Les cinémas municipaux à la reconquête de la proximité

Pendant la semaine du Festival Lumière, les cinémas municipaux de la périphérie lyonnaise sont mis en avant, un éclairage bienvenu. Accrochées entre patrimoine et modernité, ces petites salles se sont adaptées à une concurrence accrue des multiplexes.
Le cinéma le Zola de Villeurbanne a choisi de multiplier les évènements pour se distinguer

Les petits cinémas de quartiers ou de banlieue reviennent de loin. Dans les années 50, le cinéma français réalisait environ 350 millions d'entrées. Un marché lucratif soutenu, à l'époque, par un maillage important de salles privées. Le développement de la télévision à partir des années 60 à conduit à une diminution continue de la fréquentation, 120 millions d'entrées en 1989, provoquant de nombreuses faillites de salles.
Dans les années 90 l'avènement des multiplexes réactive la consommation de cinéma. En parallèle, les villes se lancent alors à la rescousse des petites salles abandonnées et en rachètent les murs, où développe de nouveaux projets.

Les mairies disposent alors de plusieurs solutions pour la gestion. Dans le cadre d'une régie directe, comme au Scénario à Saint-Priest, le budget du cinéma fait partie de celui de la ville. En régie autonome, la salle dispose de budget et conseil d'administration indépendants. C'est le cas du Toboggan, à Décines. A contrario, Villeurbanne préfère déléguer la gérance du Zola à L'Association pour le cinéma. Le financement reste toujours très dépendant des subventions publiques, qui représentent au moins la moitié du budget.

Un autre regard

En 2013, les multiplexes pèsent pour 60 % dans la fréquentation des salles françaises, soit 120 millions d'entrées sur 200 millions au total. Leur concurrence accrue, notamment en périphérie, oblige les petites salles à innover et trouver un positionnement adéquat.

"Nous privilégions une ligne éditoriale de qualité, orientée Arts et Essais. Nous organisons des débats, des rencontres. L'accueil est convivial. Nous préparons aussi chaque année trois festivals : le Film court, le Ciné O'Clock et Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain", souligne Sandrine Dias, responsable de la programmation au Zola.

Même stratégie également Aux Alizés à Bron qui organise depuis 23 ans le festival "Drôle d'endroit pour des rencontres".

Bron les Alizés

Le cinéma les Alizés, à Bron, fait partie du réseau Est Ecran. (Crédits: Laurent Cérino)

L'union fait la force

Parce que leur taille est modérée, d'un à trois écrans, ces salles ne peuvent prétendre à une programmation diversifiée. Le partenariat entre cinémas avec programme et abonnement communs permet d'élargir l'offre. Est Écran rassemble ainsi les cinémas de Vénissieux, Bron, Saint-Priest et Décines. Regroupant aujourd'hui une soixante de salles de la périphérie lyonnaise, le Groupement régional d'action cinématographique (GRAC) permet également aux salles de s'organiser collectivement. "L'objectif est de reconquérir la proximité auprès du public, et de favoriser la circulation des films dans les salles" souligne Gérard Martin, président de l'association.

Rien à envier aux grandes salles

Enfin, les petites salles n'ont techniquement rien à envier aux grandes. En 2010, le passage au numérique des cinémas municipaux s'est déroulé grâce à une contribution de la région en Rhône-Alpes, complétant celle du Centre National du Cinéma (CNC). L'investissement moyen de 80 000 euros par salle a été couvert à 90 % par les subsides publiques.

"Mais nous découvrons un nouveau problème. Le numérique multiplie par quatre le coût de fonctionnement des cabines" constate Marion Sommer-Meyer, responsable du Toboggan.

À l'heure du Festival Lumière, toutes et tous se félicitent en tout cas de la visibilité apportée. Ce ne sont plus les seuls habitués qui remplissent les salles, mais de nouveaux cinéphiles intéressés par des films de patrimoine. Une légitimation du travail effectué tout au long de l'année. Mais ils restent prudents par rapport à l'évolution des finances de leurs collectivités respectives.

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Commentaires 5
à écrit le 24/10/2014 à 20:23
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Ciné Mourguet de Ste Foy lès Lyon est aussi partenaire du festival Lumière.Son programme est également orienté Art et essai, jeune public, patrimoine et fait partie du GRAC. Deux salles (200 et 80 places) peuvent désormais accueillir tous les public...

le 29/10/2014 à 13:47
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Le plus beau avec Ecully Cinéma !

à écrit le 22/10/2014 à 12:48
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Article très clair et précis sur le sujet !

à écrit le 20/10/2014 à 17:17
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Article très intéressant. Merci. Je suis très étonné de la fréquentation des salles dans les années 50. Vive les ptits cinés indépendants !

à écrit le 20/10/2014 à 13:43
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Très bel article, pour une fois les choses sont dites clairement sur le sujet :) Vive les salles de proximité qui diffusent les films d'abord pour le plaisir de les faire connaitre !

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