Un "GUN" pour sauver la politique française

Alors que les Français ont semblé enterrer un demi-siècle de vie politique reposant sur une bipolarisation droite-gauche, une nouvelle séquence s'ouvre avec la formation du gouvernement. Azouz Begag, ancien ministre, chercheur au CNRS, écrivain, estime que la formation d'un "Gouvernement d'Union Nationale", hétéroclite et ouvert sur la société civile intervient au meilleur moment. Ces hommes et femmes auront un dessein commun : "restaurer notre démocratie, les valeurs de la République et relancer l'économie nationale". Une initiative qui apparaît comme une dernière chance pour la France.
(Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l'Economie)

En France, nous assistons en ce printemps 2017 à une révolution politique. Certes, pas comme celle qui a secoué la Tunisie et l'Egypte en 2010, mais quand même, le "dégagisme" était présent dans les esprits. Un scénario inédit de "recomposition", orchestré par un jeune président audacieux et déterminé à réformer le pays s'est mis en route il y a un an, bénéficiant de nombre de facteurs positifs et convergents. La nette victoire électorale d'Emmanuel Macron, sur la candidate du Front National, faut-il ne jamais l'oublier, a quelque chose de grisant par son caractère inattendu, rapide et transformationnel. C'est un changement d'air et d'ère.

Cratère du volcan

En effet, une génération en remplace une autre, en tout cas, elle enterre un demi-siècle de vie politique française reposant sur une bipolarisation droite-gauche qui, non seulement, n'a permis aucun changement structurel de notre pays, mais de surcroît à fatigué, usé, abîmé la démocratie. Ces derniers jours, subitement, le paysage politique s'est éclairci. Les deux grandes "familles" politiques qui squattaient le pouvoir depuis des décennies sont divisées, ringardisées. Beaucoup de ténors politico-médiatiques en vogue depuis plus de trente ans sont renvoyés à un passé lointain, bottés en touche.

Les temps changent, sous nos yeux, en direct. Il était temps ! Car qui n'a pas senti au cours de cette campagne présidentielle monter la colère du peuple, le dégoût que lui inspiraient depuis des années la corruption, à gauche et à droite, la tricherie, l'abus de pouvoir ? Qui n'a pas vu depuis des années se fracturer la relation entre les politiques et le peuple ? Qui n'a pas vu monter la menace du Front National ? L'aspiration au changement, au vrai changement, lors de cette élection, était dans le cratère du volcan. Heureusement, le pire a été évité.

Terminer la révolution de 1789

Maintenant, il faut affronter le plus dur. Les Français doivent se réapproprier leur politique, leur pays, leur nation. Et pour cela, tant que dans le système politique, il y aura plus de privilèges que d'inconvénients, l'inflation de candidatures subsistera à toutes les élections et dévalorisera la fonction. Car les gens disent : "s'il y a autant de candidats, c'est que la place est bonne !" Il faut donc abolir ces privilèges que la Révolution de 1789 n'a pas éradiqués et qui nous ont donné à voir ce pitoyable spectacle du mercato politique et de l'avilissement personnel d'un ancien Premier ministre, après la victoire du nouveau Président. Le pouvoir use, surtout ceux qui ne l'ont pas... Déprofessionnaliser la politique pour combattre l'ivresse du pouvoir.

Le nouveau Président a promis de bouleverser la manière de faire fonctionner la démocratie française. Comme une Mobylette, pour avancer il lui faut du mélange... Nous le suivons. Il va moraliser la vie politique afin de restaurer le crédit des élus auprès de leurs concitoyens. C'est une urgence vitale. Nous y croyons. Il a promis un Gouvernement d'Union Nationale, un projet que je défends depuis dix ans avec François Bayrou. Le nouveau Premier ministre s'y est attaché. Nous applaudissons.

Le bon moment pour l'ouverture

La séquence politique qui semble s'installer en ce printemps 2017 est celle des jeunes, des compétences et de la "société civile". C'est une excellente nouvelle. Comment pouvait-on nier que les compétences et la crédibilité des uns et des autres, à droite, à gauche, au centre, sont bonnes à conjuguer dans un gouvernement national ? Nicolas Sarkozy avait tenté de le faire, mais dans l'esprit de débauchage avilissant pour les personnes.

Emmanuel Macron le réalise, cette fois dans un autre esprit et au bon moment. Des ministres, incarnant la diversité française, vétérans et nouveaux-arrivants, de toute obédience politique vont se retrouver demain à l'Elysée autour d'un dessein commun : restaurer notre démocratie, les valeurs de la République et relancer l'économie nationale. Quand il y a une volonté, il y a un chemin... Le souffle est là.

Lors de sa première apparition sur TF1 le lundi 15 mai, Edouard Philippe affirmait qu'il était homme de droite parce qu'il aimait la valeur de la liberté, notamment la liberté d'expression. Il faut espérer que tous les ministres "Société civile" qui seront appelés autour de lui vont utiliser et faire vivre cette valeur. Comme j'ai tenté de le faire il y a dix ans dans mon action ministérielle, qu'ils s'expriment avec leurs convictions, leur franc-parler ! Qu'ils renient la "langue de bois" ! Qu'ils ne cherchent pas copier les "pros", à faire carrière, mais restent lucides face aux sirènes du Pouvoir.

Les Français comptent sur eux pour croire encore en la politique. Le peuple a, pour un temps, tourné le dos à l'extrémisme du Front National. Il a essayé la droite, il a été déçu. Il a essayé la Gauche, il a été amer. Il accepte maintenant d'essayer une famille républicaine  recomposée... comme une dernière chance pour la France. Cette fois, les politiques n'ont pas intérêt à trahir sa confiance.

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