France, tu as peur, fais ta révolution émotion !

Face aux peurs qui envahissent notre société et aux lourdeurs de la France, Jacques Séguéla en appelle à la "Révolution Émotion". Une solution qu'il développe dans l'essai "Contre nos peurs changeons d'intelligence !", coécrit avec Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale à l'emlyon business school.
Jacques Séguéla

La France est à bout de souffle, rongée par un asthme sociologique que nul corticoïde économique ne sait guérir. Le pouvoir n'est nulle part, la politique se dépolitise, la justice se médiatise, l'église pêche, l'entreprise n'a plus de prise et, lorsque la rue s'en mêle, elle s'emmêle. Notre société se bipolarise non plus entre droite et gauche, mais entre vrais réacs et faux modernes. Les premiers s'accrochent à leurs privilèges, et se nombrilisent. Les autres - penseurs, réformateurs, agitateurs - veulent sauver le monde, un monde qui désormais tourne sans eux. La vie est mouvement, la France s'ankylose. Chacun sent venir le déclin de ce pays de toutes les richesses, devenu au fil de son nombrilisme et de son immobilisme celui de toutes les peurs. Pas de panique ! le remède existe, c'est le quotient émotionnel antidote complémentaire du quotient intellectuel.

Fils de QI

Nos anciens dirigeants étaient tous fils de QI, comment leur demander de nous conduire vers les rives de la sensibilité, de la réactivité, de l'impulsivité ? Les nouveaux quittent les berges de l'intellect pour aborder celles de l'affect, plus propices à la lutte contre la froideur des mœurs et la morsure du temps. Ils sont sur la bonne voie.

Domineront demain les femmes et les hommes capables de nous offrir un espoir alternatif. Jamais nous n'avons eu une telle soif de changement. Ils ne parleront pas d'évolution, mais d'un autre monde, de civilisation nouvelle, de vie différente. Face aux simagrées de réforme dont nous ont abreuvé sans succès nos gouvernements successifs, cette nouvelle société civile enfin réveillée saura nous proposer un scénario crédible à long terme. Ses projets nous emporteront vers un système bio-sociétal, intégrant variétés à l'infini. L'impératif moral sera de règle, l'interactivité de nécessité. Nous entrerons dans un monde tout dialogue. S'écouter et se parler créera une vie nouvelle. L'Etat lui-même fera sa mue pour créer l'Etat participatif à économie hybride mi-public, mi-privé, mi-social, mi-capital.

Maîtriser les arts sociaux

N'en déplaise aux caciques, cette next generation "En Marche" comme la veut Emmanuel Macron, sera émotionnelle ou ne sera pas. Dans cette guerre des anciens et des modernes, le QE trace la ligne de démarcation entre la France d'hier et celle de demain. Celle, fille de Descartes, campant sur ses certitudes, développant dès la petite école son intellect que les grandes écoles érigeront en religion de succès. Face à elle se lèvent les fils et filles de Jean Cocteau, de Jacques Prévert, de Coluche, de Serge Gainsbourg, mais aussi de Gustave Eiffel, d'André Citroën, de Marcel Dassault, de Francis Bouygues. Ils portent en leur cœur, le talent de l'affect, cet antidote à un monde d'anxiété et de férocité. Existe-t-il un autre moyen de lutter contre cet atavisme qui nous ankylose. Pour combattre une force supérieure, un seul geste sauve : la retourner contre son assaillant. C'est la leçon des arts martiaux, devenus arts sociaux. Face à la peur, armons notre QE, mobilisons nos émotions, libérons-les, elles nous libéreront. Voici venu le temps de la révolution.

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