Lyon : la RUL disparaîtra le 1er avril

Une assemblée générale extraordinaire a acté, le 4 février dernier, la dissolution de la Région Urbaine de Lyon (RUL). Le Pôle Métropolitain avait choisi de se retirer, jugeant l'instance redondante. Cet outil de coopération avait été créé en 1989. Jean-Paul Bret, maire PS de Villeurbanne a plaidé contre sa disparition.
(Crédits : Laurent Cérino/Acteurs de l'économie)

La RUL, anagramme de Région Urbaine de Lyon, n'existera plus le 1er avril prochain. Sa dissolution a été entérinée le 4 février dernier lors d'une assemblée générale extraordinaire* que présidait Jean-Jack Queyranne, patron PS de la Région Rhône-Alpes. Cette disparition résulte de la décision du Pôle Métropolitain, présidé par Gérard Collomb (co-président de la RUL et maire PS de Lyon) de se retirer de cette association jugée redondante avec les autres dispositifs intervenant à l'échelle métropolitaine : pôle, Interscot, agences d'urbanisme. Et l'argument de la mutualisation, pour réaliser des économies, était avancé sachant que le pôle métropolitain contribuait à hauteur de 170 000 euros au budget de 500 000 euros aux côtés de la Région, de quatre départements et trois communautés de communes.

Absence de débat

« Ce dossier a été traité avec un peu de désinvolture. Il n'y a jamais eu aucun débat », déplore pour Acteurs de l'économie, Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne et délégué des co-présidents de la RUL, de 2004 à 2014, après l'avoir présidée pendant 10 ans. Il explique que « Gérard Collomb (Ndlr : le vice-président en charge du sujet à la Métropole n'était joignable dans les temps) n'a jamais eu d'appétence pour cette instance. Or, cet endroit n'était pas un lieu de pouvoir, ce qui lui donnait de la fraîcheur ». Officiellement lancée en 1989, cette structure connaîtra des débuts houleux car beaucoup y voyaient une volonté hégémonique de la Communauté urbaine, établissement fondateur.

En 2008, une contribution de Millénaire 3 (laboratoire prospectif), la qualifiait encore, d'« alternative de fait à l'absence de réforme institutionnelle » pour répondre à la question « du périmètre de l'action publique ». "Cette disparition était inévitable mais regrettable", observe pour, sa part, François-Noël Buffet, sénateur maire UMP d'Oullins, dans le Rhône.

Quid des territoires périphériques ?

Toujours est-il que la RUL, avait fait évoluer, une nouvelle fois, ses missions, en 2012, suite à la création du pôle métropolitain comme le rappelle Jean-Paul Bret, dans une lettre, datée du 29 octobre 2014, et adressée aux 100 élus concernés par la RUL. Le maire de Villeurbanne  tentait une dernière fois de convaincre de l'intérêt à maintenir cet outil rayonnant sur un périmètre de près de 3 millions d'habitants et 13 aires urbaines.

« Le pôle métropolitain intervient (lui) dans un périmètre plus restreint et met uniquement en dialogue les agglomérations... Eliminer simplement et trop rapidement » la RUL, « ne peut que renforcer la crainte d'une Métropole se détournant des territoires périphériques », analysait il dans son courrier du mois d'octobre.

Il tendait la perche à la Région voyant pour elle « un atout dans la mise en œuvre de ses politiques publiques ».

Utopies urbaines

En 25 ans d'existence, la RUL - en quelque sorte le prolongement de l'OREAM (Organisation d'études d'aménagement de l'aire métropolitaine)-  a produit plusieurs documents stratégiques : schémas de cohérence logistique, de développement durable. Ses champs d'action très variés englobaient les transports (de marchandises, collectifs), l'observation économique, la culture, le tourisme. A ce propos, Jean-Paul Bret se montre inquiet quant au devenir d'une opération portée par la RUL et baptisée « utopies urbaines » et reposant sur une mise en réseau de différents sites architecturaux du XX ième siècle incarnant cet esprit de Cités idéales.

Reclassement de l'équipe

Au plan humain, la RUL se limitait à une équipe de quatre personnes dirigée Anne Dubromel. « Ce sont des professionnels de qualité qui n'auront pas de difficultés à retrouver un poste. Pour ce qui est de la Région, notre président, Jean-Jack Queyranne, s'est inquiété du reclassement de ces personnes. Notre directrice des ressources humaines les a reçues pour discuter avec elles de leurs compétences et de leurs projets », précise Pierre Bézina, directeur des politiques territoriales du Conseil régional.

Un recrutement, au moins, serait envisagé du côté du pôle métropolitain. Au plan financier, la structure disposait du fonds de roulement nécessaire pour financer la procédure de dissolution et le reliquat de trésorerie sera donné à une fondation ayant pignon sur rue. En effet, la loi interdit à une association de restituer à ses membres le cash disponible.

*L'assemblée générale convoquée le 6 novembre 2014 ne réunissait pas le quorum requis.

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Commentaires 2
à écrit le 02/03/2015 à 8:31
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La RUL, pour peu que l'on ait bien voulu sortir des champs étroits des petits arrangements entre amis et des ambitions mesquines de pouvoir - l'association n'étant pas un lieu de pouvoir car instance de réels échanges, débats et construction d'avenir...

à écrit le 01/03/2015 à 17:29
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Comment peut-on parler de redondance avec le Pôle Métropolitain alors que celui-ci a été créé postérieurement à la RUL pour servir une seule ambition : la création de la Métropole ? Alors même qu'à cette époque les politiques auraient pu faire évolu...

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