French Fab : comment ce nouveau mouvement veut fédérer l'industrie française

Annoncée il y a près d’un an par le directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq, la French Fab doit compléter les lacunes de la French Tech en mettant l’excellence industrielle française à l’honneur. Positionnement, protagonistes, missions…Acteurs de l'économie - La Tribune révèle en exclusivité les premiers éléments de la structuration de ce mouvement, qui devrait aboutir à l’automne. En attendant, tout le monde s’affaire, notamment en région, où certains travaillent déjà à sa transposition.
Le logo de la French Fab

Il y a eu la French Touch, puis la French Tech. Voici maintenant la French Fab. Imaginée l'année dernière au retour du CES de Las Vegas par Bpifrance et le Mouvement des ETI (METI), la French Fab veut réaliser avec l'industrie ce que la French Tech a réussi avec les startups : fédérer les acteurs, porter l'excellence française en France et à l'international, et créer la passerelle parfois manquante entre innovation et production.

"Nous voulons promouvoir la façon française de faire de l'industrie, la créativité de ses ingénieurs et l'excellence de son tissu d'entreprises - de la PME aux grands groupes - pour relancer l'attractivité du savoir-faire industriel français à l'étranger", précise Patrice Begay, directeur exécutif communication et Bpifrance Excellence.

Un relais de la French Tech

Mais la French Fab se conçoit également comme le relais de la French Tech. "Les startups apportent l'innovation. Leur problème, c'est l'accès au marché. Les ETI peuvent être ce canal d'accès, estime Elizabeth Ducottet, présidente du METI et PDG de Thuasne basée à Saint-Etienne. Il y aura une complémentarité de position entre French Tech et French Fab".

Pour ce faire, le mouvement s'appuiera notamment sur la thématique de l'usine du futur pour laquelle la France apparaît en pointe : objets connectés, digitalisation, big data, design, intelligence artificielle...et sur des secteurs tels que la robotique ou l'automobile.

"La French Fab doit devenir un dispositif de ralliement qui engage ses acteurs à penser de façon écosystémique", complète Alexandre Montay, délégué général du METI.

Une structuration en cours

Si le lancement officiel de cette "marque communautaire" n'est prévu que le 12 octobre lors du BIG (Bpifrance Inno Génération), l'initiative s'est déjà trouvé un logo : un coq bleu calqué sur celui de la French Tech. Pour l'instant, rien n'a filtré sur l'organisation que pourrait prendre la French Fab, mais, en coulisse, elle se structure. Les grandes manœuvres ont d'ailleurs commencé la semaine dernière avec la réunion d'une douzaine de mouvements qui porteront l'initiative. Parmi eux : Le GFI (Groupe des fédérations industrielles), la Fim (Fédérations des industries mécaniques), la CPME, le Meti, le Gimelec, le Symop, la fédération Syntec, le Cercle de l'Industrie, Bpifrance et des acteurs institutionnels tels que les Régions, Business France et la Direction générale des entreprises.

"La French Fab est une démarche fondamentalement collective que nous voulons aussi virale, aussi ouverte que la French Tech", assure Fanny Letier, directrice exécutive Fonds Propres PME & Coordination Accompagnement de Bpifrance.

Contrairement à sa grande sœur dédiée aux startups, la French Fab ne fera toutefois pas l'objet d'une mission au sein du ministère de l'Economie. Au cabinet de Christophe Sirugue, secrétaire d'état chargé de l'Industrie, du Numérique et de l'Innovation, on voit néanmoins d'un très bon œil la structuration d'un tel mouvement.

Selon Bpifrance, plusieurs tâches pourraient même lui être dévolues : conseil, organisation de missions à l'internationales, structuration de la continuité des financements...

S'ancrer dans les territoires

Mais pour fédérer l'ensemble des acteurs, Fanny Letier est convaincue que cette démarche doit être portée par les entrepreneurs en régions : "si l'on veut créer un véritable écosystème industriel, il faut un ancrage de la French Fab dans les territoires". La banque publique veut notamment utiliser les réseaux locaux qu'elle a su constituer avec son programme Bpifance Excellence, mais aussi avec les 23 entreprises de la première promotion de son Accélérateur ETI.

Plusieurs régions devraient rapidement se structurer. En Auvergne-Rhône-Alpes, l'initiative pourrait s'appuyer sur Pascal Nadobny, vice-président des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) et président de l'ETI Addev, spécialisée dans la fabrication d'isolants électriques et de films techniques. Les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Pays de la Loire sont également évoquées par la direction de Bpifrance.

Une Normandy French Fab dès cet été

Mais le territoire le plus avancé est sans conteste la Normandie, où deux entrepreneurs ont très rapidement pris les choses en mains : Jean-Louis Louvel, fondateur du groupe PGS et président de Rouen Normandy Invest, ainsi que Pierre-Jean Leduc, président du Medef de l'Eure et dirigeant de Dedienne Multiplasturgy Group. Des contacts ont déjà été noués avec la Région, présidée par l'ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, Hervé Morin, et avec plusieurs acteurs locaux que la démarche pourrait fédérer. Une Normandy French Fab, en lien étroit avec la Normandy French Tech, pourrait ainsi voir le jour dès cet été et au plus tard à l'automne.

In fine, si la stratégie d'essaimage de la French Fab est assez proche de celle adoptée en son temps par la French Tech, elle diffère cependant sur un point : elle fait la part belle aux régions et non aux métropoles.

"La French Fab s'intéresse aux PME, aux ETI et aux grands groupes industriels. Or les deux premières catégories sont souvent sises en dehors des métropoles. De plus, contrairement aux écosystèmes de startup, les écosystèmes industriels sont plutôt d'échelle régionale."

Pour Pierre-Jean Leduc, c'est simplement une question de cohérence territoriale.

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