[Vous avez dit vacances ? Paroles de patrons 4/5] Stéphanie Paix : "Les vacances sont indispensables à l'équilibre"

Cet été, Acteurs de l'économie - La Tribune sollicite plusieurs dirigeants autour de la notion des vacances. Entre dérision, plaisir, interrogation sociétale et plus-value pour l'entreprise, ces hommes et ces femmes se livrent sans fioriture. Quatrième épisode, avec Stéphanie Paix, président du directoire de la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes.

A bien y réfléchir, j'aime de plus en plus les vacances ! La constante, c'est que j'apprécie aussi quand elles se terminent pour retrouver mon métier et mes occupations. Déjà, enfant, j'adorais la rentrée des classes. Retrouver mes amies, mes professeurs. Savoir que l'année qui viendrait réserverait des surprises et surtout beaucoup à apprendre. Ce qui est toujours vrai.

Les vacances sont indispensables à mon équilibre de deux façons : casser le rythme et ralentir. Prendre le temps de traîner, n'avoir aucun programme, profiter du temps qui passe.

La première chose que je fais, lorsque j'arrive sur mon lieu de villégiature est d'enlever ma montre. Je me mets ainsi en mode "fil de l'eau". Peu importe où je suis, je commence par... ne rien faire. Cette posture est parfois angoissante : l'impression de ne plus avoir de repère, de perdre mon temps, la peur de m'ennuyer, aussi. Mais il s'agit d'une phase de transition indispensable pour retrouver un autre équilibre. Peu à peu, j'ai l'impression de recoller avec mon rythme naturel : sommeil, repas, sport, balades, une autre vie sociale, choisie, en famille et avec des amis, le tout basé sur mes envies, et sans contrainte. Et puis je lis. De manière boulimique, compulsive, tout ce qui me passe sous la main. Pour rentrer dans une histoire, il faut avoir l'esprit libéré et apaisé.

Enfin, j'arrive de mieux en mieux à ne pas regarder mon smartphone à longueur de journée : l'expérience de la déconnexion est réalisable et n'est pas si compliquée, quand on est passé par la case "grand vide".

Faut-il les supprimer, les assouplir ou revoir leur durée ?

Il ne faut certainement pas les supprimer. La vie professionnelle, dans tous les secteurs, pour tous les métiers, est une course continue et va de plus en plus vite. Nous sommes de plus en plus sollicités, avec des délais de réponse toujours plus courts. Il est donc indispensable de couper. De faire une pause. Ce n'est pas tant la fatigue physique, qui est en cause, mais l'épuisement psychique.

Quant à leur durée, il faut distinguer le droit - ou la pratique - des branches et des entreprises -, et ce dont nous avons besoin. Nous ne sommes pas égaux devant le besoin de repos. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elles devraient être entièrement modulables - ce serait ingérable, et se traduirait certainement pas des abus. Néanmoins, nous voyons bien que les pratiques ont changé : on part plus souvent et moins longtemps à la fois.

Les modifications sociétales ont aussi un impact : les familles recomposées entraînent des besoins de regroupement différents, qui modifient eux aussi les rythmes. Surtout, notre hyperconnexion rend nos temps de repos moins efficaces. Et un décrochage long de son travail peut être angoissant.

Les vacances font partie d'un équilibre dans le cycle long d'une année. Les sacrifier ne rend ni service aux bénéficiaires ni aux entreprises.

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