L'industriel américain Hexcel présentait ce jeudi le projet "Lindbergh" de construction de sa nouvelle usine de fabrication de fibres de carbone de 15 hectares, installée à Roussillon, sur la plateforme chimique Les roches. Comme nous le révélions en septembre 2014, cette nouvelle unité, fruit d'un investissement de 200 millions d'euros, créera 120 emplois directs et 250 indirects. Le recrutement des collaborateurs est en cours. Les pouvoirs publics, déjà très actifs pour convaincre l'industriel de s'installer sur ce territoire, aideront à la formation à hauteur de 2 millions d'euros.

Logique de filière

L'implantation de cette usine permettra la « création d'une filière complète du carbone et matériaux composites en Rhône-Alpes, depuis son précurseur en passant par la fibre de carbone jusqu'au tissage et en renforts imprégnés, entraînant de nouveaux développements », estime Thierry Merlot, vice-président et directeur général d'Hexcel.

En effet, la nouvelle entité accueillera une ligne de production du précurseur polyacrylonitrile (PAN), issu du pétrole et de composants acryliques, et constitue la matière première de la fibre carbone. Cette dernière sera ensuite élaborée sur ce même site. L'étape de production du PAN était jusqu'alors absente de la chaîne de production de l'entreprise en Rhône-Alpes, essentiellement assurée jusqu'alors aux États-Unis. Pour le reste de la filière, le groupe possède déjà un site de tissage du carbone aux Avenières (Isère) et un site d'imprégnation de nappes et de tissus de carbone à Dagneux (Ain).

Bénéfice pour l'écosystème des matériaux composites

Cette intégration verticale pourrait profiter aux autres acteurs du secteur rhônalpins. « Nous travaillons en majorité avec des matériaux d'Hexcel. Cette nouvelle unité de production, désormais installée en France, renforce la gestion des risques liée à l'approvisionnement », analyse un cadre de l'entreprise Duquesne. Pour Porscher Industrie, autre fleuron mondial des matériaux composites, cette installation offre plusieurs opportunités :

« Cela nous donne accès, à proximité de nos lieux de production, à une matière première de qualité. La proximité joue sur la compréhension et la connaissance du produit, puis sur sa mise en œuvre et sa modification », détaille Henri Brosse, président du conseil exécutif de Porcher Industries.

L'implantation d'Hexcel pourrait également permettre un accroissement de l'activité de l'ensemble des acteurs du secteur.

Dynamisme du marché de l'aéronautique

L'industriel américain justifie l'implantation de cette unité de production par la forte croissance à venir du secteur de l'aéronautique, son principal marché. « D'ici 2020, l'objectif est de réaliser un chiffre d'affaires de 3 milliards de dollars (contre 1,86 milliard de dollars en 2014, NDLR) », explique Thierry Merlot. Hexcel travaille en étroite collaboration avec plusieurs poids lourds du secteur, comme Boeing, Safran ou Airbus. Pour ce dernier, l'entreprise va fortement contribuer à la construction du nouvel appareil, l'A350 XWB, composé à 53 % de matériaux composites.

De nouveaux investissements à venir

L'Américain souhaite encore investir 200 millions d'euros sur le site de Roussillon, une somme qui devrait être débloquée à partir de 2018. Ce nouvel effort dépend de plusieurs facteurs :

« Il faut s'assurer que le transfert de technologie des États-Unis vers la France soit efficace, que le marché soit toujours en croissance, explique Thierry Merlot. Et surtout, que cette usine soit aussi rentable que les autres du groupe. »

Sur les autres sites de production de l'industriel, la rentabilité tourne autour de 15 %. Si les signes sont bons, les investissements sur le site du Roussillon pourraient même être avancés, afin de préparer au mieux le terrain.

En attendant, Hexcel, qui emploie 5 300 personnes dans le monde, a confirmé son investissement de 20 millions d'euros sur les deux autres sites rhônalpins, avec notamment la construction d'un nouveau bâtiment sur le site des Avenières, pour fin 2015, et la mise en place d'une nouvelle ligne de pré-imprégnation à Dagneux.