Pourquoi la Chine séduit la filière montagne

Les dernières semaines ont été riches en annonces de rapprochements potentiels entre les acteurs chinois et français de la montagne. Critiquées ou encouragées, ces annonces masquent des enjeux considérables de part et d'autre, qui se jouent maintenant.
En Chine, les travaux ont commencé pour préparer les Jeux d'hiver de Pékin en 2022.

Au mois de mai, la Compagnie des Alpes indiquait rechercher un partenaire financier pour l'aider dans son développement international. Le quotidien Le Monde avançait en juin que ce partenaire pourrait être le conglomérat chinois Fosun, propriétaire du Club Med, à hauteur de 10 à 15%

Craintes et coopération

Aussitôt, le président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes et ceux des conseils départementaux de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l'Isère faisaient part de leurs inquiétudes devant la perspective de voir la firme chinoise mettre la main sur une partie du capital de l'exploitant de grands sites de remontées mécaniques, en délégation de service public.

Quelques jours plus tard, Liu Yandong, vice-première ministre de la Chine, venait à Chamonix signer un accord de coopération avec la France dans le domaine des sports d'hiver, notamment la préparation des Jeux olympiques de Pékin en 2022.

Un marché considérable

Ces Jeux olympiques pourraient être à la Chine ce que les Jeux de Grenoble puis d'Albertville ont été à la France, explique Benoit Robert, directeur du Cluster Montagne, qui regroupe les entreprises de la filière française de l'aménagement de la montagne.

"Les Jeux de Grenoble ont boosté la pratique du ski en France, et ceux d'Albertville ont fait passer la clientèle internationale de 3 à 15%", souligne-t-il.

On compte 1,5 million de skieurs en Chine actuellement, pour un potentiel de 10 millions en 2022. "Et les autorités chinoises, qui visent à développer le sport de masse, veulent mettre 300 millions de Chinois au ski à l'horizon 2030", précise Benoit Robert.

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Le marché potentiel de l'aménagement de la montagne est donc immense. La Chine compte 150 kilomètres de pistes commerciales alors que la France en compte 8 000... Et même si les pentes sont peu prononcées, le relief chinois se prête bien aux sports de montagne, puisque 45 % du territoire est à plus de 2 000 mètres d'altitude.

Tout se joue maintenant

Et le moment présent est fatidique pour la Chine, avec la préparation des jeux de Pékin en 2022.Tout est à faire à Yanqing, le site qui accueillera les épreuves alpines. "Ce sont des centaines de millions d'euros , voire des milliards, qui doivent être investis pour aménager la station", affirme M.Robert, qui se rend plusieurs fois en Chine chaque année pour rencontrer des acteurs locaux.

Tous les appels d'offres se font en ce moment, et la filière française compte bien prendre sa part de ce marché en croissance exponentielle. "Je suis sur le point d'y retourner... On passe notre vie en Chine actuellement", glisse Benoit Robert.

Une vingtaine d'entreprises du Cluster Montagne est déjà à l'œuvre en Chine, avec une accélération nette depuis cinq ans. "Nous allons accompagner une quinzaine d'entreprises qui n'y avaient jamais travaillé", avance M. Robert.

Téléphériques

Indispensable partenaire local

En regardant au-delà de Pékin 2022, les Jeux seront l'icône qui incitera d'autres régions à avoir leurs stations, pronostique-t-il. Encore faut-il pouvoir faire des affaires dans un pays aussi éloigné culturellement.

"En Chine, si vous voulez exploiter le potentiel de croissance à long terme, un partenaire local est indispensable pour affronter les aspects réglementaires, intégrer les bons réseaux et nouer des relations commerciales pérennes", assure M.Robert.

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Or, un tel partenariat intéresse les Chinois quand ils peuvent travailler avec un leader mondial, comme la Compagnie des Alpes, Accor ou le Club Med, poursuit Benoit Robert. La Compagnie des Alpes, en exploitant la principale station de Sotchi, a pu se positionner en Chine et trouver des acteurs locaux capables de démultiplier sa capacité d'action, ajoute-t-il, expliquant que les entreprises françaises permettent aussi de valoriser la montagne française aux yeux des Chinois.

"La France n'est pas identifiée comme une destination montagne, comme elle l'est dans le domaine du luxe, pointe-t-il. Le moment actuel est une formidable opportunité de se développer en Chine tout en valorisant la montagne française."

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