Sillia VL illustre le pari économique de l'industrie photovoltaïque

L'entreprise bretonne qui a reçu l'unité solaire de Bosch à Vénissieux, dans le Rhône, est confrontée à des tensions de trésorerie depuis mai 2015. Bruno Cassin espère conclure, à la fin du mois, un lease-back sur le parc de machines et faire entrer 5 à 6 millions d'euros (net) dans les caisses. Cette première étape représente la moitié de la somme nécessaire pour assurer un projet pérenne, symbole d'une industrie spécifique qui se cherche encore.

La chose est sue depuis des mois. Sillia VL, le repreneur de l'usine solaire de Bosch à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, cherche entre 11 et 13 millions  d'euros d'argent frais. Bruno Cassin, PDG du groupe normand Sillia/Elvia espère conclure, à la fin du mois de novembre, un contrat de lease-back (vente avec location) du parc de machines de l'unité lyonnaise en faisant entrer dans les caisses quelque 5 ou 6 millions d'euros selon nos informations*.

"Nous mettrons ainsi le pied à l'étrier pour aller chercher le reste du financement. Cette première étape nous aidera à court terme mais le projet est global", insiste-t-il.

Le complément devra être assuré par une augmentation des fonds propres et des concours bancaires que Bpifrance pourrait garantir à un niveau élevé. Pour rappel, dans l'usine inaugurée début 2012, et présentée alors comme la plus moderne et plus importante de France, Bosch a investi 25 millions d'euros.

La subvention Bosch consommée en moins d'un an

Bruno Cassin ne fait pas mystère des tensions de trésorerie de Sillia LV depuis mai 2015. De fait,la société a consommé très rapidement après la reprise (en juin 2014) les 9 millions d'euros de subvention d'équilibre versés par Bosch pour combler, à l'origine, les pertes prévisionnelles des trois premiers exercices.

"Nous avons connu un démarrage compliqué pour des causes multiples. Nous nous sommes retrouvés face à des monceaux de difficultés",se défend Bruno Cassin.

Les 9 millions d'euros ont largement servi à payer les salaires en la quasi absence d'activité pendant cette période.

Objectif : 4 000 panneaux par semaine

Aujourd'hui, l'aspect commercial s'est nettement amélioré du fait des appels d'offre de la commission de régulation de l'énergie : CRE 2 et CRE3 dont la mise en production des commandes a démarré en septembre dernier.

"Nous avons encore quelques problèmes résiduels de productivité et de coût", observe Bruno Cassin.

Toutefois il assure que l'objectif des 14 000 panneaux photovoltaïques par semaine garantissant le point d'équilibre, est presque atteint. Ce volume inclut l'unité historique de l'entreprise à Lannion, en Bretagne, employant 45 salariés.

Christian Marcuola, de la CFDT, nuance :

"Il manque 30 000 panneaux sur les 3 derniers mois de l'année pour arriver au seuil d'équilibre. Et les stocks achetés par Urbasolar (un des actionnaires et partenaires ) s'accumulent dans les trois entrepôts".

Pacte social

Dans ce contexte, les partenaires sociaux s'inquiètent de plus en plus. Ils veulent assurer les arrières des 130 salariés. Pour se faire la CFDT a lancé l'idée d'élaborer un pacte social "en totale concertation avec l'ensemble du personnel". Et ils se sont entretenus de leur projet avec Bruno Cassin, vendredi.

Ce pacte entend anticiper les deux hypothèses : Soit "la recherche de financement n' aboutit pas", soit "les investisseurs et banques soutiennent le projet Sillia sous la pression des pouvoirs publics".

Lire aussi : Photovoltaïque : la CFDT alerte François Hollande sur la situation de Sillia VL

Dans ce dernier cas "les salariés dont la méfiance a été mise à mal élaboreraient une série de revendications", précise Christian Marcuola. "Nous en sommes à l'ébauche. Nous allons établir une sorte de questionnaire avec des points précis de demandes de garanties".

L'échéance du 17 juin 2017

Tous les employés ont en ligne de mire l'échéance du 17 juin 2017. Jusqu'à cette date, en cas de faillite de Sillia VL, les ex Bosch licenciés percevront les mêmes indemnités et primes que s'ils faisaient toujours partie des effectifs de la firme germanique.

Lire aussi : Bosch, la fureur de (sur)vivre

De sources syndicales cette dernière aurait provisionné 19 millions d'euros à cet effet. Bruno Cassin assure avoir longtemps ignoré l'existence de cette "clause" qui agite naturellement les esprits.

"Cette date n'est pas tabou mais ce n'est pas moi qui l'ai fixée, observe Bruno Cassin. Notre capacité à envisager un vrai futur pour l'entreprise comporte trois volets : commercial, financier et social. Je me bats pour relever ce défi et mobiliser tout le monde".

Dans le département voisin de l'Isère Photowatt, basé à Bourgoin-Jallieu, est lui au chaud, depuis 2013, dans le giron de son puissant propriétaire EDF ENR qui le renfloue.

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