La crise du logement gagne du terrain en Rhône-Alpes

Dans son rapport régional 2015, présenté lundi, la fondation Abbé Pierre souligne la progression de la crise du logement en Rhône-Alpes, même si une forte disparité est à noter sur l'ensemble de la Région. Si les politiques publiques apparaissent insuffisantes, et la volonté de certaines communes mis en cause, des initiatives émergent afin de lutter contre ce fléau.

70 000 personnes seraient privées de domicile en Rhône-Alpes ; une mise en chantier qui recule de 14,6 % sur l'année, pour s'établir à 49 286 nouvelles constructions, dont 11 867 logements sociaux (-4 %) ; seulement une demande sur cinq de logement social est satisfaite dans le Rhône. Le 7e rapport régional sur l'état du mal-logement en France, produit par la fondation Abbé Pierre, et dévoilé à Lyon ce lundi, est une nouvelle fois alarmant "En 2015, contrairement à 1995, les difficultés pour se loger s'aggravent au-delà des ménages pauvres et des précaires et concernent globalement les personnes à faibles ressources qui sont insérées économiquement et socialement", détaille Véronique Gilet, directrice régionale de la fondation Abbé Pierre Rhône-Alpes. "Dans ce territoire, la crise gagne du terrain même si les évolutions constatées s'inscrivent dans les tendances nationale", précise le rapport.

Entre 7 et 15 euros le m² à la location

La deuxième région de France est marquée par de profondes disparités face à la crise du logement. Une situation en corrélation avec la cartographie économique du territoire. Rhône-Alpes recense en son sein des départements plus riches (Rhône Isère et Haute-Savoie) qui sont traversés par des fortes tensions en matière d'accès au logement et à l'hébergement.  D'autres territoires, où les populations se paupérisent (Loire, Drôme, Ardèche), les écarts se manifestent davantage en matière de qualité d'habitat et de précarité énergétique.

Les différences se caractérisent aussi dans le prix des loyers. Certains territoires sont tendus, tels Annecy et le bassin franco-genevois, où le loyer moyen peut dépasser les 15 euros/m². Le m² atteint en moyenne 13 euros dans les grandes agglomérations (Lyon, Grenoble), contre 7 euros pour les moyennes et petites villes de la région, et dans des secteurs "déprimés", comme Saint-Etienne et Roanne.

Stabilité de la construction pour une demande en hausse

Les disparités en terme de logements sociaux financés, dont le niveau de construction s'est globalement maintenu en 2014, alors que la demande augmente, donnent également une indication de la diversité du territoire. Les résultats du Grand Lyon (+ 9% avec 3 924 logements financés) et du département de l'Ain (+24 %) progressent, alors que le département de la Loire (-39 %) de l'Ardèche (-32 %), de Chambéry (-33 %) et Grenoble (-20 %) voient leur production s'effondrer dans des proportions alarmantes. "Ce sont autant de logements qui manqueront demain", estime Véronique Gilet.

production régionale logements sociaux

Prêt locatif aidé d'intégration (PLAI)/ Prêt locatif à usage social (PLUS) et prêt locatif social (PLS) sont les différentes formes de logements sociaux.

Et parmi les causes identifiées, la baisse des subventions publiques est notamment en question. "C'est une préoccupation très forte, souligne la directrice générale, rappelant que le logement ne doit pas être la variable d'ajustement du budget". Mais aussi, un manque d'efficacité des politiques initiées, voire "des orientations générales de la politique du logement qui sont en cause", analyse Véronique Gilet. La réforme territoriale pourrait ouvrir de nouvelles perspectives, et notamment une meilleure cohérence des actions. "Par exemple, avec les nouvelles compétences de la Métropole, celle-ci englobe désormais l'action sociale et celle du logement. Cela donne la possibilité d'agir dans le bon sens", explique la représentante de la fondation Abbé Pierre.

En Rhône-Alpes, 22 communes sanctionnées

Ces mauvais résultats résultent aussi, dans certains cas, d'un manque de volonté politique : si 80 communes de la Région ont atteint leur objectif triennal pour la période 2011-2013, en application de la loi SRU qui impose 25 % de logements sociaux sur chaque ville, 38 ne l'ont pas respecté, et 22 d'entre elles ont été sanctionnées. Ce sont notamment des communes de l'Ouest lyonnais, et en Savoie, dans des départements et des territoires où le revenu moyen est élevé, mais où la situation du logement social est la plus tendue. Au total, c'est un déficit de 525 logements sociaux qui est comptabilisé sur la période.

Abbé Pierre Mal-logement communes sanctionnées

"Face à l'impression d'absences d'alternatives, il appartient à chacun d'entre nous d'essayer de trouver collectivement une latitude d'action", estime Véronique Gilet. Elle souligne notamment un éveil de la société civile, à la recherche de nouvelles solutions. Certains bailleurs sociaux proposent eux aussi de nouvelles idées, à l'image de l'initiative Alis, où quatre d'entre eux se sont réunis pour travailler ensemble afin de produire plus vite et à moindre coût.

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