Alep : les murs tombent, l'humanité s'effondre

Au regard du drame humanitaire qui se déroule en Syrie, comment rester dans l’indifférence ? semble d'interroger Bernard Devert. Pour le fondateur d'Habitat et Humanisme, il faut nous libérer de nos peurs mais aussi de nos quiétudes trahissant nos indifférences.

L'Ange partit en pleurant. Ce titre reprend la légende de Grouchenka dans les Frères Karamazov. Comment ne pas pleurer devant les atrocités que subissent les habitants d'Alep ; les murs tombent, l'humanité s'effondre. Pleurer pour que les larmes viennent laver le regard assombri par la colère qui naît d'un drame, dénoncé de toute part. Mais que sont les discours s'ils n'arrêtent pas les horreurs.

Alep est une ville martyrisée avec plus de 400 000 morts. Des personnalités autorisées ont rappelé que, depuis la deuxième guerre mondiale, jamais une telle déshumanisation ne s'était produite. Une fois encore, les promesses de ne plus accepter de telles atrocités sont tragiquement et banalement bafouées. Les armes, mais aussi les mains, ont tué.

Information quotidienne

Le miracle des mains ne s'est pas produit. La solidarité s'est exprimée par des mots d'indignation. Il a manqué de ces mains qui, désirant ne rien posséder, auraient suscité la signature d'un traité mettant un terme à cette folie meurtrière. Quand, enfin, comprendra-t-on que seul l'amour sécurise ?

A quelques jours de Noël, il nous faut constater la tragédie d'une humanité incapable de défendre la vie, s'habituant, qui plus est, à cette information quotidienne qui s'abat sur nous, sans que nous soyons vraiment accablés, alors que tant d'êtres sont détruits par un obscurantisme mortifère et des intérêts inavouables.

Qu'as-tu fait ?

Il est de ces patiences assassines qui font de nous les complices du mal. L'Ange partit en pleurant, non pour déserter les drames mais pour nous rejoindre afin de nous mobiliser. Moi-même, je dois m'interroger : qu'ai-je fait, si ce n'est simplement tenter d'accueillir quelques réfugiés quittant les "portes de l'enfer" pour rechercher une hospitalité les éloignant d'une mort annoncée ?

Cette mise à distance, loin d'être comprise, a entraîné bien des débats demeurant encore des combats. Aime et tu comprendras. A cette mission pleinement humaine, nous sommes appelés pour ne point déserter l'exigence séculaire de porter assistance à personne en danger. Qu'as-tu fait de ton frère ?

Il nous faut sans doute apprendre à pleurer pour que nos yeux voyant enfin clair, nous nous libérions non seulement de nos peurs mais aussi de nos quiétudes trahissant nos indifférences.

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