L'intelligence économique passée au crible

CCI France s'apprête à lancer une enquête d'ampleur nationale sur la prise de conscience de l'intelligence économique dans les entreprises.
Pour le colonel Xavier Guimard, les entreprises doivent s'emparer de l'enjeu de l'intelligence économique.

Des enquêtes annuelles sont déjà menées dans certaines CCI, comme dans la Drôme ou en Bretagne. Mais CCI France entend généraliser cette démarche, indique Philippe Clerc, conseiller en intelligence économique internationale à CCI France et président de l'Association internationale francophone d'intelligence économique, en marge du Sommet de l'Intelligence Économique et de la Sécurité de Chamonix (Haute-Savoie).

Une préoccupation pour une entreprise sur deux

La quatrième enquête annuelle menée par la CCI de la Drôme en 2014 montre que 28,4 % des entreprises répondantes intègrent déjà l'intelligence économique dans le management de l'entreprise. Et 25,9 % autres sociétés disent être intéressées à mettre des actions en place.

L'étude montre ainsi qu'une entreprise drômoise sur deux se sent concernée par cet enjeu, dans un tissu industriel essentiellement constitué de PME. Or, « l'entreprise qui ne fait pas de veille stratégique sur ses clients se met à risque de rencontrer des difficultés supplémentaires sur ses marchés, de rater des opportunités, et même de mettre en jeu sa survie, affirme Philippe Clerc. Connaître ses axes de développement, savoir où la PME va dans les deux ou trois ans, cela signifie mobiliser de l'information. »

La généralisation de cette enquête à toutes les CCI doit permettre de dresser un portrait plus complet de la prise de conscience de l'enjeu de l'intelligence économique dans les entreprises, souligne M.Clerc.

« On ne peut pas ne pas être repéré »

Alors que les grandes entreprises, qui disposent de services dédiés à la veille et à la sécurité, les PME mettent peu de moyens sur ces enjeux. « Elles imaginent naïvement qu'elles sont noyées dans la masse, illustre Michel Arditti, consultant chez Securewyse, une société suisse spécialisée en intelligence économique et stratégique. Mais aujourd'hui, des robots récupèrent toutes les informations possibles, sans faire de distinction entre les grands groupes et les petites entreprises : on ne peut pas ne pas être repéré! »

Pour M.Arditti, la prise de conscience de l'enjeu est déjà un grand pas. « Cela demande un effort important de comprendre qu'on a changé de paradigme : il faut vivre en protégeant ce qui doit l'être face à des attaques inévitables, explique Michel Arditti. Mais la protection en tant que telle n'est pas forcément coûteuse. »

Se renseigner sur son environnement

L'enquête de la CCI de la Drôme montre que les entreprises ayant intégré l'intelligence économique à leurs pratiques s'intéressent avant tout à obtenir des informations sur leurs concurrents et sur leurs marchés. Les autres intérêts principaux sont tournés vers la connaissance de leurs clients et des aspects juridiques et normatifs.

Les outils utilisés pour mener cette veille sont l'accès à des sites Internet gratuits (81 %), à la presse (80 %) et aux organisations professionnelles (75 %). À peine une entreprise sur deux active en veille (48 %) accepte de payer pour accéder à des sites Internet lui procurant des informations sur son environnement.

Pour savoir quoi protéger et quelles informations aller chercher, les dirigeants de PME doivent analyser ce qui représente de la valeur pour eux, suggère le colonel Xavier Guimard, Sous-directeur chargé des technologies de la sécurité intérieure à la Gendarmerie nationale. « Quand on garde trop le nez dans le guidon, on finit par en mourir, prévient-il. Regardez Kodak : ils ont inventé l'appareil numérique... sans en tirer profit. »

Parfois, la veille stratégique commence par se faire connaître de son député... qui pourra ultérieurement venir entendre ce qu'en pense l'entreprise lorsqu'un projet de loi touchera son secteur d'activité, illustre le colonel Guimard.

« Faire de l'intelligence économique, ce n'est pas jouer les barbouzes, cela se fait dans la légalité : comprendre son environnement, savoir comment une norme peut influencer un marché...», conclut l'officier de gendarmerie.

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