Grenoble : CEA Liten, objectif Ariane 6

Des cellules de batteries lithium produites par le CEA Liten, bientôt intégrées sur le lanceur Ariane 6 ? Tel est l’objectif de cet institut du CEA Tech Grenoble, qui vient de réussir une première phase de tests destinée à valider deux modèles de batteries qui pourraient être embarqués dès 2020 sur le célèbre lanceur de l’Esa.

Avec l'un de ses axes de recherche résidant dans les activités de stockage d'énergie avec le développement de batteries, d'accumulateurs rechargeables et de piles, "le CEA est positionné depuis plus de 15 ans dans les activités spatiales, avec des missions réalisées en partenariat avec le Centre national d'études spatiales (Cnes), l'Agence spatiale européenne (Esa) ou en encore avec des industriels comme Thales et Airbus Defence & Space", rappelle Florence Fusalba, ingénieur responsable programmes au CEA-Liten.

Il était donc tout naturel que cet institut du CEA Tech Grenoble se positionne, en partenariat avec Airbus Defence & Space, sur un appel à projets publié par l'ESA en 2014, en vue de développer des "systèmes de puissance pour les lanceurs Ariane de nouvelle génération, de très haute performance et densité énergétique".

Des défis de poids et de température

Face à l'électrification croissante des satellites et des lanceurs, les missions deviennent de plus en plus énergivores.

"Dans le cas des lanceurs, le principal défi est de réduire le poids embarqué, mais aussi de pouvoir faire fonctionner les systèmes à très basse température (- 20°C), puisqu'ils se trouveront près des réservoirs", explique Florence Fusalba, détaillant que chaque kilogramme embarqué représente un coût compris entre 12 000 et 15 000 dollars.

"L'objectif était donc de développer des technologies destinées à électrifier certaines fonctions du lanceur, pouvant fonctionner dans un environnement très contraint, à basse température", résume-t-elle.

Le CEA Liten a travaillé sur deux prototypes, l'un constitué de batteries rechargeables avec un accumulateur, et l'autre constitué d'une pile non rechargeable. "Une première phase de tests dans un environnement représentatif a permis de démontrer que les deux technologies répondaient au cahier des charges, avec des niveaux de maturité en moyenne de quatre ou cinq sur une échelle de neuf", annonce l'ingénieure, qui affirme que les deux technologies développées par le CEA offriraient un meilleur fonctionnement à basse température, et un meilleur niveau de puissance que les technologies existantes.

"Contrairement à ce qui doit être embarqué dans un satellite, où la durée de vie peut être comprise entre 5 à 15 ans, celle des technologies embarquées sur un lanceur est très courte puisqu'elles sont appelées à se désintégrer après le lancement", ajoute-t-elle.

Embarquement en 2020 ?

La prochaine étape ? Poursuivre la maturation de ces deux technologies encore cinq années, en vue de pouvoir prétendre à un embarquement sur le lanceur Ariane 6 prévu pour 2020.

"Pour l'instant, nous avons candidaté à un premier appel à projets de 300 à 400 000 euros et nous allons renvoyer de nouveaux dossiers afin de pouvoir poursuivre ces développements."

Reste que dans le domaine du spatial, l'horizon est souvent incertain : "Lorsque nous avons commencé à travailler sur ce projet, nous travaillions sur le lanceur Ariane 5ME mais entre-temps, l'agence a décidé de passer directement à la génération suivante, Ariane 6". Au total, près d'une centaine de personnes, issus du Liten mais aussi de l'Ines, du CEA Ripeault (37) ou du laboratoire grenoblois Arc-NucléArt ont participé à ces travaux.

Révolution en marche

D'autres projets dans le domaine du spatial seraient également en cours. "À l'avenir, le CEA va utiliser davantage ses compétences sur les batteries pour accompagner les leaders de différents domaines", estime Florence Fusalba. Elle pointe également du doigt la révolution amorcée par l'entreprise américaine SpaceX, détenue par Elon Musk, également PDG de Tesla Motors et cofondateur de PayPal.

"Comme SpaceX, qui a réussi en décembre dernier le lancement de plusieurs satellites en récupérant, de surcroît, le lanceur, nous voyons arriver dans le domaine de nouveaux acteurs prônant une philosophie différente, plutôt axée sur le bas coûts et qui contribue à ouvrir le secteur."

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.