Le salut de Zilli, marque lyonnaise de vêtements masculins haut de gamme, est suspendu à une recapitalisation par un tiers extérieur. Laurent Schimel, directeur général, a dit sa préférence pour un fonds d'investissement, plutôt qu'un industriel, "d'une culture proche de la nôtre".

Selon nos informations un processus de "dataroom" aurait été engagé avec un investisseur potentiel, basé à Londres, lui donnant ainsi accès aux informations financières et économiques de l'entreprise. Le dirigeant chiffre  à "15 millions d'euros" l'apport nécessaire.

La famille Schimel, propriétaire à 100 % de l'entreprise fondée il y a 51 ans par Alain Schimel (président), souhaite "idéalement" conserver la majorité des actions, tout au moins dans un premier temps. Les négociations vont s'intensifier d'ici au 28 février 2017, fin de la période d'observation de six mois fixée lors du placement en sauvegarde judiciaire, le 30 août dernier.

36 postes supprimés en France

Dans l'intervalle, le tribunal de commerce de Lyon a donné rendez-vous à Zilli, le 7 novembre prochain. "Il s'agit d'un point d'étape", précise Laurent Schimel.

"Au cours de cette audience nous présenterons un état des lieux et des perspectives", explicite Bruno Sapin, administrateur judiciaire, aux côtés de l'entreprise depuis fin avril 2015.

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Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) s'imposait pour ajuster les effectifs au repli des ventes : chute de 29,6 % de l'activité à fin juin 2016 correspondant aux huit premiers mois de l'exercice 2015/2016.

Le PSE validé le 13 octobre dernier, par la Dirrecte (Etat), après accord majoritaire par les partenaires sociaux, concerne "28 licenciements en France, dont 10 dans l'atelier de Lyon". En ajoutant les 8 personnes non remplacées, départs à la retraite notamment, 36 postes seront supprimés sur un total de 175. Le fabricant avait déjà dû procéder à 8 licenciements économiques, l'été 2015. En Italie, est également envisagée une réduction du personnel de 20 à 25 % parmi les 40 employés de l'unité de chemises.

60 millions de chiffre d'affaires

Les 40 millions d'euros nets obtenus de la vente d'actifs  (en particulier les murs de la boutique amirale François 1er et du magasin homme de Monaco) ont servi à apurer partiellement les créances et à donner de l'oxygène à la trésorerie. D'autres cessions de patrimoine se sont poursuivies ou sont en cours. A fin juin 2016 l'endettement total ressortait à 37,9 millions versus 72,5 millions un an plus tôt.

Quant au chiffre d'affaires, au 31 octobre prochain (clôture de l'année) il avoisinera 60 millions à l'échelle du groupe dont 44 millions d'euros (61,7 millions en 2015) pour les Ets Zilli. Et l'exploitation de ces établissements sera encore déficitaire, autour de 6 millions (au niveau de l'Ebitda) pour la deuxième année. Toutefois, l'équilibre financier est anticipé dès février 2017.

Partenariats stratégiques

Au-delà de la réduction des charges à tous les niveaux, le plan de redressement s'appuie sur un  redéploiement commercial reposant sur des partenariats stratégiques. Il en va ainsi du récent contrat de distribution signé pour dix ans à Moscou avec le groupe Mercury qui s'est engagé à ouvrir 5 magasins à enseigne d'ici à fin 2017 dans la capitale russe. D'autres accords devront être noués, notamment, en Asie, au Moyen-Orient ou encore aux Etats-Unis,  pays où Zilli est insuffisamment présent. Le groupe possède en propre 2 boutiques à New-York et Washington et dit avoir abandonné son ambitieux projet en Floride. A Londres où les affaires de sa boutique marchent bien, la marque annonce l'extension de son corner chez Harrods. Elle mise aussi sur les duty free des aéroports : ouverture prévue à Nice en 2017 et candidature déposée à Abu Dhabi.

Modèle économique

Dans un marché du luxe qui semble avoir du mal à redécoller, Zilli pourra t-il conserver son modèle économique ?

"C'est essentiel. Nos clients sont encore plus exigeants et ne comprendraient pas que nous leur imposions des délais de livraison", certifie Laurent Schimel.

Ce qui implique donc des stocks qui pèsent lourd dans les bilans.