« On peut faire deux lectures de la Grande Odyssée, résume Henry Kam, le fondateur de l'épreuve. Sportivement, c'est la seule course de chiens de traîneau au monde qui se déroule en montagne. Et c'est aussi un événement unique en terme de communication.»

Les partenaires se lient à cette compétition pour être associés à son image, celle de 400 chiens de traîneau parcourant les Alpes du nord sur 1 000 kilomètres. L'Association Savoie Mont Blanc Tourisme, chargée de promouvoir le tourisme en Savoie et en Haute-Savoie, a obtenu d'adosser son nom à celui de l'épreuve, dénommée désormais la Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, en contrepartie d'un chèque de 120 000 euros. « Cela leur permet de transférer les valeurs de l'évènement sur leur nom », explique Henry Kam.

Attirer une clientèle différente

L'objectif affiché est de rejoindre une clientèle, pas forcément attirée par la pratique du ski, mais qui vient en station pour passer des vacances en famille. « Voir courir des chiens de traîneau dans de la belle neige, cela fait rêver les familles, illustre Henry Kam. Un sport doux, une activité de rêve pour les enfants... c'est cela que Savoie Mont Blanc Tourisme achète. »

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La Grande Odyssée, c'est aussi un autre support de relations publiques pour les entreprises. « Inviter ses clients à un match de foot, cela se fait souvent, poursuit Henry Kam. Mais venir assister à la Grande Odyssée au cœur de la course, c'est unique! Ça donne le frisson! ». Au total, la course peut ainsi s'appuyer sur un budget d'un million d'euros par édition. C'est du côté des stations de ski qu'Henry Kam a réussi son plus joli coup. Vendeuses de forfaits de remontées mécaniques, les stations de ski n'avaient visiblement aucun intérêt à accueillir une course de chiens de traîneaux, susceptible de perturber la vie en station.

Le pari de la semaine creuse

Au lancement de ce raid en 2005, Henry Kam organise l'épreuve durant la semaine la plus creuse de la saison de ski : la deuxième semaine de janvier. Ce choix s'est révélé gagnant au fil des années : les stations n'ayant rien à perdre en terme de fréquentation, elles ont joué le jeu pour tirer profit de l'image de la course, tout en améliorant leur remplissage.

Avec un ticket d'entrée de plusieurs dizaines de milliers d'euros, leur participation financière, ajoutée à celle de Savoie Mont Blanc Tourisme, représente 50% du budget de la Grande Odyssée. Mais l'accueil d'une étape leur garantit la venue d'une partie des 100 000 spectateurs que draine l'épreuve... et l'hébergement de la centaine d'organisateurs, d'invités et de mushers.

« Aujourd'hui, la station de Morillon (Haute-Savoie) voit son remplissage facilité par l'accueil d'une étape de la course », confie Dominique Plu, le directeur de l'Office de tourisme de Morillon. La station en a profité pour lancer l'Odyssée pour tous, une activité de chiens de traîneau proposée à des adolescents en situation de handicap. Durant plusieurs mois, ces jeunes de l'Institut médico éducatif Nous Aussi, situé à Cluses, ont suivi un programme de rencontre avec des mushers professionnels et des chiens de traîneau. Et le jour de l'étape de la Grande Odyssée à Morillon, les adolescents se sont transformés en mushers.

L'accueil de la Grande Odyssée permet à la station de Morillon de mettre en avant des valeurs recherchées par sa clientèle. « Notre public est ciblé, souligne Dominique Plu. La course de chiens de traîneau rejoint bien notre clientèle familiale. »

Gagner en notoriété

La station de Praz de Lys - Sommand (Haute-Savoie) ne voit aussi que des avantages à son partenariat avec la Grande Odyssée. « Pour nous, la Grande Odyssée, c'est avant tout des relations presse », affirme Laurence Girard, la directrice de l'Office de tourisme qui estime à une dizaine de milliers d'euros le budget de préparation du site en vue de la course (damage, etc.).

Et la station sait y faire pour s'assurer une couverture médiatique. Elle organise l'Odyssée des enfants, une compétition où des collégiens deviennent mushers, et elle verse pour cela 10 000 euros supplémentaires à la Grande Odyssée. « C'est l'Odyssée des enfants qui génère le plus de retombées médiatiques, que ce soit sur les chaînes nationales de télévision ou en presse spécialisée pour enfants », confie Laurence Girard. Avant ce partenariat avec la course « c'était très difficile d'exister, assure-t-elle. L'événement a un impact direct sur la fréquentation mais c'est un travail au long court. »