Mi-juin, à l'Away Hostel, une vingtaine de blogueurs triés sur le volet participe à l'inauguration de cette auberge de jeunesse-coffe shop nouvelle génération située en plein cœur de Lyon. Une nuit complète, petit-déjeuner inclus, pour découvrir le lieu. "Les blogueurs nous permettent d'avoir un regard différent sur nos prestations, plus proche de l'expérience client", souligne Julien Routil, responsable de l'Away Hostel ainsi que du Slow Living Hostel.
Et il n'est pas le seul à être séduit par ce concept des blogueurs-communiquants. Un responsable d'une agence de communication, qui préfère rester discret, le souligne :
"Les marques nous demandent de plus en plus de faire intervenir des blogueurs."
Alors, ce qui au départ n'était que ponctuel est désormais devenu la norme. Preuve de l'importance du phénomène, on ne parle désormais plus de blogueur mais plutôt d'influenceur. Alors comment expliquer cette attirance des marques pour ces fameux influenceurs ?
Réseaux sociaux
Pour Julien Routil, l'importance des blogueurs, notamment sur les réseaux sociaux, lui permet de toucher plus facilement son cœur de cible, à savoir les 20-35 ans. Ce sont d'ailleurs des plateformes comme Facebook, Instagram ou plus récemment Snapchat qui ont permis l'émergence du cette relation entre marque et influenceurs.
La blogueuse lyonnaise MarieandMood confirme :
"La tendance s'exporte grâce au digital. Le blog n'est plus le seul support. On parle d'ailleurs parfois d'instagrameurs. Les marques commencent aussi à nous démarcher sur l'utilisation de Snapchat."
Depuis trois ans, la jeune femme poste régulièrement des photos de ses coups de cœur, vestimentaires, culinaires ou décoratifs.
Rémunération
L'intérêt des ces réseaux est qu'ils proposent une diffusion instantanée de l'information. Alors que dans la presse les délais sont parfois de rigueur, les blogueurs peuvent partager directement leurs impressions avec leur communauté. "Quand ils découvrent le produit ou se rendent à un événement, ils postent au même moment les commentaires", illustre le responsable d'une agence de communication lyonnaise. Désormais, il est pour lui impossible de dissocier relations presses et relations avec les blogueurs.
A Lyon, l'intérêt est d'autant plus grand que certains influenceurs ont une renommée nationale, voir internationale. Parmi eux, MarieandMood, mais aussi Zoe Basseto sont régulièrement citées.
Mais réputation ne signifie pas nécessairement rémunération. Sur ce plan, deux politiques s'opposent. "C'est la complexité du moment", résume un proche des influenceurs lyonnais.
"Nous considérons que dès lors que nous lançons des invitations de types relations publiques, ils ne sont pas rémunérés. Mais si c'est avec l'obligation de réaliser des contenus, alors il est normal qu'ils le soient", résume ce responsable d'une agence de communication.
Acte d'achat
Mais cette stratégie de communication fonctionne-t-elle ? Pour Céline Berne, créatrice de la marque L comme Lyonnaise, cela ne fait aucun doute.
"Quand MarieandMood poste une photo sur les réseaux sociaux avec un t-shirt Lyonnaise, je réalise des ventes."
L'influenceuse est d'ailleurs l'égérie de la marque, depuis la dernière campagne publicitaire réalisée en juin dernier. Pour l'entrepreneure lyonnaise, "comme média, les blogueuses ont leur importance."
Lire aussi : [Textile, la nouvelle génération 1/5] L comme Lyonnaise habille Lyon
Pour la toute jeune marque Païma, le constat est le même. Basée à Clermont-Ferrand, l'entreprise de produits de beauté naturels, a envoyé une vingtaine de kits à des influenceuses pour promouvoir leurs produits. Une stratégie complétée par une campagne de communication autour de la marque. Ce choix "nous a permis de déclencher des commandes dés l'ouverture de notre boutique en ligne", explique Pauline Orolhac, co-fondatrice de Païma. Cette dernière ajoute :
"Pour une jeune entreprise c'est forcément plus intéressant pour acquérir rapidement une notoriété solide, avec un budget moindre par rapport à un budget relations-presse".
Cependant, les différentes personnes interrogées ne souhaitent pas révéler le coût de leurs opérations de communication.
Choix
Mais encore faut-il bien choisir les influenceurs. "Ce choix est crucial et ne doit pas être fait au hasard", explique Pauline Orolhac. "Il ne faut pas se fier à un nombre d'abonnés. ll faut identifier et comprendre son univers puis évaluer l'engagement de sa communauté." Autrement dit, les like, les partages, les commentaires...mais aussi la spécialité du blogueur.
Tel est désormais le rôle des agences de communication qui ont opéré ce virage : identifier les blogueurs qui correspondent le mieux au message que le client souhaite faire passer, à la cible qu'il souhaite atteindre. "Nous faisons du repérage de blog, pour examiner leur potentiel ", explique le responsable d'une agence.
Par ailleurs, "plus on acquiert une communauté, plus on plait aux marques", complète MarieandMood. De fait, les marques sont intéressées par le transfert de communauté qui peut s'opérer lorsqu'un blogueur poste un commentaire sur son événement ou son produit.
Rapidité
Mais si la rapidité du partage est l'avantage de ce moyen de communication, il peut aussi être l'inconvénient comme le souligne Julien Routil :
"Nous ne leur donnons aucune consigne éditoriale, car pour nous, l'intérêt est d'avoir des contenus réalistes et pas uniquement publicitaires. Mais s'ils ne sont pas satisfaits de la prestation, cela peut aller vite."
Face à ces évolutions, les influenceurs ont tendance à se professionnaliser. Dans ce sens, MarieandMood aimerait à terme pouvoir vivre de son activité de blogueuse. "C'est un peu comme les sportifs qui deviennent consultants : ils transforment leur métier en compétence", souligne le responsable d'une agence de communication.
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