Le risque d'un krach écologique est possible

Devant l'inertie, le cynisme ou l'aveuglement des dirigeants politiques, économiques et financiers, nous risquons de vivre un véritable effondrement, un krach écologique, avant 2050. Il ne faut pas croire que nous serons capables d'inventer une solution technique miraculeuse pour effacer l'ardoise écologique. Demain, il sera sans aucun doute trop tard. Par Geneviève Ferone Creuzet, co-fondatrice associée de Casabee, cabinet de conseil en stratégie et prospective durables, et membre du conseil d'administration de la Fondation Hulot.

Concernant le changement climatique, l'ensemble de la communauté économique, politique ou scientifique se réfère à un horizon temporel à l'échelle du siècle. Cependant, le recours toujours dominant aux énergies fossiles, la pression sur les ressources naturelles, la croissance démographique, la généralisation des différentes formes de pollution, rendent chaque jour plus tangible et irréversible notre saut vers l'inconnu.

Serions-nous comme ces créatures de dessin animé qui courent à toute vitesse au bord d'un précipice et qui sur leur lancée, ne réalisent toujours pas qu'elles pédalent dans le vide, avant de s'effondrer ?

Faire sauter les verrous

De fait, devant l'inertie, le cynisme ou l'aveuglement des dirigeants politiques, économiques et financiers, nous risquons de vivre un véritable effondrement, un krach écologique à un horizon plus court, avant 2050. Le temps presse, nous devrions déjà utiliser tous les leviers technologiques entre nos mains, pour améliorer l'efficacité énergétique, recourir massivement aux énergies renouvelables, sortir des énergies les plus polluantes, cesser nos subventions aux énergies fossiles et améliorer nos filières de valorisation et de recyclage.

Certains semblent croire que le moment venu nous serons capables d'inventer une solution technique miraculeuse et de la déployer sur l'ensemble de la planète pour effacer l'ardoise écologique. Mais ce sera trop tard, sans aucun doute. C'est maintenant qu'il nous faut développer une nouvelle civilisation libérée de notre dépendance fatale aux énergies fossiles et d'une façon générale à nos modes de production fondés sur la prédation des ressources. Ce ne sont pas des verrous technologiques qu'il faut faire sauter mais bien des verrous psychologiques et politiques.

"Collectivement"

Nous avons assez de charbon, de pétrole et de gaz sous nos pieds pour faire exploser la bombe climatique avant 2050. Faisons preuve de responsabilité et de tempérance collective face à cette tentation et ce défi. Jamais le mot "collectivement" n'aura été chargé de plus de sens et de force. C'est bien là que le bât blesse, nous ne nous sentons pas unis dans un combat qui concerne chacun d'entre nous, à chaque instant de sa vie, et en priorité ceux qui ont largement contribué à gonfler cette dette écologique en toute impunité.

L'élection de Donald Trump en novembre dernier est l'illustration la plus criante de cette incapacité à nous sentir reliés les uns aux autres. Trump et ses soutiens économiques sont l'incarnation de cette aristocratie fossile, incapable de renoncer à cette économie de rente bâtie depuis des décennies, incapable d'imaginer l'avènement d'un ordre nouveau dont ils ne seraient plus les maitres. Trump, c'est le nouveau docteur Folamour qui s'est emparé de la barre du Titanic !

Irréversibilité

Le monde qui s'annonce paraît plus sombre, moins solidaire, plus fracturé et plus complexe. Nous sommes sur le fil du rasoir, et à tout moment nous pouvons basculer dans une terra incognita, sans force de rappel possible malgré tous nos efforts. Alors sera venu le temps de l'irréversibilité, au sens physique du terme, sur une planète en surchauffe, comptant plus de 9 milliards d'habitants à l'horizon 2050.

Assurément la ressource la plus rare aujourd'hui n'est ni l'argent, ni la matière grise, ni la dernière goutte de pétrole ou d'eau ; c'est tout simplement le temps. Il faut du temps pour changer de cap et choisir une trajectoire durable et responsable, mais nous en avons de moins en moins : quand le comprendrons-nous à l'échelle de l'humanité ? Existe-t-il d'ailleurs une humanité ou sommes-nous juste des individus prisonniers de nos désirs et de nos égoïsmes ?  L'Amérique de Donald Trump nous renvoie à cette question ultime qu'il faudra bien trancher à ce tournant crucial de notre histoire.

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