Musée des Tissus de Lyon : la ville et la métropole montent au créneau

Georges Képénékian, maire de Lyon, et David Kimelfeld, président de la métropole, ont abattu leurs cartes sur l'avenir du Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon. Ils proposent un projet alternatif à celui choisi par la région Auvergne-Rhône-Alpes et les autres acteurs. Le scénario régional, maintenant ces institutions dans leurs murs actuels, est jugé trop coûteux et pas adapté à l'époque actuelle. La dernière réunion de vendredi, réunissant tous les protagonistes, s'est soldée par un "échec". La situation est dans l'impasse.

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Article publié le 5 octobre à 10h19 et mis à jour le 6 octobre à 19h30

Les partenaires du musée des tissus et du musée des arts décoratifs de Lyon (MTMA), se réuniront, pour la énième fois, ce vendredi, au sujet de l'avenir de ces deux institutions logées côte à côte dans le cœur de la Presqu'île. La Chambre de commerce et d'industrie Lyon Métropole, propriétaire des lieux, n'a plus les moyens de continuer à les gérer seule. Faut-il s'attendre à un clash final dans la mesure où le consensus semble lointain ? Ou alors le processus de décision va-t-il s'éterniser un peu plus ? Coupant l'herbe sous les pieds des autres parties prenantes Georges Képénékian, maire de Lyon, et David Kimelfeld, président de la Métropole, ont détaillé, 48 heures avant la réunion, une option différente de celle communément présentée comme ayant recueilli l'adhésion des autres.

"Lassés que nous soyons cloués au pilori"

"Nous avons déclenché ce rendez-vous avant la réunion de vendredi, un peu lassés que nous soyons cloués au pilori", a expliqué, d'emblée, Georges Képénékian. "Je suis agacé, blessé par le bruit consistant à dire que la ville et la métropole ne seraient pas attentifs au patrimoine", a appuyé David Kimelfeld dénonçant un "procès en sorcellerie".

D'une même voix les deux élus ont répété qu'ils rejetaient le scénario prévoyant le maintien des collections dans les deux hôtels particuliers. Ce projet chiffré autour de 30 millions par le cabinet In-Extenso - mandaté pour effectuer l'étude -,  est jugé par les édiles lyonnais trop onéreux. Ils pointent un "déficit d'exploitation annoncé de 2,5 millions d'euros versus 1,7 million aujourd'hui".

10 millions à trouver.

"S'agit-il de sauver des murs ou de montrer les collections au plus grand nombre ?", interroge Georges Képékian. Les deux élus refusent de les confiner dans un seul espace. Ils veulent les voir mettre en scène dans le cadre de grandes expositions autour des savoir-faire lyonnais avec des parcours entre le musée des Beaux-Arts, le musée des Confluences et l'Hôtel de la Croix-Laval qui héberge aujourd'hui le musée des Arts décoratifs. La vente de l'Hôtel Villeroy, actuellement dédié au musée des Tissus, serait alors cédée (à un privé) pour un prix estimé à 8 millions d'euros. Somme qui contribuerait à rénover l'hôtel de la Croix-Laval et à aménager un centre de conservation des tissus dans un bâtiment (1500 à 2000 mètres carrés) que la Métropole mettrait à disposition sur son territoire pour un total de 18 millions d'euros.

"Il resterait ainsi à trouver 10 millions d'euros", comptabilise Georges Képénékian.

Un imbroglio qui dure depuis 2015

"Il n'y a pas un projet contre un autre. On veut essayer de faire converger nos options et nos visions", ont clamé en chœur David Kimelfeld et Georges Képénékian. Surtout, ne pas dire que la ville et la métropole, précédemment dirigées par Gérard Collomb, aujourd'hui ministre de l'Intérieur, se préoccupent depuis peu, seulement, de ce dossier.

En 2015 Sylvie Ramon, directrice du Musée des Beaux-Arts (300.000 visiteurs an) et Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée des Confluences (750.000 visiteurs) ont eu mission d'engager une réflexion, ont-ils rappelé :

"Nous avancions. Et est arrivé un nouvel acteur (Ndlr : la région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez, LR)", fustige Georges Képénékian.

"L'appui de la région a été décisif"

A la surprise générale, le président de la Région, proposa, en juin 2017, de prendre le pilotage du projet en mettant au moins 10 millions d'euros pour les investissements et de contribuer à hauteur de 1 million au budget de fonctionnement annuel dans une configuration à deux hôtels.

"L'appui de la région a été décisif", se félicitait Emmanuel Imberton, président de la CCI Lyon Métropole mi-septembre. "Ces deux hôtels particuliers ont été construits dans le même état d'esprit. Nous voulons que ces musées soient préservés dans leur identité".

L'élu consulaire estimait alors que "90 % du chemin avaient été faits. Seuls quelques points restent à régler. Je veux que ce musée soit le musée commun". Entendez de tous les partenaires.

Coup de tonnerre

Interrogé par Acteurs de l'économie -  La Tribune, Grégoire Giraud, vice-président d'Unitex (syndicat des industriels du textile) ne cachait pas sa colère en apprenant la position des collectivités lyonnaises mercredi soir.

"Ce projet ne tient pas la route. Ils reprennent un scénario que nous avions rejeté avant l'été".

De son côté Etienne Blanc, 1er vice-président à la région le répète. "Unitex, la CCI, les milieux culturels, le ministère de la Culture, les associations de défense demandent que les collections demeurent sur place. Nous nous sommes basés là-dessus". Ambiance.

Le week-end de la dernière chance ?

La réunion du comité de pilotage de vendredi (la dernière ?) s'est terminée sur un échec.  "Après trois ans de discussions, d'études, d'analyses, de rapports, de projections, d'échanges force est de constater que nous avons échoué. Nous ne sommes pas parvenus collectivement à un consensus sur une solution réaliste mais ambitieuse pour l'avenir des musées", regrette amèrement Emmanuel Imberton. "La situation étant compliquée voire grave je me laisse le week-end pour prendre une décision compte tenu de tous les éléments en ma possession".

Interrogé par Acteurs de l'économie-La Tribune à l'issue du comité de pilotage, David Kimelfeld martèle  :

"Nous n'adhérons pas au projet qui nous a été présenté. Il prévoit des recettes très hypothétiques. Et un déficit d'exploitation de 2,5 millions d'euros en année 2022. Nous ne pouvons nous laisser imposer le diktat des uns et des autres. Nous n'engageons pas de financements sans savoir ".

Nul doute que les téléphones vont rester ouverts ce week-end.

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