Comment Lyon veut devenir la future place forte des assurtech

La métropole de Lyon s’est engagée à faire de la filière de l’assurance un pôle d’excellence d’ici quelques années. Un soutien politique bienvenu pour la seconde plus importante place de France, qui doit se traduire par des appuis à l’innovation, aux acteurs existants et à la formation. Objectif : devenir une métropole assurtech.

C'est l'une des volontés de la Métropole inscrite dans son programme de développement économique pour la période 2016-2021 : faire de Lyon une place forte de l'assurance. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un secteur nouveau sur le territoire (les premières sociétés d'assurances s'étant installées dès le XVe siècle), cette filière fait désormais partie des écosystèmes que la collectivité souhaite soutenir et développer afin de "faire émerger un pôle d'excellence".

Moins mise en lumière que d'autres jusque-là, l'assurance est pourtant attractive et puissante. Sur la partie Rhône-Alpes, elle emploie 11 000 personnes, dont 5 000 dans la capitale régionale, pour un chiffre d'affaires avoisinant les 20 milliards d'euros, tous secteurs confondus. Elle est principalement concentrée sur le territoire lyonnais, six grands groupes (April, Apicil, Sham, etc.) y ont leur siège social, 25 directions régionales de sociétés nationales, et est complétée par un pôle formation complet.

Des lacunes à combler

Au fil des années, la filière s'est développée en un écosystème structuré faisant "alors de Lyon la 2è place forte de l'assurance en France", souligne Philippe Gléran, président de l'Association interprofessionnelle de l'assurance lyonnaise.

"Il n'existe aucun autre exemple en France de territoire aussi dynamique, réunissant l'ensemble des forces d'une filière", présente Philippe Barret, directeur général d'Apicil.

Pour la Métropole, il est donc venu l'heure de la soutenir activement. Son objectif : "Augmenter sa notoriété, valoriser cette spécificité du tertiaire lyonnais en permettant de renforcer l'attractivité du territoire dans le domaine des services aux entreprises et aux particuliers et stimuler l'émergence de nouvelles entreprises dans la filière."

Hissée parmi les grandes places françaises de l'assurance, la métropole de Lyon peine cependant à combler quelques lacunes notamment sur ses difficultés à recruter, essentiel pour tout territoire qui se veut leader.

"Cette mise en lumière politique peut ainsi favoriser la capacité à attirer les talents et les compétences", espère Philippe Barret.

Soutenir la formation

Une problématique pointée du doigt par l'ensemble des acteurs et que le programme de développement économique veut panser "en soutenant des initiatives en matière de formation et d'innovation" renforçant alors le volet formation déjà existant et "reconnu". Aujourd'hui, il dispose de plusieurs instituts comme celui de science financière et d'assurances (ISFA), celui des assurances de Lyon (IAL) ou encore de formation de la profession de l'assurance (IFPASS).

Mais "touchés aussi par la transition numérique, nous devons savoir avoir des formations de qualité, qui évoluent avec les dernières innovations, relève Nicolas Leboisne, directeur de l'ISFA. Ce soutien par la Métropole, nous permet dès lors de penser le futur de l'assurance en préparant au mieux les prochains talents, et en les gardant".

Objectif : métropole assurtech

Une autre marche reste aussi à gravir pour Lyon, notamment sur le plan de l'innovation. "Les entreprises doivent innover, c'est une nécessité et non une option", reconnaît Abdel Belaroussi, directeur du développement régional Sud-Est d'Harmonie Mutuelle. La plupart sont déjà dans une démarche d'innovation, pensent, créent, distribuent de nouveaux produits et services clients, quand d'autres s'engagent auprès de startups afin de détecter les innovations en matière de santé connectée par exemple. Harmonie Mutelle accompagne depuis peu des startups avec le pôle de compétitivité Minalogic à Grenoble. Le big data est aussi l'une des priorités de la filière sur laquelle les acteurs veulent se positionner et peser, marqueur de leur avenir.

"L'enjeu sur la gestion des données de masse est crucial comme dans la fintech", estime Nicolas Leboisne.

Des startups se sont déjà emparées de la question, et des formations dans ce sens seront bientôt proposées. Dès lors Lyon pourrait prétendre à devenir une place forte des assuretch. "Avec toutes ses composantes, c'est tout à fait possible", remarque Nicolas Leboisne.

"Lyon a tous les atouts pour l'être d'autant plus avec désormais ce soutien politique, souligne Philippe Gléran. Mais ce ne sera le cas que si tout le monde est force de proposition tant sur le numérique, que sur la gestion des données, les ressources humaines ou la formation."

Des acteurs qui travaillent déjà "ensemble" depuis des années sur les questions de leur avenir et devraient se réunir début octobre pour définir la suite à donner après la publication du programme de développement économique de la Métropole. Un événement pourrait se tenir à Lyon en 2017, donnant ainsi un premier coup de projecteur sur leur métier.

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