Les émotions sont un peu comme des panneaux signalétiques sur une autoroute. Elles ne sont rien de plus qu'une information que l'on peut prendre en compte ou pas. Mais à force de ne pas les écouter, il y a un risque de dérapage. Car, globalement, les émotions ont un effet positif - fonctionnel - qui vise à gérer intuitivement les situations complexes.

Toutefois, on constate que la peur, lorsqu'elle est infondée, est une émotion qui peut avoir des effets bloquants. Et le problème c'est que plus de 90 % des peurs que l'on éprouve au quotidien sont de cette nature, à savoir imaginaires ou fantasmées. Pour avancer il faut donc savoir transformer ces peurs toxiques en émotions positives - l'espoir par exemple - grâce à son intelligence émotionnelle. Malheureusement, tout le monde n'est pas doté de la même manière.

Une "intelligence courage"

Pour ce qui est des entrepreneurs et des dirigeants d'entreprise, on remarque que ceux qui sont doués d'intelligence émotionnelle sécrètent moins de cortisol (hormone du stress), gèrent plus facilement la complexité, ont une meilleure santé et sont moins sensibles au burnout. L'ensemble des compétences émotionnelles les aide à accepter un niveau de risque modéré dans leurs prises de décisions. Or, c'est le nerf de la guerre pour un entrepreneur. Bien que l'époque nous pousse à l'inverse, la prise de décision et la gestion du risque sont indissociables du statut d'entrepreneur. On pourrait d'ailleurs rebaptiser l'intelligence émotionnelle "intelligence courage" ; le courage d'oser, de choisir, de trancher, de réformer, d'innover...

Certes, quelques entrepreneurs ont fait leur succès en ré-imaginant l'existant, mais bien souvent, ils n'ont pas tenus sur la durée. Ils ont eu des idées de génies, sans avoir su rendre leur aventure collective, ne parvenant pas à rendre leur enthousiasme et autres émotions positives contagieuses à l'ensemble de leurs salariés. Aussi, avons-nous observé que les personnes dont le quotient émotionnel est élevé sont moins "pervertibles" et savent créer les conditions d'un bien-être social autour d'eux.

Profiter de la plasticité cérébrale

Pour autant, il ne faudrait pas croire que l'intelligence émotionnelle est seulement innée. La plasticité cérébrale théorisée ces dernières années, nous permet de développer ces capacités avec un peu d'entrainement et un brin de curiosité et d'audace. Ainsi existe-t-il des plans de formation et de développement personnel délivrés dans  certaines business school et qui sont bénéfiques. Mais on peut aussi améliorer son QE en changeant un peu son hygiène de vie.

On sait par exemple que lire à haute dose des romans de fiction permet à notre cerveau de mieux comprendre la psychologie humaine (en s'inspirant de celle des personnages de fiction), et de développer ainsi son empathie émotionnelle, comprenez sa capacité à mieux lire les émotions d'autrui. On peut également faire l'exercice de penser dans sa deuxième langue afin de simplifier un problème en allant à l'essentiel, le fameux gut feeling comme dise les anglosaxons.

Beaucoup de techniques existent pour mesurer l'intelligence émotionnelle, mais peu sont fiables. Il faut par exemple oublier tous les tests gratuits accessibles sur internet, mais aussi les tests auto-évaluatifs qui reposent sur un ressenti subjectif. C'est pour cette raison que nous avons développé, en collaboration avec Lisa Bellinghausen, docteur en psychologie à Paris Descartes, un test de performance difficile à biaiser qui est aujourd'hui utilisé par un grand nombre d'entrepreneurs et de managers d'entreprise.