Alliance LUTB-RAAC : quel intérêt pour les acteurs du transport ?

Iveco Bus et ADETEL Group, ETI d'ingénierie électronique, témoignent sur les apports de l’association LUTB-RAAC (pôle de compétitivité axé sur les transports urbains le cluster automobile Automotive) dont ils sont membres. Le premier y voit une façon d'anticiper les innovations et d'assurer le salut de son usine ardéchoise. Le second y côtoie ses clients dans une relation partenariale et non pas d'exécutant.
Le bus 100 % électrique d'Heuliez développé dans le cadre du projet Abeil.

Les transports collectifs de demain, de personnes et de marchandises en milieu urbain se préparent au sein de LUTB-RAAC. Ce pôle de compétitivité de taille mondiale a vu éclore des projets de R&D nommés Ellisup, Citybrid, Ciclamen, Geode, Transpolis et bien d'autres : 105 ont été financés en dix ans. Mais comment cela se répercute chez les entreprises membres de la structure ?

"Le pôle nous a mis en relation avec des partenaires comme Michelin pour les petites roues de véhicules électriques, avec le CEA de Grenoble pour les batteries. Et nous discutons avec des clients tels Transdev, la RATP ou Keolis", témoigne Philippe Grand, directeur des relations institutionnelles chez Iveco bus et par ailleurs président de LUTB-RAAC.

De l'intérêt des brevets

De son côté, Xavier Benoît, co-fondateur de ADETEL Group, société lyonnaise d'ingénierie dans le domaine de l'électronique et vice-président du pôle, atteste :

"LUTB a conservé un fonctionnement léger. Les cotisations ne sont pas chères (moins de 1000 euros, NDLR) mais en contrepartie nous donnons du temps. C'est ce que l'on appelle de la mutualisation volontaire et on y croit parce qu'on y trouve notre compte. C'est un think tank où nos clients nous considèrent comme des partenaires et nous plus de simples exécutants."

Le dirigeant de cette ETI de 600 collaborateurs ajoute que le travail fait dans ce cadre avec l'INPI l'a convaincu de l'intérêt de déposer des brevets.

"Nous avons trouvé la façon de ne pas gêner nos clients. Nous en avons déposé 6, à ce jour mais, en incluant les documents consignés chez le notaire, les droits de propriété industrielle que nous avons protégés sont quatre ou cinq fois supérieurs."

Des précautions importantes dans des projets collaboratifs où chacun apporte sa brique technologique.

Bus tout électrique

Quels résultats concrets pour un groupe comme Iveco bus ?

"Le pôle nous a aidés à anticiper des innovations", répond Philippe Grand.

Celui-ci explique que le projet Abeil, de bus tout électrique rechargeable (sous la marque Heuliez), que le constructeur a lancé seul, fin 2015 avec l'aide de l'Ademe (4,7 millions de subventions et avances remboursables sur un budget de 12 millions) découle du projet collaboratif Ellisup.

Ce dernier a permis au groupe d'industrialiser son véhicule hybride classique (non rechargeable) pour lequel il annonce avoir déjà engrangé un millier de commandes, plusieurs centaines pour la RATP et les autres pour les réseaux de Grenoble, Annecy et mais encore Lyon.

"Il y a aura une suite à ce modèle hybride", avec une autonomie électrique pouvant atteindre 3 à 4 kilomètres, assure Philippe Grand. De quoi traverser le tunnel de la Croix-Rousse.

350 embauches en 2015

Quelles retombées en terme d'emplois pour l'usine d'Annonay en Ardèche ?

"Un bus de douze mètres, c'est 1000 heures de main d'œuvre. Notre seul salut vis à vis des pays à moindres coûts, c'est l'innovation", répond le directeur des relations institutionnelles de Iveco Bus.

Le site ardéchois fort de 1 300 salariés permanents (et 200 à 500 intérimaires selon les plans de charge) a "procédé à l'embauche de 350 CDI, l'an dernier". Ici sont fabriqués tous les modèles destinés aux marchés européens et les cars des lignes Macron. Le siège et le centre R&D de Vénissieux comptent 400 personnes.

Gain de temps

Quant à Adetel, son produit neoGREEN Power résulte du projet collaboratif Treps dont il a assuré le pilotage.

"Cela permet de récupérer l'énergie de freinage des métros, tramways et autres véhicules et de la restituer", détaille Xavier Benoit.

Autre exemple : PowerLIC, un modèle de stockage dernière génération co-développé et commercialisé depuis début 2016. Il répond aux besoins d'autonomie durable dans le secteur du transport pour les systèmes embarqués et les bornes de recharge.

"Sans le pôle nous aurions mis plus de temps. Je ne sais même pas si nous aurions eu les moyens et l'idée. De plus, grâce aux liens noués, les débouchés marché sont possibles", estime le dg.

LUTB-RAAC, le bilan de dix ans.

  • 185 membres
  • 1,5 million d'euros de budget annuel
  • 200 projets collaboratifs labellisés et 105 financés
  • 402 millions d'investissement total dont 144 millions de financement public.

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