Musée des Tissus : qui voudra du mistigri ?

En proposant une participation de 5 millions d'euros, Laurent Wauquiez met la pression à Gérard Collomb dans le cadre du financement du Musée des Tissus. Mais le premier édile de la métropole et de la ville de Lyon ne semble pas plus déterminé que cela à s'impliquer dans l'institution culturelle. Une position qui pourrait mettre à mal le plan de secours, dans la mesure où le ministère de la Culture est prêt à apporter une aide sous réserve d'une participation égale de toutes les collectivités.

Article mis à jour le 14 octobre

A minima, il faut réunir 5 millions d'euros sur trois ans (hors travaux) pour donner une visibilité au fonctionnement courant du Musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon (MTAD), jusqu'à fin 2019. Cette somme correspond au montant des subventions publiques nécessaires pour assurer l'équilibre de cette institution lyonnaise, qui emploie 25 salariés, sur la base des comptes 2015. Les recettes de billetterie garantissent bon an mal an 40 % d'un budget actuel de 2,5 millions d'euros. La CCI Lyon métropole qui assurait historiquement la tutelle de cet équipement culturel n'en a plus les moyens.

"On nous a pris 25 millions d'euros en fonds propres et baisse des dotations en 3 ans", répète Emmanuel Imberton, président de la chambre consulaire.

Les lignes bougent

En juillet dernier, les différents partenaires publics appelés à s'impliquer ont annoncé s'être mis d'accord pour constituer une association gestionnaire de l'institution culturelle à compter du 1er janvier 2017. Constatant que rien ne bougeait, Emmanuel Imberton, le président de la chambre consulaire, manifestait son impatience tout début octobre réitérant qu'il procéderait à la fermeture du lieu à la fin de l'année en l'absence de solution.

"Depuis, je constate que les lignes bougent", reconnait-il.

Dans une lettre rendue publique le 7 octobre dernier, la ministre de la culture et de la communication s'est déclarée prête à aider au fonctionnement du musée jusqu'à "300 000 euros par an sur trois années". Et ce, sous réserve d'une participation égale des collectivités : ville et métropole de Lyon ainsi que la région Auvergne Rhône-Alpes (AURA).

Les 5 millions de la région

Laurent Wauquiez, président LR de AURA dégainait dès le lendemain en mettant sur la table 5 millions d'euros pour les investissements. De quoi irriter Gérard Collomb, sénateur maire socialiste de Lyon :

"Si Laurent Wauquiez a l'intention de mettre beaucoup d'argent dans ce musée, je le lui laisse. Et ce serait très bien. Moi j'ai le musée des Confluences...", a t'il lâché au début du conseil municipal du 10 octobre dernier, selon des propos rapportés.

Un peu plus tard il se serait un peu ravisé. Contactée par Acteurs de l'économie - La Tribune, la métropole de Lyon n'a pas donné suite à nos sollicitations.

Ne pas mettre le doigt dans l'engrenage

Que Gérard Collomb n'ait jamais montré de réelle appétence pour ce musée, ils sont nombreux à l'admettre à commencer par Denis Broliquier, maire (LR) du 2e arrondissement.

"Il ne veut pas mettre le doigt dans cet engrenage", analyse ce dernier.  D'ailleurs, "c'est à l'Etat d'en prendre le pilotage comme le préconise dans son rapport Thierry Le Roy, le médiateur nommé par la ministre. L'Etat ne peut pas se désintéresser de ce patrimoine national".

Soupir de Nadine Gelas, ex vice-présidente du Grand Lyon en charge des industries créatives :

"Il faut que l'Etat sente que les collectivités locales sont dans la volonté de le sauver tout en sachant que les budgets ne sont pas extensibles à l'infini ».

Élément de la filière textile

Aux yeux de la fondatrice de l'Université de la Mode, "il y a un paradoxe à avoir lancé le festival de la belle soie, à vouloir conserver à Lyon le salon Lyon Mode City et à ne pas se mobiliser pour ce musée. C'est un élément essentiel dans une filière textile. Mais il le faut le redynamiser autour d'un projet".

Autant de conditions préalables pour que les mécènes privés acceptent de soutenir cette institution

Et "alors je me battrai pour aller chercher de l'argent" promet  Grégoire Giraud, vice président d'Unitex, le syndicat textile.

Le préfet Michel Delpuech organisera une nouvelle réunion de toutes les parties prenantes du dossier le 4 novembre prochain à Lyon, à la Préfecture. Et il sera de nouveau question de la future gouvernance.

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