Bien-être au travail : "oui" au revenu universel

L'idée d'un revenu universel a fait son entrée dans le débat de la primaire de la gauche. Le candidat Benoît Hamon est l'un de ses fervents défendeurs. Mais l'idée n'est pas nouvelle. A Lyon, le collectif Les Inconditionnel.le.s milite pour l'instauration de revenus de base pour "sortir d'une vision employaliste du travail" et répondre à cette volonté de bien-être et d'émancipation du salarié.

Notre modèle social ne peut plus reposer exclusivement sur l'organisation marchande et l'emploi. La logique implacable de concentration capitaliste associée au développement des nouvelles technologies provoquent une accélération des inégalités entre humains et une destruction des ressources et de l'équilibre écologique.

En France, d'ici 20 ans, l'automatisation et la numérisation pourraient être responsables de la disparition de près de 50% des emplois. Les tenants de la "destruction créatrice" théorisée par Joseph Schumpeter ne semblent pas voir aujourd'hui que la tendance séculaire au "déversement" trouve ses limites depuis un quart de siècle. Ces limites se traduisent par une explosion du chômage, un solde de création d'emplois durablement négatif, et une dégradation de la qualité de ces mêmes emplois (temps partiels contraints, fragmentation horaire, ubérisation, pression sur les salaires, multiplication des emplois non socialement utiles "bullshit jobs").

Minimum ou suffisant ?

L'objectif de "plein-emploi", affiché par la quasi-totalité du personnel politique, ne peut aujourd'hui être atteint que par un partage des emplois réels, imposant une nouvelle phase dans le mouvement continu (depuis 150 ans) de la réduction du temps de travail.

Par ailleurs, les travailleurs de plus en plus qualifiés sont à la recherche d'une autonomie plus grande dans le travail, tant dans les façons de l'organiser que dans le choix des projets. Beaucoup souhaitent s'orienter vers les secteurs de l'économie verte, non lucrative, de la culture ou de l'économie sociale et solidaire qui répondent aux urgences planétaires et aux besoins de socialisation de la communauté humaine.

Face à ce grand écart entre organisation économique, politique et sociale inadaptée à nos besoins d'émancipation et de bien-être, une réponse astucieuse et réaliste est de mettre en place un revenu de base. Traduction française du basic income anglophone, cette allocation n'est pas à penser comme un "minimum", mais comme un "suffisant", en fonction des objectifs qui lui seront assignés : éradication de la pauvreté, lutte contre les inégalités, émancipation citoyenne, épanouissement personnel, mise en œuvre réelle du droit au revenu inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, simplification et efficience administrative.

Pouvoir de négociation

Ce revenu serait versé à tous les résidents légaux de façon individuelle et inconditionnelle, c'est-à-dire sans exigence de contrepartie ni contrôle des ressources, et de façon universelle donc sans critère d'âge ou d'activité, et enfin cumulable avec tout autre revenu. Un revenu de base qui permettrait non seulement de faire en sorte que les gains de productivité associés à la numérisation des emplois bénéficient à tout le monde, mais favoriserait en même temps le développement de richesses nouvelles.

Avec un revenu de base couvrant les besoins premiers (alimentation, logement), nous pourrons nous consacrer à ce qui nous paraît utile pour nous et notre environnement, développer notre "créactivité" (contraction de créativité et activité) pour sortir d'une vision employiste du travail. Les salariés disposeront d'un pouvoir de négociation réel face à leur employeur dans les structures où les syndicats n'existent pas, et les employeurs auront une meilleure garantie sur la motivation de leurs salariés.

Une alternative

Mais quel changement de mentalité ! Et en même temps quelle nécessité pour sortir de la spirale autoritaire des pouvoirs concentrés dans les mains de quelques professionnels de la politique, d'une poignée de milliardaires et/ou de multinationales. Donner à chacun.e la possibilité de choisir vraiment est un enjeu de citoyenneté mondiale et locale.

Aussi pour nous, Inconditionnel.le.s du Revenu de Base de Lyon, pour la plupart affiliés au Mouvement Français pour le Revenu de Base, il est crucial de faire essaimer cette idée dans toute la société civile de façon à ce que chacun puisse se positionner dans cette période d'élections nationales. Mais nous ne pensons pas que cette mise en place pourra être imposée "d'en haut" de façon arbitraire, en se contentant d'une simplification qui cacherait son véritable objectif : en finir avec un modèle jugé obsolète sans proposer d'alternative. Il ne s'agit, en aucun cas, d'un revenu de base qui minimiserait, voire détruirait, la protection sociale existante, toujours dans la perspective d'une gestion optimisée au service des capitaux privés et non de l'intérêt général.

Bien au contraire, nous devons préserver les acquis fondamentaux et aller plus loin pour inventer les nouvelles protections sociales répondant aux enjeux du 21e siècle, sans  attendre un nouveau conflit mondial pour réaffirmer le droit à une nouvelle humanité, débarrassée de ses prédateurs. Comme le disait Edgar Morin : "Il ne s'agit plus de changer de système, ni de société, il est temps de changer de civilisation !"

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Commentaires 6
à écrit le 22/01/2017 à 18:14
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Encore une UTOPIE SURREALISTE de la gauche merdeuse!... Décidément, quand les pays pauvres crèvent de faim PARCE QU'ILS NE FONT RIEN, ces gens-là n'ont TOUJOURS PAS COMPRIS qu'un revenu minimum favorisera la fainéantise et le travail économiquement N...

à écrit le 21/01/2017 à 11:39
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Le problème de cette mesure, (qui n'est pas celle d'avoir bon coeur et de vouloir améliorer les choses), est qu'une fois de plus on essaye de sauver le titanic au lieu de réellement changer de civilisation. La cascade des problèmes qu'elle soulève (...

le 22/01/2017 à 0:21
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Merci de ne pas sur-interpréter nos propos ... il ne s'agit pas de renflouer le Titanic, mais de fournir un gilet de sauvetage à TOUS ses passagers, éventuellement de leur apprendre à nager, ce qui n'est pas incompatible avec des objectifs de décrois...

à écrit le 21/01/2017 à 10:48
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EXELENTE ANALYSE DE CEE GROUPE DE TRAVAIL. LE REVENUE UNIVERSEL DOIT ETRE ACOMPAGNIER D U BAISE DU TEMPT DE TRAVAIL? TOUS LE CONTRAIRE DE CE QU ON FAIT LES GOUVERNEMENT PRECEDENT DE DROITE COMME DE GAUCHE?ALLEZ AUX LES 32HEURES ET LA RETRAITE A 40ANN...

à écrit le 21/01/2017 à 10:48
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EXELENTE ANALYSE DE CEE GROUPE DE TRAVAIL. LE REVENUE UNIVERSEL DOIT ETRE ACOMPAGNIER D U BAISE DU TEMPT DE TRAVAIL? TOUS LE CONTRAIRE DE CE QU ON FAIT LES GOUVERNEMENT PRECEDENT DE DROITE COMME DE GAUCHE?ALLEZ AUX LES 32HEURES ET LA RETRAITE A 40ANN...

à écrit le 21/01/2017 à 7:56
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En tant que co-rédacteur de cette tribune, je dois signaler qu'une phrase contenant un lien a été supprimée dans un paragraphe, que je restitue ci-dessous : "Aussi pour nous, Inconditionnel.le.s du Revenu de Base de Lyon, pour la plupart affiliés au...

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