Les startups digitales à l'assaut de l'industrie du tourisme

À l'heure actuelle, 70 % des réservations de voyage passent par internet. Le e-tourisme est essentiellement porté par des startups. Une dizaine sera présente au salon du tourisme Mahana, qui ouvre ses portes ce 4 mars, à Lyon. Ces jeunes pousses apportent une offre plus flexible au consommateur, avide de voyages sur mesure. Mais les hôteliers plus classiques comptent bien passer au digital, sans avoir recours aux mastodontes, tels Booking ou TripAdvisor.
Plusieurs startups liées au secteur de l'e-tourisme viennent de se regrouper pour créer Les Startups du voyage.

Airbnb est loin d'être seul sur le marché du e-tourisme. Comparateurs de vol, agences spécialisées, sites d'hébergement... le nombre de startups liées au secteur du tourisme est en pleine expansion. Aussi, et pour la première fois cette année, le salon du tourisme Mahana, qui se tient à Lyon jusqu'au 6 mars, a ouvert un espace "Tendances et innovation" dans lequel se retrouvent neuf startups. Parmi elles, les Lyonnais d'HappyBreak qui a pour créneau les voyages en basse saison.

"Le tourisme de demain est aussi celui des jeunes qui entreprennent", souligne Marianne Chandernagor, directrice du salon.

Le marché est, il est vrai, très porteur. Selon des chiffres publiés par Rhône-Alpes Tourisme, le secteur représente 8 % du PIB régional, plaçant Auvergne Rhône-Alpes au rang deuxième région touristique de France.

Ce potentiel se confirme sur internet. La fédération e-commerce et vente à distance (Fevad) indique que le tourisme représente 32 % du chiffre d'affaires du e-commerce en 2015, loin devant l'habillement ou le textile de maison.

"70 % des réservations passent par internet", s'accordent à dire divers acteurs du secteur, dont Jeffrey Messud, directeur et fondateur de la startup Xotélia, basée à Lyon. L'an passé, il a levé 1,3 millions d'euros. Parmi les investisseurs, le fond d'investissement Newfund.

"Nous avons plusieurs participations dans le domaine de l'e-tourisme. Nous y voyons beaucoup d'intérêts, car ce secteur s'est très fortement développé ces dernières années", détaille Charles-Antoine Morand, associé chez Newfund.

Startups de niches

Certes, les perspectives de débouchés attirent les startups. Mais ces dernières se montrent en outre capables de répondre à de nouvelles demandes des clients, qui cherchent désormais des voyages personnalisés.

C'est dans ce sens que Guillaume Jorand et Bruno Lapeyre ont créé Tripconnexion, une plateforme lyonnaise positionnée sur le marché du voyage sans intermédiaire, et surtout sur mesure.

"Le voyageur qui ne souhaitait pas passer par des tours opérateurs n'avait pas les moyens de connaître la qualité des professionnels qui se trouvaient sur place. Aussi, nous mettons en relation les voyageurs d'un côté et les acteurs locaux de l'autre", détaille Guillaume Jorand.

Qui dit sur mesure, dit également spécialisation. Trouver un marché de niche est devenu un enjeu pour perdurer.

"Une agence traditionnelle ne pourrait pas se permettre de trouver ce petit truc en plus", souligne Marianne Chandernagor, citant l'exemple de la startup Planet Ride, jeune pousse spécialisée dans les road-trips motorisés.

Selon elle, plus généralement, les nouvelles entreprises qui se créent dans l'e-tourisme cherchent à donner davantage de clarté au consommateur face à la multiplicité des informations et intègrent souvent au moins une de ces deux notions: le collaboratif et l'affinité.

"Pour chaque population, il faut arriver à proposer une réelle valeur ajoutée", confirme  Charles-Antoine Morand.

Une visibilité essentielle

Alors, ne pas être présent sur le web est "devenu impossible", s'exclame Jeffrey Messud.

"Je ne connais pas d'hébergeur qui arrive à réaliser son chiffre d'affaires sans cette présence."

Cet ancien employé d'Expedia a fondé sa propre startup en janvier 2012. Il est parti de cette idée : les petites structures doivent passer par les sites de réservation pour obtenir des réservations, "peu de personnes réservant avec le Michelin". Elles doivent ainsi être présentes sur trois sites environ, comme Booking ou TripAdvisor.

Or, ces structures doivent s'actualiser manuellement sur chaque site à chaque réservation. Avec Xotelia, il a donc créé une plateforme unique d'actualisation pour les hébergeurs, synchronisée avec tous les autres sites sur lesquels ils sont présents. Une stratégie qui s'avère payante puisque la startup enregistre aujourd'hui 130 nouveaux clients par mois.

L'hôtellerie prend le virage du numérique

Un temps en décalage, les professionnels de l'hébergement semblent avoir cependant pris conscience de leur retard numérique. Si au départ, tous s'accordent à dire que des sites comme Booking ou Expedia leur offrait une plus grande visibilité, "nous n'avons ni vu ni compris l'impact négatif qu'ils pourraient avoir sur notre activité", détaille Pascal Droux, directeur de l'hôtel Les Tresoms, à Annecy.

"Sur Google, il est possible d'acheter des mots-clés pour être mieux référencés. Mais en 2008, certains distributeurs, comme Booking ou Expedia, ont acheté comme mots-clés les marques des hôtels. Si bien qu'en tapant le nom de notre société, le consommateur tombait d'abord sur leurs sites avant de voir le notre. On appelle cela du "brandjacking"."

Aussi, en 2013, est né Fairbooking, un site de réservation en ligne qui vise à redonner "son indépendance commerciale" à l'hébergeur en supprimant les intermédiaires, et dont Pascal Droux est actuellement le président. "Nous avons décidé de nous prendre en main", affirme-t-il, déterminé. Et l'initiative semble fonctionner : 2 500 hébergeurs, de 36 pays, sont inscrits sur la plateforme.

"L'union fait la force"

Côté startups aussi, la tendance pourrait bien être au regroupement. Pour l'instant, il n'existe qu'un seul incubateur spécialisé dans le tourisme, le Welcome City Lab, situé à Paris. Côté lyonnais, six jeunes pousses se sont associées pour créer Les startups du voyage. Tripconnexion fait partie de ce regroupement.

"Il nous semblait pertinent de mutualiser nos énergies, d'autant plus que nos services sont complémentaires", explique Guillaume Jorand.

Le but est de bénéficier d'une force de frappe supplémentaire. Le regroupement pourrait ensuite croître. Cependant, "nous voulons uniquement des entreprises francophones, liées au tourisme, novatrices et surtout complémentaires, car nous ne voulons pas créer de confusion auprès du voyageur en lui proposant des offres similaires", explique Guillaume Jorand, pour qui "l'union fait la force."

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Commentaire 1
à écrit le 28/04/2016 à 15:11
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