Trimet fête son redressement productif

Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, est venu célébrer le redémarrage d'une des deux unités de production de l'usine d'aluminium Trimet à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), samedi. Le site avait été repris par le groupe allemand en décembre 2013, après avoir été menacé de fermeture par RioTintoAlcan, son ancien propriétaire.
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron est venu fêter la relance de Trimet samedi. Crédits : Laurent Cerino

Dans la cour de l'usine Trimet de l'usine de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie); on célébrait ce samedi l'union franco-allemande. Un camion de bière venu spécialement de la ville d'Essen (où Trimet a déjà sauvé une autre usine d'aluminium de la fermeture, ndlr) offre des pintes de bière aux invités. Juste à côté, une véritable kermesse en plein air est organisée, proposant notamment aux enfants de réaliser des dessins sur le thème de l'amitié franco-allemande.

Une ambiance de kermesse

À l'intérieur aussi, Français et Allemands se congratulent. Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron et le président du groupe Trimet, Heinz-Peter Schlüter, appuient ensemble sur le bouton qui symbolise le redémarrage de l'unité de production. Plus tard, M.Schlüter conclura la cérémonie sur scène, entouré de musiciens employés du groupe allemand, en interprétant lui-même des chansons populaires françaises...en français.

Ironie de l'histoire, c'est après avoir critiqué la politique économique allemande de la chancelière Angela Merkel qu'Arnaud Montebourg a perdu son poste de ministre de l'Économie il y a deux semaines. Et c'est aussi lui qui, alors ministre du Redressement productif, avait travaillé à la reprise de l'usine par Trimet. "Je ne suis pas venu récolter les fruits du travail d'un autre", a rappelé Emmanuel Macron, avant de se déclarer aussi "favorable" au volontarisme de l'État que son prédécesseur.

Après avoir successivement appartenu à Péchiney puis à RioTintoAlcan, l'usine d'aluminium de Saint-Jean-de-Maurienne avait été reprise à 65 % par le groupe allemand Trimet et à 35 % par EDF, en décembre 2013.

100 millions d'investissement sur trois ans

Le plan de reprise prévoyait des investissements de 100 millions d'euros sur trois ans pour faire retrouver à l'usine son niveau de pleine production. En effet, en 2009, RioTintoAlcan avait arrêté une des deux séries de production d'aluminium, représentant 60 des 180 cuves d'électrolyse du site. Un plan social avait conduit au départ de 140 salariés, et le site se dirigeait vers la fermeture.

Trimet 3

Crédit: Laurent Cerino/Acteurs de l'économie

La première étape du plan de reprise visait à relancer cette série de production, en injectant 40 millions d'euros dès 2014. Du coup, l'usine est en train de retrouver un niveau de production plus en rapport avec ses capacités. "Il y a un an, nous produisions 260 tonnes d'aluminium par jour", précise Loïc Maenner, le directeur des opérations de Trimet France. "Aujourd'hui, nous en sommes à 340 tonnes, et nous visons 400 tonnes à la fin de l'année".

Un grand soulagement

Sur place, les employés de l'usine ne cachent pas leur "grand soulagement". "Parce que nous avons vécu trois années très difficiles", affirme Yves Largeron, délégué CFDT de l'usine. Le représentant syndical rappelle que l'usine avait vu partir 140 salariés au cours d'un plan social du temps de RioTintoAlcan. "Depuis, l'entreprise n'investissait plus dans l'outil de production", dit-il, en se félicitant de revoir l'entreprise impliquée dans un projet industriel à long terme.

Mais le délégué CFDT s'attend à ce que la direction de l'usine renégocie certains acquis, afin de faciliter le retour à la rentabilité, et ainsi justifier les investissements réalisés.

"La durée de travail pourrait ainsi passer de 34 à 35 heures par semaine, ce qui risque de remettre en cause la semaine de quatre jours pour certains, et de supprimer des jours de RTT pour les salariés postés".

Des sous traitants satisfaits

Du côté des sous-traitants, l'heure est aussi au soulagement. Trimet représente 30 % de l'activité locale de Clauser, une entreprise de maintenance de cuves d'électrolyse qui emploie 78 personnes sur son site de Saint-Jean-de-Maurienne. Quand on lui demande ce qui se serait passé faute de repreneur, Jean-Marc Clauser, le patron du groupe éponyme, fait la grimace.

De toute façon, Jean-Marc Clauser dit n'avoir jamais cru à la fermeture de l'usine : "un bel outil de travail, utilisant la meilleure technologie". Le sauvetage de l'usine a fait croître de 15 % l'activité locale de Clauser, notamment pour préparer les cuves d'électrolyse de la série de production qui a été relancée, explique Jean-Marc Clauser. "Nous avons embauché 14 personnes", précise-t-il. Au total, l'usine représenterait 1500 emplois indirects, selon des chiffres donnés par Trimet.

Le soulagement est aussi de mise pour EDF, qui a pris une participation dans l'entreprise tout en signant un nouveau contrat d'approvisionnement pour les dix prochaines années. La fermeture de l'usine aurait signifié la perte d'un client significatif pour le producteur d'énergie, puisque l'usine savoyarde consomme 2 térawatts-heure. "C'est un peu moins que la ville de Lyon", illustre Marc Benayoun, directeur des ventes aux clients industriels chez EDF.

Chiffres clés
Trimet France (Saint-Jean-de-Maurienne et Castelsarrasin)

  • Chiffre d'affaires 2013 : 186 millions d'euros
  • Capacité de production : 145 000 tonnes d'aluminium par an
  • Effectif : 510 (dont 470 en Savoie)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 09/09/2014 à 12:59
Signaler
BRAVOS CA VAS SAUVEZ L EMPLOIS EN MAURIENE QUI EN A BIEN BESSOIN? ???

à écrit le 09/09/2014 à 9:42
Signaler
Voilà qui va relancer la consommation d'électricité... nucléaire ?

le 29/09/2014 à 18:23
Signaler
Tu vois une centrale nucléaire dans la vallée ? L'usine possède sa propre station électrique, rien à voir avec le nucléaire...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.