Demain... tous en startup ?

Les startups sont au cœur de l'attention médiatique comme de celle des étudiants et des jeunes diplômés. Si les grandes entreprises ont longtemps attiré les talents, pour les avantages qu'elles offrent et le statut social qu'elles proposent, on observe désormais plus qu'un changement de paradigme mais un véritable raz-de-marée de candidatures envoyées aux startups. Analyse d'Adrien Ledoux, CEO de la plateforme JobTeaser.com.

Ce n'est ni un pari fou, ni un effet de mode. Si les startups font rêver les jeunes, c'est parce qu'elles proposent un modèle proche de leur idéal professionnel. Les jeunes sont en quête de sens : ils souhaitent avoir de la visibilité et pouvoir mesurer l'impact de leurs actions pour se sentir impliqués dans la stratégie d'entreprise.

S'ils affectionnent particulièrement les startups, c'est parce qu'elles proposent le plus souvent des méthodes de travail agiles qui font la part belle à l'autonomie des collaborateurs. Ces méthodes agiles et horizontales font que ces jeunes se sentent valorisés : le prestige du poste compte désormais moins que le projet qu'on leur confie. L'engouement pour ces entreprises doit permettre aux RH et dirigeants de se rassurer sur un point : le désir d'investissement des jeunes. Le job passion a pris le pas sur le job raison.

"Mode startup"

Ce n'est pas la récence d'une entreprise qui suffit à la définir comme une "startup". Google, créée en 1998, se définit encore comme telle. Aujourd'hui, on entend par startup : une entreprise au potentiel de croissance fort, qui innove et où la flexibilité des collaborateurs est permise, tout cela rimant avec productivité.

L'effectif de l'entreprise n'est plus un marqueur d'identité. Les licornes, ces startups qui se sont développées à une telle vitesse qu'elles peuvent compter jusqu'à 500 collaborateurs, pratiquent encore le "mode startup".

Les grandes entreprises bien installées peuvent donc adopter ces codes pour attirer les jeunes. Quant aux startups en forte croissance, elles ont comme principal challenge celui de faire adhérer les nouveaux collaborateurs à la culture d'entreprise pour cultiver ce mode organisationnel qui fait leur succès.

Exercice d'équilibriste

En échangeant régulièrement avec des fondateurs de startups, comme récemment avec Alix de Sagazan (AB Tasty), Louis Coulon (Visiotalent) et Constantin Wolfrom (Pumkin), nous tombons d'accord sur deux points.

Le premier : la startup a parfois une image fantasmée qu'il faut prendre soin de rétablir.

En effet, flexibilité, baby-foot dans l'open-space et apéros hebdomadaires organisés, ne signifient pas pour autant que tout est permis. Bien au contraire, le rythme de travail en startup est souvent plus soutenu qu'ailleurs. Si nous faisons le pari de confier des projets à nos talents, il doit être gagnant. L'autonomie est possible que si elle est maîtrisée.

Lire aussi : Startups, entreprises et innovation : il faut arrêter la confusion !

Ensuite, si de nombreuses initiatives permettent aux collaborateurs d'avoir plus de visibilité sur les lignes directrices de l'entreprise et qu'ils sont invités à participer aux prises de décision, ils n'en sont pas pour autant décideurs. Animés par la passion de leur job et la volonté d'influencer sur la stratégie d'entreprise en préconisant, par exemple, les technologies à privilégier, ils ne doivent pas l'imposer ni le décider. Le mode collaboratif a des limites.

Intégration

Le second : la nécessité de définir une politique RH aux débuts de la startup.

Les valeurs apparaissent souvent comme un outil marketing de l'entreprise or, elles en sont en réalité le fil rouge. En définissant très tôt les valeurs propres à son entreprise, à ce qu'on a envie qu'elle soit et qu'elle reste, on peut juger les candidats et les collaborateurs en fonction de critères précis. Quand on perd le sens de la cohérence de ses recrutements, on risque de freiner sa croissance.

Ensuite, il faut veiller à ne pas rater les moments d'intégration de ses arrivants : cela va plus loin qu'un bon accueil ou la remise d'un "welcome pack", cela passe par l'immersion dans les différents postes de l'entreprise afin qu'ils gardent en tête ce que l'entreprise fait et comment elle le fait.

PME et grands groupes vs startups ?

Aujourd'hui, pour les jeunes, ce n'est pas une hésitation, mais un projet de rejoindre une startup. De nombreux profils issus de grands groupes les rejoignent, en quête de plus de flexibilité. La limite de la startup réside néanmoins dans le fait que son modèle est en cours de structuration. Pour continuer d'attirer les jeunes, elles doivent les rassurer sur leur avenir, cultiver ce "mode startup" qu'elles ont réussi à imposer et ne doivent pas négliger les avantages salariaux.

Ce dernier point est en effet plus attractif dans les plus grandes organisations. Et, si elles assouplissent leurs modes de travail, définissent une culture d'entreprise et proposent des projets chargés de sens et valorisants pour leurs talents, les PME et grandes entreprises pourront aussi être appelées "startups".

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Commentaires 2
à écrit le 11/01/2017 à 10:12
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Qu'entend-t-on par flexibilité? Jouer au babyfoot ou participer à des apéro sur son lieu de travail est-il porteur de sens? En filigrane, on retient que finalement, une start-up c'est simplement une entreprise qui démarre et qui est appelée à devenir...

le 11/01/2017 à 11:04
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Pour un autre éclairage : http://region-aura.latribune.fr/debats/opinion/2016-09-12/startups-entreprises-et-innovation-il-faut-arreter-la-confusion.html

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