi 20 mai, a indiqué la Région dans un communiqué

Article mis à jour à 17h10 et 18h58

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Commentaires 5
à écrit le 19/05/2015 à 9:23
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Après la fermeture de ERAI, il reste à fermer toutes les agences blas blas banquet et les faux centres de faux experts autoproclamés, les CCI. Avec le constat de la désindustrialisation massive, de la généralisation des travailleurs pauvres, de l...

le 19/05/2015 à 10:46
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le réseau cci est intouchable

le 19/05/2015 à 16:59
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Les contribuables sont souverains, Les contribuables sont souverains et n'ont aucunement l'intention de continuer à payer des impôts pour nourrir les comédiens des CCI ;

à écrit le 18/05/2015 à 18:03
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Le réseau cci à l'international est toujours là, serein et compétent, il est renforcé et prévaut dans ses attributions. Et si le personnel erai est aussi "performant et efficace", alors chacun d'entre eux n'aura donc AUCUN problème à retrouver un em...

à écrit le 18/05/2015 à 16:00
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Incompétence, inconscience et inutilité des politiques. L'intérêt des exportations de la France semble décidément bien loin des préoccupations des élus...

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