Pourquoi Philips Lighting cessera de produire en France

Le fabricant mondial d'éclairage fermera ses deux dernières usines hexagonales, à la Motte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher et à Miribel dans l'Ain, courant 2017. Ce projet de restructuration a été formellement présenté en début de semaine aux représentants du personnel. Coûts de production trop élevés en France, baisse de la demande et concurrence internationale justifient, selon la direction, ces délocalisations. 230 emplois sont menacés.
Les salariés de l'usine de la Motte-Beuvron se sont rendus à Orléans le 1er septembre pour interpeller le Président de la République sur leur situation.

Philips Lighting, filiale du géant hollandais Royal Philips, arrêtera ses dernières activités de production en France, courant 2017. Ce projet de restructuration, dévoilé lors d'une réunion informelle le 24 août, a été présenté, de façon formelle, au comité central d'entreprise de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine le 2 septembre, et aux comités d'entreprise des deux sites concernés, respectivement lundi 5 et ce mardi. Au total 230 emplois sont menacés : 89 dans l'usine de la Motte-Beuvron dans le Loir-et-Cher, condamnée, et 139 sur le site de Miribel, dans l'Ain qui emploie 260 personnes.

"Les 121 salariés, techniciens et ingénieurs, du centre d'innovation ne sont pas touchés. Le centre de démonstration fait d'ailleurs l'objet d'investissements en cours", précise Christophe Bresson, porte parole de la direction de Philips Lighting France.

Marché très concurrentiel

Le site de la Motte-Beuvron est spécialisé dans l'éclairage intérieur à l'intention des commerces, notamment. Celui de Miribel se consacre aux luminaires extérieurs, urbains en particulier. Ces fabrications sont appelées à être transférées en Hongrie (pour l'éclairage intérieur) et en Espagne, Danemark et Pologne pour celles de Miribel.

"Une partie de ces productions sera également abandonnée", souligne Christophe Bresson. Et d'expliquer le contexte :

"Aujourd'hui le marché de l'éclairage subit une profonde mutation, de l'éclairage conventionnel à l'éclairage LED. Cette technologie qui représente plus de la moitié de notre production est très concurrencée. Nous voyons arriver des acteurs qui n'existaient pas, de nouvelles sociétés et des produits achetés en Asie. Nous avons déployé des efforts d'adaptation ces dernières années, mais la demande est trop faible et les coûts de production trop élevés en France".

Recomposition de la chaîne de valeur

Le site de Miribel dépend beaucoup des investissements publics qui se sont repliés de "20 % entre 2013 et 2015 et nos volumes produits dans cette unité ont diminué de 68 % entre 2010 et 2016", selon Christophe Bresson. Quant aux coûts de "ils sont 3 fois inférieurs en Espagne, par rapport à la France, et 9 fois quand il s'agit de la Pologne", assure-t-il.

Dans une note d'analyse datée d'avril 2016, le cabinet Xerfi confirme que l'avènement des LEDs transforme l'écosystème de production. "Connectables et par conséquent pilotables et intelligents, ils offrent de nouvelles possibilités de services par leur intégration dans la smart city et la smart home", précise la synthèse. Et cette évolution entraîne "une recomposition de la chaîne de valeur et de profondes modifications du business model des acteurs et un bouleversement du paysage concurrentiel".

Pétition sur Facebook

Chez Philips Lighting, les négociations avec les partenaires sociaux se prolongeront sur 3 mois.

"Nous lancerons un plan de départs volontaires, en cours de discussion. Nous mettrons en place des mesures d'accompagnement à la mobilité interne et externe", promet le porte-parole.

Et ce membre de la direction assure que le volet financier prévisionnel inclut des primes extra-légales en sus des primes légales. Du côté des représentants du personnel, on refuse de mettre de l'huile sur le feu :

"Tous les syndicats font front afin que le dossier avance le mieux possible pour les salariés", témoigne Robin Fritel, secrétaire général CFTC du comité central d'entreprise (CCE), contacté par Acteurs de l'économie-La Tribune

"Nous ne nous attendions pas à la fermeture du site", s'exclame toutefois Nathalie Lambert, secrétaire adjointe du CE de La Motte-Beuvron.

Et le personnel des deux usines menacées ont réagi en publiant sur Facebook une pétition de "soutien aux salariés trahis par Philips".

Une société autonome

Après avoir tenté de vendre sa division éclairage, l'industriel hollandais l'a introduite à la bourse d'Amsterdam, en mai dernier. Cette société, Philips Ligthing, devenue autonome en février dernier, compte 36 000 collaborateurs dans le monde dont un millier en France et a publié 7,5 milliards de chiffre d'affaires 2015.

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Commentaires 3
à écrit le 12/11/2016 à 9:10
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C'est vraiment dommage de voir une entreprise comme Philips arrêter ses productions en France sous prétexte de Salaires trop élevés en France ! A qui la faute ? Aux dirigeants de Philips, non, la faute est multiple et elle est déjà en premier imput...

à écrit le 07/09/2016 à 19:44
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@ BONSOIR : Ne paniquez pas.... ne paniquez pas la gauche bourgeoise est au pouvoir après avoir démoli le code du travail les acquis sociaux HOLLANDE et sa clique s'empresse de faire plaisir au patronat M. GATTAZ est enchanté du soutien que lui...

à écrit le 07/09/2016 à 18:57
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Les pétitions sur facebook ne donneront rien, les décideurs n'en ont rien à foutre, rien ne vaut les manifestations, mais c'est plus fatiguant c'est sûr...

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