Jean-Manuel Mas  (Axelera)   : "La démarche des Chinois est plus collaborative"

La conférence franco-chinoise de la chimie verte (FC2G Chem), placée sous les auspices des académies de sciences française et chinoise, se tient à partir de ce lundi à Lyon et réunit des scientifiques de haut niveau. Jean-Manuel, le directeur du pôle de compétitivité Axelera dédié à ce domaine, et ayant travaillé pendant dix ans en Asie, dont sept en Chine, confirme que l'environnement est une priorité du plan quinquennal chinois 2016-2020.

Acteurs de l'économie - La Tribune. Axelera participe à la conférence franco-chinoise de la chimie verte sur le thème "Une chimie meilleure pour une vie meilleure". Qu'en attendez-vous ?

Jean-Manuel Mas. Ce colloque scientifique de très haut niveau est l'occasion pour les entreprises et les doctorants d'établir des contacts avec leurs homologues chinois et partager des expériences. À cette occasion, en tant que pôle, nous animons une table ronde sur l'impact de la chimie verte pour les industriels et la question de la formation.

La notion de chimie verte a-t-elle évolué au fil des ans ?

Les douze principes qui la régissent sont toujours les mêmes. Ils s'organisent autour de grands axes : procédés de production sobres en énergie et en carbone, recyclage, diminution des déchets, traitement des effluents ou encore remplacement des produits toxiques.

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Des progrès immenses ont été faits au niveau des procédés intensifiés moins consommateurs d'énergie et plus soucieux de l'environnement. On peut estimer que les émissions toxiques ont été réduites l'ordre de 80 % en France en l'espace de vingt ans.

Qu'en est-il en Chine ?

L'aspect environnemental a été pris en compte par les autorités à partir du plan quinquennal 2000. C'est une priorité forte du treizième plan 2016-2020 eu égard à tous les aspects : eau, air, énergie et déchets. Dans un premier temps, la Chine s'est préoccupée de son développement économique. La pollution atmosphérique, générée par cette croissance, a provoqué une prise de conscience collective et des mesures ont été prises par le gouvernement. La réglementation est là pour forcer le changement.

Ainsi, les contraintes en matière de rejets des effluents sont les plus élevées au monde. Ensuite il faut les faire appliquer partout dans ce pays immense.

Où en est la recherche autour de la chimie verte en Chine ?

Des équipes de chercheurs chinois se développent depuis quinze ans. Ils se sont formés aux États-Unis, en Europe et un peu au Japon. Les industriels occidentaux implantés là-bas, comme Rhodia, Arkema, L'Oréal, Suez, Solvay... se sont dotés de centres de R&D et jouent un rôle de locomotive. Dans son centre de Shanghai, Solvay a installé une unité mixte de chercheurs franco-chinois sur les procédés et les produits éco-efficients associant l'École Normale Supérieure de Lyon, l'Université de Lille et l'Université chinoise.

Les Chinois font également leur marché en France. C'est le cas en particulier de l'entreprise d'État Chem China qui a acheté en 2007 la division silicone de Rhodia à Saint-Fons, dans le Rhône, et à Roussillon, en Isère, devenue Bluestar Silicones.

Ils ont investi pour agrandir et moderniser ces sites français, et étoffer la recherche. Ces investissements, ils les dupliquent en Chine. Les Chinois ont eu pendant longtemps la réputation de copier les technologies. C'était une réalité, mais maintenant leur démarche est plus collaborative.

À ce propos, le pôle Axelera est-il toujours présent en Chine sachant que vous étiez sous l'égide d'Erai (Entreprise Rhône-Alpes International) ?

La Chine est depuis longtemps un pays cible. En 2010, nous avions recruté un VIE (Volontariat international en entreprise ) parlant mandarin et que nous avions ensuite salarié comme chargé de mission pour accompagner les PME là-bas. Nous sommes aujourd'hui en stand-by depuis la disparition d'Erai car nous n'avons pas d'existence légale pour continuer notre activité.

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Toutefois nous participons à des événements : avec cinq de nos entreprises membres, nous sommes actuellement au salon Achem Asia à Pékin, sous la houlette de Business France. Toujours avec Business France, nous organiserons une mission à Shanghai et Hong-Kong sur l'usine du futur, fin octobre et début novembre.

Quels sont les autres pays prospectés par Axelera ?

Hors de l'Union europe, il s'agit du Brésil, du Maroc et de la Suisse. Nous allons nous intéresser de plus près à l'Amérique du Nord. Nous étudions par ailleurs une qualification d'adhérents du pôle en Iran, sur la problématique de l'eau.

*Axelera dispose d'un budget de fonctionnement proche de 2 millions d'euros, aujourd'hui assuré pour moitié sur fonds publics et l'autre par le privé.

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