Ayant démarré à Gerland à Lyon, Rhône-Alpes Pionnières est hébergé depuis un an dans les locaux de TLM (Télé Lyon Métropole) à la Part-Dieu. "L'entrepreneuriat au féminin, c'était à l'époque un sujet qui n'intéressait pas, tu t'en souviens ?", lance David Kimelfeld, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l'économie, à Claire Saddy présidente de cet incubateur au féminin. Qui par ailleurs appartient à un réseau national de 20 incubateurs à travers la France.

25 entreprises créées

92 personnes accompagnées depuis cinq ans, 25 sociétés créées avec un taux de pérennité de 85% à trois ans, 82 emplois, un million d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2014 par les pionnières, tel est le bilan détaillé par Claire Saddy, le jour de cette inauguration officielle. Laquelle prenait la forme inédite d'une émission TV en direct de TLM baptisée « Salut les Pionnières ».

Parce que les femmes créatrices d'entreprise sont encore trop rares (à peine 30% sur la totalité des créations) et rencontrent des freins spécifiques, un incubateur au féminin est bienvenu. "Ici, outre l'appui technique et professionnel (financier, juridique, marketing...), j'ai trouvé des valeurs humaines, de la bienveillance, une vraie communauté », témoigne Béatrice Supiot qui couve "Jardins Poétiques", une entreprise devant mettre sur le marché des yaourts aux saveurs inédites, par exemple aux fleurs.

"C'est un endroit où on ne se sent pas jugé par ses pairs, où on peut rompre véritablement l'isolement du chef d'entreprise", renchérit Marine Elek qui est en train de lancer avec un associé marocain 2 Rives TV, une chaîne de télévision éducative franco-arabe.

Intelligence collective

Ils sont 8 pour accompagner ses pionnières à mener à bien leur projet (6 femmes, deux hommes) et ils soulignent la spécificité de l'incubateur par rapport à d'autres, où certaines d'ailleurs avaient tenté leur chance : un accompagnement très personnalisé, des formations de type comportemental, l'importance accordée au groupe.

Ainsi existe depuis mai un atelier de co-développement, animé par Carole Buffelard, spécialiste de codev, un process bien structuré :

"une pionnière arrive avec une question très précise et le groupe de 6 à 8 autres pionnières, apporte ses réponses. Le groupe devient consultant, en quelque sorte. C'est de l'intelligence collective".

Des pionnières de plus en plus jeunes

Elles ont en moyenne 39 ans, ont souvent une vie professionnelle derrière elle, mais veulent se lancer. L'incubateur reçoit 200 demandes par an, décortique 60 projets au cours d'un premier entretien. Le comité de sélection en retient chaque année de 20 à 25, l'innovation et la création d'au moins trois emplois s'avérant des critères essentiels.

Fait nouveau, Rhône-Alpes Pionnières voit frapper à sa porte des candidates de plus en plus jeunes, tout juste diplômées et qui veulent tout de suite entreprendre.

"Pour ces jeunes, nous sommes en train de finaliser un parcours spécifique qui pourrait s'insérer déjà dans leur formation scolaire", dévoile Marie Trouhet-Viel, déléguée générale.

Un accompagnement dure en moyenne 9 mois et coûte 2.800 euros à la collectivité. L'incubateur bénéficie de nombreux soutiens financiers parmi lesquels Orange, Caisse d'Epargne Rhône-Alpes, Groupe Caisse des Dépôts, MAAF, la Région, Grand Lyon Métropole (l'incubateur vient tout juste d'être labellisé Lyon Ville de l'Entrepreneuriat), la CCI de Lyon... Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon, a annoncé ce jour d'inauguration vouloir soutenir de manière plus résolu cette démarche d'entrepreneuriat au féminin.