Comment les grandes écoles forment les étudiants de demain ?

Dans un contexte économique en pleine mutation, les écoles d'enseignement supérieur doivent adapter leurs enseignements. A Lyon, certaines structures ont adoubé la philosophie "makers", caractérisée par les fameux FabLab ou par des programmes qui encouragent l'apprentissage autonome. Cette orientation relève-t-elle du "gadget" ou est-ce, au contraire, une vision d'avenir pour former les salariés, managers et entrepreneurs de demain ? Décryptage.

Fin février, l'emlyon changeait d'identité visuelle. Nouveau logo, nouvelle signature mais surtout, nouveau slogan. Au nom de l'école de commerce basée à Ecully, vient s'adosser le terme "early makers". Désormais, entreprendre n'est plus une question de savoir, mais de savoir-faire. "Il s'agit de l'idée que nous avons de l'évolution du management", souligne Thierry Picq, directeur académique au sein de l'emlyon.

"Le monde est en telle rupture que nous ne pouvons plus former les étudiants comme avant."

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Face aux mutations de l'économie, à l'image d'autres écoles d'enseignement au format "classique" - de commerce, d'ingénieur, d'art - l'emlyon adapte à son enseignement la philosophie des "makers" : un mouvement né aux Etats-Unis et arrivé en France depuis deux ans. La culture de ces faiseurs est basée sur le partage, la transmission, mais aussi sur un modèle plus horizontal.

Intelligence créative

Cette idée, l'école y réfléchit depuis deux ans, mais elle ne s'est réellement formulée que cette année. De fait, pour l'instant, early maker est avant tout un été d'esprit qui doit toucher les étudiants.

"Early signifie anticiper, maker, bricoler, essayer dès maintenant", précise Thierry Picq. Pour lui, "aujourd'hui, tout le monde sait construire un business model. La finance pure ne suffit plus : ils doivent apprendre à apprendre. Cela va faire la valeur individuelle de nos étudiants sur le marché."

Une culture que l'on retrouve notamment dans les écoles de code, ou encore chez Simplon à Lyon.

Dans ce sens, l'emlyon a lancé avec l'Ecole centrale Lyon un programme commun basé sur le design thinking : I.D.E.A. Le but ? Former des jeunes plus créatifs qui soient capables de raisonner en dehors du cadre et de créer leur métier de demain. Hervé Gasiglia est le responsable de ce programme instauré en 2012 :

"Nous ne cherchons pas à reproduire un enseignement qui ne correspond pas à l'intelligence de demain. Nous souhaitons développer l'intelligence créative. Nous cherchons des personnes qui ne veulent pas à améliorer la bougie mais créer l'électricité."

Un fablab, avec imprimantes 3D ou découpeuse laser, a ainsi été mis à disposition des élèves, car pour Hervé Gasiglia "la conséquence numéro 1 de l'innovation est le prototypage."

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Évolutions du métier

Pour Loïc Oudin, directeur d'elibe recrutement, "les entreprises prêtent davantage attention à des critères comme la personnalité.

Le schéma de développement des entreprises est de plus en plus rapide, mouvent, les métiers changent plus vite, les carrières ne sont plus linéaires. Les recruteurs cherchent par conséquent des personnes qui soient capables de s'adapter, qui sachent travailler dans de nouveaux environnements."

Des évolutions qui sont notamment liées à la diffusion de nouvelles technologies dans l'entreprise : "Elles impactent la manière de travailler", poursuit-il.

A Lyon, l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) ou à Saint-Etienne l'Ecole Supérieur d'art et design se sont dotés de fablab pour répondre à ces mutations des métiers. "Cela nous semblait évident d'instaurer ces labs car les étudiants doivent désormais connaître et maîtriser ces outils", témoigne David-Olivier Lartigaud, professeur spécialisé dans les questions numériques, et enseignant dans ces deux écoles d'art de la région.

Pour lui, ce sont également les évolutions du métier qui ont poussé les écoles à s'adapter. "L'impression 3D ou la découpe laser sont devenus des médiums comme les autres, au même titre que la peinture, le plâtre... Dans les années 80, 90', le même phénomène a eu lieu avec la vidéo. Aujourd'hui, on imagine difficilement une école s'en passer." De plus, au sein du Common's lab de l'école lyonnaise, la culture du partage est bien présente puisque les élèves utilisent des logiciels libres, l'open source.

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