Comment l'innovation peut ouvrir de nouveaux marchés

L'innovation est le mantra des entreprises pour se développer et s'ouvrir de nouveaux marchés. La démarche est pourtant longue et incertaine. Éclairages avec Nicolas Osanno du Groupe O2 et Lionel Sitz de l'emlyon, lors de la conférence "Innovation : développez de nouveaux marchés !" organisée au Lyinc par Acteurs de l'économie - La Tribune avec l'Advanced Management Programme de l'emlyon business school.

Nicolas Osanno, directeur exécutif du Groupe O2 et diplômé de l'Advanced Management Programme de l'emlyon, a su mettre à profit cette formation pour conduire hardiment son groupe sur le chemin de l'innovation. Spécialisé dans l'équipement des piscines privées et familiales, le Groupe O2 est une fédération de PME qui fabrique, commercialise et distribue ses produits auprès de 2 500 professionnels du secteur. A travers 6 marques, elle emploie 270 personnes et s'appuie sur 6 unités de fabrication. "La réglementation en France concernant la sécurité des piscines est très stricte mais il y avait un trou : que faire quand les dispositifs, barrières, volets, sont levés ? Comment assurer la sécurité des jeunes enfants quand la piscine est ouverte à la baignade ?"

"Has been avant d'être lancé"

Dès 2004, le groupe se lance et co-développe un outil. Celui-ci rencontre le succès auprès des pisciniers mais des problèmes techniques imposent le retrait du produit du marché dès 2007. Puis après des discussions qui se soldent par un procès avec les fabricants, le groupe décide de repartir seule en 2010. Un million et demi d'euros d'investissements et quatre ans plus tard, en 2014, une nouvelle version est prête. "Mais elle était 'has been' avant même d'être lancée, on parlait déjà d'objets connectés et nous n'étions pas dans ce format".

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Nicolas Osanno (Photo : Laurent Cerino/ADE)

Aide à la surveillance

En novembre 2016, le Groupe O2 arrive enfin à bon port en présentant,son produit No Stress - un assistant connecté contre les risques de noyade - d'abord aux particuliers via un site de vente en ligne dédié, puis aux professionnels lors du Salon de la Piscine de Lyon. Celui-ci relie un bracelet ou un collier équipant le jeune baigneur à un smartphone ou un phare. "Ce n'est pas une amarre mais une aide à la surveillance". Pour son produit, le groupe s'est doté d'une petite filiale dédiée, allant chercher en externe des compétences en plasturgie, design, smartphone.

"Une petite startup en interne en somme. Seuls les grands groupes industriels peuvent internaliser leurs ressources pour innover", décrypte Lionel Sitz, professeur Marchés et Innovations à l'emlyon business school. Il ajoute, au vu du parcours complexe du Groupe O2 : "une innovation de rupture passe par des hauts et des bas. Il y faut du courage, de la persévérance et des moyens financiers. On avance souvent sans savoir. On ne saura que rétrospectivement si l'innovation est légitime."

Le produit, et la vie qui va avec

Lionel Sitz précise aussi qu'il faut bien différencier le développement technique et le commercial, "on n'achète pas une technologie mais un service, une solution. L''innovation doit s'insérer dans une pratique de consommation. il faut inventer le produit et la vie qui va avec." La commercialisation de No Stress est passée par le lancement en interne d'un site internet dédié, avec création des équipes adéquates, concomitamment au rachat par le groupe de Sokool, société spécialisée dans les abris de piscines, confortant ainsi sa position sur le canal de la vente directe aux particuliers.

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Lionel Sitz (Photo : Laurent Cerino/ADE)

De nouveaux marchés

Déjà présent dans 57 pays, le groupe fait une pause avant de commercialiser No Stress à l'international. "Nous sommes très attendus en Europe mais nous irons doucement. Nous allons d'abord nous concentrer sur le marché français pour asseoir la notoriété de No Stress. En revanche nous pensons déjà à une nouvelle version. Nous sommes très sollicités pour aller sur de nouveaux marchés comme par exemple celui des personnes handicapées, celles atteintes d'Alzheimer ou les plaisanciers." Lionel Sitz conclut : "les marchés se saturent très vite. Il faut se différencier en innovant."

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