L'innovation, une spécificité française ?

La France a toujours été un pays révolutionnaire, en politique comme en économie. Durant son histoire, elle a montré sa capacité à la création, à l'innovation et au talent, estime Arnaud Montebourg, candidat à la Primaire de la gauche.

Ses savants ont mis au point des inventions qui ont changé le monde : la machine à calculer de Blaise Pascal, la machine à vapeur de Denis Papin, l'avion de Clément Ader, le cinéma des frères Lumières, le scaphandre sous-marin de Gagnan, la carte à puce de Moreno ; ses entreprises et instituts ont développé le TGV, le parfum, le dépistage du SIDA, et tant d'objets du quotidien (la cafetière, le réfrigérateur, les verres progressifs, la cellule solaire, etc.).

La France est une terre d'invention, de création, d'accueil des talents étrangers, un pays dont les entreprises sont à la pointe de leurs domaines, dans le luxe comme dans la cosmétique, dans le transport urbain comme dans la santé, dans les objets connectés comme dans le numérique. Le CEA, le CNRS et l'INSERM sont à ce titre reconnus parmi les dix meilleurs instituts de recherche mondiaux.

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La France est un pays dont les startups de la FrenchTech - à Tarbes comme en Lorraine, au CES de Las Vegas comme au futur Cargo à Paris - ou les entreprises de l'économie sociale et solidaire - réinventent notre quotidien.

Austérité budgétaire

Et pourtant, cette spécificité française est aujourd'hui menacée.

L'austérité budgétaire grève les budgets de la recherche. La précarité guette dans l'enseignement supérieur, tandis que nos prix Nobel de médecine et de physique se révoltent. Plus généralement, l'austérité budgétaire réduit les investissements publics, détruit la demande à court terme et l'offre productive de long terme et plonge notre économie dans la stagnation séculaire, l'encéphalogramme plat de la croissance et de la recherche et développement.

Les comportements prédateurs d'autres pays, notamment des États-Unis, qui imposent à la planète le droit voté par leur Congrès : leurs sanctions appliquées en dehors de leur territoire ont coûté 20 milliards d'euros aux entreprises européennes depuis cinq ans. Ces pays qui profitent de notre naïveté et rachètent sans vergogne nos futurs champions tout en verrouillant le capital des leurs.

La concurrence déloyale, enfin, qui pénalise nos entreprises. Les pays européens ne parviennent pas à s'entendre pour juguler le dumping social de la Chine, mais la Commission européenne prépare en toute discrétion l'octroi à l'Empire du milieu d'un statut d' "économie de marché", ce qui serait un véritable cheval de Troie pour nos industries.

La concurrence déloyale est même organisée par la directive sur les travailleurs détachés - nouveaux esclaves modernes. La déloyauté est également fiscale avec ces grands groupes qui optimisent leurs prix de transferts, ruinent nos finances en se permettant de contribuer moins que nos PME à l'effort fiscal collectif.

Soutenir les entreprises innovantes

La puissance publique se doit, à son tour, d'être innovante dans sa stratégie de sortie de crise.

L'État doit mettre fin à la politique d'austérité qui brise la croissance, le budget de la recherche et la prise de risque. Il doit mener une politique de soutien à la demande à court terme, et de développement de l'offre productive à long terme.

Ces mesures impliquent une réallocation du CICE vers les entreprises innovantes qui investissent, ainsi qu'en réductions de la CSG pour les ménages pauvres. Cette politique de soutien passe également par une relance immédiate de 20 milliards d'euros d'investissement dans nos infrastructures.

Ce plan combinant offre et demande, effet conjoncturel et effet structurel, sera prolongé par la création d'une Société de financement de la transition énergétique, à capitaux public et privé, qui investira 100 milliards d'euros dans la rénovation thermique des bâtiments publics et privés, en se remboursant sur les économies d'énergies obtenues.

Made in France

La puissance publique doit mener la bataille du Made in France, en mobilisant tous les moyens pour protéger son industrie et ses entreprises naissantes en utilisant le décret Alstom, mais également en procurant à nos PME les financements dont elles ont besoin via le développement des activités de Bpifrance et la création d'une "Banque du risque".

L'accès aux marchés publics doit également être simplifié et réservé à hauteur de 80 % aux PME. Les conditions d'épanouissement de nos entreprises innovantes constituent également un enjeu plus large d'aménagement du territoire qui nécessite la mise en place de pôles de création, concentrant les talents sur un territoire en y axant la politique du logement, du transport urbain et de l'éducation supérieure.

La nouvelle économie et les plateformes numériques peuvent constituer une opportunité pour notre économie si la puissance publique a le courage de l'apprivoiser. Relever ce défi ne signifie un "laissez-faire" aveugle à la précarité naissante au prétexte de créations d'emplois. Cela ne signifie pas non plus interdire tout ce qui ne rentre pas dans nos schémas de pensée actuels. Une seule réponse à l'innovation économique : l'innovation dans les politiques publiques qui doivent y répondre.

Changer les mentalités politiques et économiques, appréhender le monde dans lequel nous évoluons sans naïveté et créer les conditions d'un développement équilibré de nos entreprises innovantes sont donc les clefs d'une spécificité française retrouvée.

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Commentaires 3
à écrit le 29/11/2016 à 17:34
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Plutôt bien vu pour l'articulation avec la politique macroéconomique et la question du financement. A compléter par l'implication forte à avoir en termes de formation et de montée en compétence de tous les salariés, du haut jusqu'en bas (ou considér...

à écrit le 29/11/2016 à 16:11
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Pas besoin de financement spécifique à la BPI pour les PME, mais plutôt d'une diminution drastique du carcan administratif qui sapent leurs forces vives. Avec une diminution des charges sur les PME avec report de ces charges sur les grosses franchis...

à écrit le 29/11/2016 à 11:40
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Je sens que ce monsieur va prendre sa carte chez Marine, car il est bien isolé a gauche pour avoir des soutiens!

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