L'évidence numérique en Auvergne-Rhône-Alpes oui, mais encore un effort

Le numérique est pleinement intégré à l'ensemble des champs de la société. La région Auvergne-Rhône-Alpes en a fait sa stratégie d'avenir et les enjeux sont colossaux néanmoins pour Jean-Pierre Verjus, président du conseil scientifique de Digital League et du conseil de surveillance de Digital Grenoble, il faut poursuivre la dynamique et les efforts afin de faire en sorte que l'évidence numérique soit bel et bien établie.

Le numérique, qu'il soit substantif ou adjectif, est omniprésent, dans la société, et dans l'économie, chez les scientifiques, les philosophes, les ingénieurs, les professeurs, les sociologues, les économistes ou les politiques. C'était notre credo, un peu dans le désert il y a cinq ans, un peu moins en janvier 2016 lorsqu'Acteurs de l'économie-La Tribune m'a proposé d'interpeller la Région sur ce sujet. Faut-il encore revenir sur son évidence ? En 15 mois, nous avons eu de nouveaux exemples de prise de conscience de l'importance du numérique. Pour n'en citer que quelques-uns sur notre territoire :

  • En juillet 2016, le label métropole French Tech est réattribué à Lyon et à l'Alliance French Tech in the Alps (regroupant Annecy, Chambéry, Grenoble, Valence/Romans) ; ce même jour, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et les deux métropoles French Tech sont incluses dans le dispositif des réseaux thématiques French Tech, portant à sept les agglomérations de la région Auvergne-Rhône-Alpes identifiées sur la carte French Tech, dont l'ADN est bien entendu numérique (ou digital en franglais),
  • Le pôle de compétitivité Minalogic se définit comme le "pôle mondial des technologies du numérique" et élargit son implantation à Saint-Etienne puis à Lyon,
  • En mars 2017, Numelink et le Cluster Numérique fusionnent et donnent naissance à Digital League, rassemblant des entreprises appartenant aux mêmes territoires que ceux où se sont créées des initiatives French Tech,
  • Au même moment, la Région met en oeuvre son grand projet de campus numérique en labellisant six formations,
  • Et durant toute cette période, on ne compte pas les créations d'incubateurs, accélérateurs, espaces de coworking, salons et événements, nouvelles formations, de nature publique, privée ou mixte.

Intégration

Je définis le numérique comme l'intégration des technologies informatiques et de télécommunication dans les produits, les services et les usages de tous les domaines économiques, éducatifs, scientifiques, culturels, administratifs et sociétaux. Pour une entreprise - de l'auto-entreprise à un grand groupe en passant par les startups, TPE, PME ou ETI - une administration, un établissement scolaire ou universitaire, un établissement de santé, une association, le numérique intervient à tous les niveaux : dans ses relations aux clients (communication, marketing, SAV, profilage, etc.) ; dans la gestion de ses processus internes (finance, RH, aide à la décision, etc.) : cette informatisation, commencée au siècle dernier, est aujourd'hui d'usage quasi universel, avec des niveaux de sophistication différents ; et dans son cœur de métier : chacun n'a pas forcément mis un moteur informatique pour produire ses objets ou ses services, mais il est plus facile aujourd'hui d'identifier ceux qui n'en ont pas (encore) besoin que ceux qui en font usage.

Ces transformations numériques ont deux leviers : la formation et l'aide à la  création et à la croissance des startups.

Encore des efforts

La formation au numérique sera initiale et continue : dès l'école, afin qu'on donne à tous les citoyens les moyens d'avoir un usage averti des outils et concepts élémentaires ; dans les formations professionnelles et à l'université puisque l'informatique est le nouveau moteur des métiers et des autres sciences ; et enfin, dans des formations spécialisées, publiques et privées, pour former les experts informaticiens. Ce levier-là mérite encore des efforts.

On ne reviendra pas sur les modalités d'émergence des startups, en particulier celles qui innovent par les usages, de leur croissance - organique ou par fusion-acquisition -, ou de leur absorption par des grands groupes en recherche d'innovation : près de 10 000 startups ont été créées en France [1] dont 2/3 en régions hors Île-de-France, ce levier-là est bien armé.

Et après ?

Restera à évaluer les dispositifs mis en place. Ceux qui sont de nature et de financement privés seront sanctionnés par leur marché. En revanche, ceux qui sont financés en tout ou partie par de l'argent public devraient être sérieusement évalués, au moins en mettant en valeur les succès en quantitatif (combien d'emplois) comme en qualitatif (à quand la première licorne issue de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?).

Au-delà, l'évidence numérique sera établie lorsqu'à l'image du langage parlé ou des mathématiques élémentaires (en tant que concept) ou de l'électricité ou du vélocipède (en tant que dispositif), nous aurons fait le nécessaire pour l'intégrer dans notre formation et nos usages.

[1] https://agencedunumerique.gouv.fr/wp-content/uploads/2016/10/20170323_Rapport-dactivite-Agence-du-Numerique.compressed.pdf

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