Gestion de patrimoine : Family office, une activité qui sort de l'ombre ?

L'association professionnelle du family office a officiellement lancé son antenne en Auvergne Rhône-Alpes, le 7 septembre. De plus en plus de familles entrepreneuriales se dotent d'un "family office", en interne ou partagé, pour gérer leurs intérêts patrimoniaux et assurer leur pérennité. Toutefois, le sujet reste un peu tabou. Focus.

Dans le cadre feutré d'un des salons du Cercle de l'Union, place Bellecour à Lyon, une cinquantaine de personnes ont participé mercredi 7 septembre à la réunion, non ouverte au public, donnant le coup d'envoi de l'antenne régionale de l'Association française du family office (AFFO).

Parmi les dirigeants, deux d'entre eux ont présenté leur family office (FO) : Vincent Labruyère co-dirigeant du groupe familial maconnais Labruyère Eberlé et Michel Baulé. Le fondateur de la société Baulé (en 1976), fabricant drômois de matériaux polymères vendu à l'allemand Bayer, a réinvesti dans Eximium, une société à la tête d'un important portefeuille de participations. A l'instar de Michel Baulé, la région ne manque pas d'exemples de puissants entrepreneurs qui ont constitué des structures de capital investissement, et fait appel à des family officers, pour assurer leurs arrières et anticiper des transmissions.

Une pratique venue des Etats-Unis

L'ouverture de l'antenne en Auvergne Rhône-Alpes, précédée il y a un an de l'implantation en PACA, témoigne de la progression de l'activité en France du family office. Alors que ce métier a acquis ses premières lettres de noblesse aux Etats-Unis au XIXe avec l'ascension des grands industriels, en France, "il existe sous sa forme actuelle depuis une vingtaine d'années. Il se développe et il évolue", témoigne Jean-Marie Paluel-Marmont, président de l'AFFO.

En effet, les systèmes économiques et financiers sont de plus en plus complexes et les familles doivent faire face à des défis toujours plus nombreux. L'AFFO, association professionnelle à but non lucratif, née en 2001, et revendiquant une centaine de membres, entend précisément favoriser les échanges et bonnes pratiques entre les différents FO et experts associés. Elle a édicté une charte (de bonne conduite) et a, entre autres, publié un livre blanc, présenté comme un guide pratique, consacré à "La gouvernance familiale".

Conseils financiers...et humains

Mais qui sont ces professionnels de l'ombre surnommés family officers ? Ce sont des conseillers et prestataires au service d'une communauté entrepreneuriale familiale dont la valeur des actifs atteint au moins 200 millions d'euros. Ces professionnels ont vocation à s'occuper de tout ce qui ne concerne pas l'exploitation proprement dite de la société.

"'Ils accompagnent la famille dans des registres qui vont de l'organisation de la gouvernance à la transmission à la génération d'après en passant par la diversification patrimoniale. Ils proposent des solutions d'investissement et mettent en œuvre les choix retenus par la famille", énonce Jean-Marie Paluel-Marmont, président de l'AFFO.

Le profil de ces conseillers est divers. Il leur faut des compétences multidisciplinaires acquises dans la gestion haut de gamme avec une expérience par exemple dans la banque (gestion de fortune) ou encore l'immobilier.

Et sus, "ils ont une fibre humaine car ce métier repose sur la confiance", assure celui-ci.

A Lyon, Martine Collonge sera chargée d'animer et de développer le réseau de l'AFFO. L'ex-déléguée régionale d'Euronext dans la capitale rhônalpine et aujourd'hui déléguée générale de la structure Lyon Pôle Bourse, souligne :

"J'ai accompagné beaucoup d'entreprises familiales de la place. Avant qu'elles s'introduisent en Bourse nous regardions la manière dont elles étaient organisées. Je me suis toujours préoccupée de la transmission et la pérennité du patrimoine familial et industriel. C'est mon fil conducteur".

Sujet sensible

Pour autant, aucun label officiel n'est attaché à ce métier de family officer :

"Nous n'arrivons pas à la définir", poursuit Jean-Marie Paluel-Marmont. De surcroît c'est "un sujet sensible".

A preuve, certaines familles hésitent à confier qu'elles ont un family officer et il arrive même qu'elles disposent d'une telle organisation sans le savoir. Ce rôle peut revenir à un ou plusieurs actionnaires familiaux, comme le fondateur. Dans d'autres cas, il s'agit de salariés recrutés pour les besoins de cette cause. Dans les entreprises les plus importantes les équipes FO peuvent compter jusqu'à 20 personnes. Autre possibilité : les "multi-family offices" partagés entre plusieurs familles entrepreneuriales, en particulier quand la valeur les actifs est moindre.

Placements immobiliers

Mais pour quels types de placement les familles fortunées font-elles appellent à des family officer ? Selon le récent baromètre réalisé par OpinionWay pour le compte de l'AFFO, il ressort que les familles font preuve de prudence dans leurs investissements : "69 % d'entre elles souhaitent allier performance et risque modéré".

Dans cette logique, les allocations d'actifs ciblent à 30 % des placements immobiliers, 23 % des actions cotées, 17 % du private equity (actions non cotées). Les investissements philanthropiques et dans l'art représentent seulement 3 % chacun.

Quant à la question des risques dont se soucient les familles, elles sont "sensibilisés à la protection des données pour 71 %, aux risques d'image (68 %) et l'ubérisation de l'économie (57 %)", observe la même enquête.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.