Pour ces 10 ans, le pôle de compétitivité Imaginove peut-il espérer une plus grande stabilité organisationnelle ? En effet, pour la troisième fois en un an et demi, le poste de directeur général de la structure a changé de tête.

Suite au départ surprise d'Olivier Tomat, qui occupait le poste de directeur général après un an de vacance à cette fonction, Myriam Bardinet a été élue par la Conseil d'administration en janvier dernier. Trois mois après son arrivée, elle n'a pas été reconduite. Une décision prise à "l'unanimité" par le conseil d'administration.

Elle sera remplacée par David Gal-Regniez, jusqu'alors directeur R&D, officiellement présenté à ce poste ce jeudi 12 mai lors de l'Assemblée générale et de la cérémonie d'anniversaire du pôle.

De nouveaux challenges

"Compte tenu des besoins de la structure, le conseil d'administration, inquiet quant aux possibilités de réussite de Myriam Bardinet, a préféré ne pas aller plus loin dans la coopération", explique pour Acteurs de l'économie - La Tribune, le président Franck Tarpin-Bernard.

"Cette décision reste un choix humain auquel chaque chef d'entreprise est confronté. Après le processus d'embauche, nous savons que la réussite n'est pas écrite d'avance", poursuit M. Tarpin-Bernard, également patron de la société SBT.

Pour le président, ce nouveau changement de direction relève davantage "d'une loi des séries que d'une question structurelle". Mais certains membres du conseil d'administration reconnaissent que, malgré un activisme certain du pôle dans de nombreux domaines, ces différentes défaillances "ralentissent, à un moment donné, les évolutions".

Et les challenges auxquels doit faire face l'établissement d'accompagnement sont nombreux, aussi bien à l'échelle régionale qu'au niveau national, où la donne pourrait bien évoluer.

"Imaginove, comme de nombreuses structures et entreprises, est confronté à des évolutions rapides, obligeant à s'ouvrir à des secteurs connexes, élargissant ainsi le cercle des compétences", analyse Patrick Eveno, PDG de la Cité de l'image en mouvement - Festival du Film d'Animation d'Annecy, également membre du CA du pôle.

Élargir les compétences et rapprochement avec les grands groupes

Ainsi Imaginove, qui fédère plus de 160 adhérents, va renforcer son expertise liée aux contenus et usages numériques et davantage communiquer à ce sujet.

"Nos adhérents ont des compétences très pointues dans ces domaines. Ce sont les nouveaux mots clefs de la nouvelle économie. Pour nos startups, le business se fera dans l'innovation d'usage et pas uniquement technologique", souligne le président.

Des compétences déjà développées depuis plusieurs années, notamment à travers des projets soutenus et qui connaissent des belles réussites, à l'instar de Dowino.

Mais l'un des enjeux est et sera de ne pas perdre "l'ADN de la structure lié à l'image", souligne l'un des membres du CA. Pour un proche du dossier, "il y a un risque à trop s'élargir. Il faut ainsi bien roder la stratégie et la vision de la structure pour assurer un positionnement clair".

Le pôle ambitionne également de jouer un plus grand rôle dans la connexion entre startups et grands comptes, et favoriser l'open innovation des acteurs.

"Les grands groupes sont confrontés à une transformation radicale. Organisés en silos, ce n'est pas toujours simple pour eux d'innover et de se moderniser. Pour les jeunes pousses, c'est une opportunité de se rapprocher d'un potentiel marché".

Des expérimentations ont déjà eu lieu avec Alstom, d'autres pourraient voir le jour avec Thales.

L'avenir des pôles en discussion à Bercy

Si le pôle doit assurer la qualité de ses services pour "répondre aux attentes de ses adhérents", il va devoir, aussi, composer avec les décisions prises au niveau national.

En effet, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a indiqué en mars que le rapprochement entre les 71 pôles de compétitivité et le programme de la Nouvelle France industrielle serait structuré avant la fin de l'été 2016, suite notamment à un dispositif d'évaluation et d'audit des structures.

"La refonte du système doit permettre de s'adapter notamment aux contraintes budgétaires et à la réforme territoriale qui fait des régions les chefs de file du développement économique", expliquait alors le ministre.

De ces orientations des pouvoirs publics dépendront également certaines évolutions de la structure. Mais pour Patrick Eveno, "la question de R&D reste une fonction importante des pôles et devra le rester", avance-t-il.

Déménagement

Sur ce point, le nouveau directeur général, David Gal-Regniez, pourra faire valoir quelques arguments, lui qui occupe le poste de directeur R&D depuis avril 2012. C'est notamment cette expérience et cette longévité au sein de la structure, qui ont poussé les membres du conseil d'administration à le nommer.

"J'ai travaillé un an avec lui lors de la précédente période de transition. Il a une vision et un potentiel pour exercer des missions plus importantes que celles confiées jusqu'alors", encense le président.

Et parmi les challenges à relever, outre ceux déjà énumérés, le nouveau directeur général devrait orchestrer d'ici peu le déménagement d'Imaginove, qui pourrait quitter prochainement le Pôle Pixel de Villeurbanne.