Peau reconstruite  : l'impression 3 D, c'est déjà une réalité

A l'image de la startup lyonnaise LabSkin, l'impression 3D de peau se généralise. Cette technologie intéresse particulièrement l'industrie cosmétique. L'Oréal et BASF qui fabriquent des substituts cutanés ont passé des partenariats stratégiques avec des jeunes pousses spécialisées dans la bioimpression.

Produire de la peau artificielle en recourant à la technologie de l'impression tridimensionnelle, c'est possible. La jeune pousse lyonnaise LabSkin Créations, fondée en juin 2014, commence à proposer cette méthode à certains de ses clients, les plus en pointe, de l'industrie cosmétique.

"C'est un gain de temps énorme, particulièrement apprécié en cosmétique où les laboratoires sont toujours pressés", met en avant Amélie Thépot, qui dirige cette société de prestation de services. "Nous testons l'efficacité d'ingrédients et de produits cosmétiques sur des modèles de peaux reconstruites sur mesure".

Un brevet partagé

Ce défi de l'impression 3 D, LabSkin l'a relevé avec son partenaire 3d FAB, une plateforme dédiée à l'impression 3D à partir de cellules vivantes et installée à l'Université Lyon 1.

"C'est le résultat d'une collaboration à 50/50, chacun avec son expertise. Nous détenons ensemble la propriété du brevet déposé l'an dernier", explique la dirigeante de LabSkin, docteur en biologie cellulaire.

Le procédé consiste à utiliser une cartouche remplie d'un cocktail fabriqué sur mesure associant à des cellules de peau humaine une bioencre dont la recette est gardée secrète. "Nous faisons une peau complète, derme et épiderme, en 21 jours au lieu de 45 jours avec la méthode habituelle de culture in vitro".

Hébergée à l'hôpital Edouard-Herriot et travaillant en étroite collaboration avec la banque des tissus et des cellules des Hospices Civils de Lyon, la jeune société, fondée en juin 2014, emploie aujourd'hui 5 collaborateurs et prévoit un doublement des effectifs à deux ans.

Organov, Poietis

C'est également pour accélérer et automatiser la production d'échantillons de peau que la filiale américaine de L'Oréal a conclu un partenariat avec Organov, startup californienne, spécialisée dans la bioimpression, en mai 2015. Le géant français de la cosmétique possède à Lyon le centre EpisKin qui produit plus de 100.000 unités de substituts cutanés.

De son côté, et dans la même optique, la division Beauty Care Solutions du chimiste allemand BASF a signé un accord stratégique avec Poietis, jeune société bordelaise spécialisée dans l'impression laser (4 D), mi-2015. Fournisseur de principes actifs pour les soins de la peau (80 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 66 à partir de la France), en particulier, la firme allemande est présente dans l'ingénierie cutanée depuis l'acquisition en 2006 de Coletica, une société lyonnaise.

Neuf modèles de peau

Ces substituts cutanés, cultivés in vitro à partir de fragments de peau sécurisés récupérés de la chirurgie plastique, BASF les utilise pour ses propres besoins en amont de la mise au point des ingrédients pour les soins de la peau et aussi  pour comprendre les mécanismes et démontrer l'efficacité des produits de beauté.

Le centre de R & D lyonnais, qui emploie 24 personnes a développé neuf modèles adaptables à la demande répondant à la plupart des problématiques cutanées.

L'un des plus récents teste l'efficience de principes actifs sur le vieillissement de la peau sachant qu'avec l'âge elle se fragilise et se déshydrate. Le dernier né permet de reproduire la diversité de la flore cutanée. "Il s'agit de mieux comprendre les interactions entre les germes afin de développer des ingrédients anticipant ou corrigeant d'éventuels déséquilibres", explique Bertrand Shom, responsable de recherche.

Odile Damour

Le brevet historique est né en 1987 dans le laboratoire de Odile Damour (HCL/CNRS), qui a réussi à créer un substrat destiné aux grands brûlés.

"Nous avons cru en ce modèle pour évaluer nos actifs et nous avons pris une licence. Il a fallu huit ans pour développer en interne un derme associé à un épiderme. Ce modèle de départ, le Mimeskin, nous l'avons fait beaucoup évoluer. Et nous avons le portefeuille de peaux reconstruites le plus large au monde", assure Valérie André, responsable de recherche.

Objectif : mettre au point les principes actifs les plus efficaces pour tous les segments de la beauté.

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