Comment les startups se fabriquent au Bel Air camp

Le Bel Air Camp, situé à Villeurbanne sur l'ancien site d'Alstom Transport, se positionne comme un lieu atypique d'hébergement de startups. Dans les 34 000 m² de locaux se côtoient depuis un an bureaux et ateliers privatifs, ainsi qu'un Tech Park - sorte de fablab interne - de 540 m². De quoi attirer les jeunes pousses de l'agglomération en quête d'espace et d'industrialisation.

Les machines à impression 3D, la découpe laser, et l'imprimante à stickers sont en place. Au fond de la salle aux murs blancs, perceuses, tournevis et clous sont accrochés au dessus de l'établi en bois. Prêts à être utilisés pour la réalisation de prototypes rapides. Cette pièce semblable à un fablab est le premier espace d'un Tech Park de 540 m², installé au cœur du Bel Air Camp, à Villeurbanne. De la fenêtre intérieure, on aperçoit d'ailleurs en enfilade les quatre prochaines pièces, destinées à accueillir les machines des ateliers bois et métal, le magasin et l'assemblage. Le but de cet atelier mutualisé ouvert uniquement aux membres du Bel Air Camp est de leur permettre de réaliser un prototypage fonctionnel de leurs produits, avant la phase de pré-industrialisation.

"Le Tech Park va faire notre force", prédit Pauline Siché, directrice du site, et à l'initiative du projet avec le promoteur Didier Caudard-Breille. Il est l'une des spécificités de ce lieu collaboratif d'accueil de startups ouvert depuis un an sur l'ancien site d'Alstom Transport. Pour son caractère mixte, alliant bureaux et ateliers, il pourrait se rapprocher du Greentown Labs de Boston, incubateur de startups cleantech.

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Car à cette offre d'atelier commun s'ajoutent des ateliers privatifs. C'est cette raison qui a poussé Max Vallet à y installer ses sociétés. Il est même le premier à avoir franchi la porte.

"Il ne faut pas oublier que la robotique est un métier industriel. Or, il manquait dans l'agglomération un lieu pour des boites de ce secteur à haut potentiel", explique avec entrain l'entrepreneur, fondateur d'Hease Robotics et d'Evotion, qui compte bien passer de startup à PME.

Lui a fait le choix d'installer ses propres outils dans un atelier privatif de 400 m² et ses bureaux juste en face. A l'intérieur, des transats en bois, de la moquette verte imitation pelouse dans les salles de réunion, de larges bureaux, et des robots desquels émanent des sons semblables à ceux de R2D2. Ici, pas de crainte d'accueillir les grands comptes entre deux tâches d'huile sur les ordinateurs.

Espace

Cependant cet aspect purement "techno" n'est pas le seul critère d'attractivité de cette friche industrielle réhabilitée. Le bail classique avec engagement sur le long terme peut être une contrainte pour une jeune pousse qui veut se lancer puisqu'elle doit aussi faire face aux incertitudes du carnet de commande. Ici, pour un espace inférieur à 200 m², l'engagement minimum est d'un mois.

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Autre frein : une startup a souvent besoin de croître rapidement. "Je fais du hardware, impossible de pousser les canapés pour travailler", s'amuse Max Vallet. Doctibike est installé au sein du Bel Air Camp depuis six mois. Au début la société occupait 42 m². Après une levée de fonds réussie de 700 000 euros et l'obtention de nouveaux contrats, elle a rapidement besoin de pousser les murs. Doctibike loue aujourd'hui 420 m² qui accueillent à la fois les espaces de travail et un local destiné à la logistique dans lequel s'entassent les cartons.

"Ce grand espace nous a permis d'accompagner l'accélération de notre croissance", explique Anne-Sophie Caistiker, CEO de la startup, qui avait également envisagé de s'installer au sein de la plateforme Axel'One.

Cohabitation

La jeune société fondée en 2014 prévoit d'embaucher trois personnes pour accompagner ce développement et "nous mettons l'appartenance à cet écosystème en avant dans nos offres d'emploi Les services communs nous permettent de capter de beaux profils." Parmi eux, la salle de sport, avec cours de boxe et yoga - auxquels elle participe, la salle de détente avec ses poufs colorés et le baby-foot, le potager partagé ou encore la cuisine. Plutôt vide en cet après-midi, cette pièce aux longues tables noires se veut le lieu de rassemblement des quelque cent salariés des trente entreprises installées au Bel Air Camp. Au mur, des photos de vacances des "habitants" du lieu sont accrochées à côté de polaroïd. Il s'agit de l'une des seules pièces communes plus personnalisée : le pari est plutôt d'offrir un lieu neutre que chaque entreprise peut ensuite s'approprier. Le logo noir et blanc et quelques touches orangées viennent toutefois habiller les murs du couloir.

encadré

Plus loin au rez-de-chaussée, en jean et converse, Carole Bolomier s'attèle à démonter son immense structure noire. Nommée la Cam Cam, ce studio mobile permet de prendre des photos sur 56 angles différents. Elles sont ensuite compilées pour en faire un gif animé. "Aujourd'hui ça ne se voit pas, mais depuis que je travaille ici, j'ai ressorti la garde robe que je portais quand j'étais salariée", s'amuse-t-elle, assise sur le canapé gris de son atelier où se mêlent perruques, déguisements, ballons en forme de lettres gonflés à l'hélium, et des coussins à l'allure de balles de tennis. Elle qui travaille seule a trouvé synergie et entraide au sein du Bel Air Camp : elle envisage de monter une société avec son voisin d'atelier, qui évolue lui aussi dans l'événementiel.

Produit

Ce premier bâtiment de 10 500 m² comporte également des bureaux privatifs et personnalisables à l'entrée. Pour l'instant, 78 % du rez-de-chaussée est aménagée. Le premier étage devrait suivre, au fur et à mesure des demandes de startups. Mais il n'est que le vaisseau amiral d'un Bel Air Camp installé sur un terrain de 34 000 m² (dont 20 000 m² de bâtiments). Dans un second édifice - l'ancien site de production d'Alstom - un projet "venant compléter l'attractivité du Bel Air Camp" devrait voir le jour en 2018. Un troisième abrite des salles de réunion, dont certaines ont déjà été loué pour deux ans par Safran, voisin du site. Le quatrième héberge un restaurant inter-entreprise.

Afin de poursuivre son développement, Bel Air Camp compte également nouer des partenariats avec des structures qui accompagnent les jeunes pousses sur la partie "business" pour prendre le relai sur la partie "produit". "Nous allons travailler sur cette offre autour du Tech Park, afin de répondre à un besoin autre que le business modèle", explique Pauline Siché. Des évolutions qui ont pour visée de réaliser la prophétie formulée par Max Vallet : "Ici, de toute façon, vont naître des tech-champions."

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