Nathalie Doré : "BNP Paribas vient capter l'innovation à San Francisco"

Après Paris et avant Shanghai, l'Atelier BNP Paribas, 100% filiale de la banque française, a ouvert il y a dix ans un bureau à San Francisco. L'enjeu est simple : sentir le marché, détecter les usages en devenir et trouver les futures pépites. Dispositif original, l'Atelier est producteur de contenus pour des médias (site, radio,tv), carrefour d'échange et de partage (conférences, voyages d'étude), mais aussi conseil en stratégie numérique pour les entreprises. Dans une démarche d'open innovation, l'Atelier Lab complète le dispositif en rapprochant entrepreneurs innovants et grandes entreprises pour accélérer le développement de leurs projets communs. Entretien avec Nathalie Doré, directrice depuis deux ans du bureau californien.

Acteurs de l'économie - La Tribune. Pourquoi la BNP a-t-elle fait le choix de San Francisco ?

Nathalie Doré. Nous avons franchi le pas il y a dix ans et nous couvrons l'Amérique et le Canada. On a voulu s'installer là pour être au cœur de l'écosystème de la Silicon Valley, proche de la recherche avec les grandes universités comme Berkeley et Stanford.

Proche des Venture Capital (sociétés de capital risque), puisque la majorité des investissements aux Etats-Unis provient des VC et également proche des acteurs du digital, Facebook, Google, Apple... On vient capter l'innovation. C'est ici que tout se passe.

Comment aidez-vous les startup françaises à venir s'installer dans la Silicon Valley ?

La première manière de les accompagner, c'est de leur faire part de notre analyse du marché américain, qui est très particulier. On va aussi regarder pour les mettre dans le lab de Bank of the West - notre filiale BNP Paribas aux USA.

Par ailleurs, on va leur ouvrir notre network, à la fois à travers la partie média, qui peut les aider à les booster en termes de notoriété, et la partie plus business qui va permettre de les mettre en relation avec tous nos propres clients. Ce qui est très intéressant pour eux. On aide énormément de startups chaque année.

On sait que le taux de réussite dans la Silicon Valley est dérisoire, environ 1%. Quel conseil donnez-vous aux entrepreneurs français pour les aider à percer ?

Il faut être flexible. Ils vont devoir pivoter leur business model. On rencontre des porteurs de projets parfois puristes, qui pensent que leur concept est le meilleur. Mais aux États-Unis, il peut être mauvais.

La vie d'un entrepreneur est compliquée. C'est les montagnes russes ! Il faut aussi avoir une très bonne équipe. Ils ne sont pas du tout obligés d'amener tout aux États-Unis. Beaucoup gardent leurs ingénieurs en France et n'implantent que leur service marketing-ventes, aux États-Unis.

Lire aussi : Fabrice Lacroix (Antidot) : "Notre modèle ? Une R&D à la française, un marketing à l'américaine"

 C'est généralement ce qui se passe ?

Oui, les startups françaises ont compris que si elles viennent avec leurs ingénieurs dans leurs bagages, elles se les font piquer au bout de quelques semaines ! Il y a un très bon niveau chez les ingénieurs en France. Et ici les entreprises se font la guerre pour les capter.

La région Auvergne-Rhône-Alpes réfléchit à la création d'un campus numérique sur le territoire lyonnais. Pensez-vous que cela peut être une bonne chose ?

Il y a la culture des grandes écoles aux États-Unis, tout comme en France. Mais les choses sont en train de changer ici . Il y a un formatage des esprits, à Harvard ou Stanford, qui n'est plus souhaité par les entreprises. C'est assez nouveau.

Il y a aux États-Unis de nouvelles écoles qui proposent d'autres modèles de fonctionnement et de recrutement qui sont des multicampus avec une formation internationale importante, tout en accédant à un niveau d'enseignement très bon. Avec l'École 42, en France (l'école de développeurs créée par Xavier Niel en 2013, NDLR), il y a quelque chose qui se passe, mais dans ce domaine aussi, les États-Unis ont déjà pris un temps d'avance.

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