La Suisse, Silicon Valley européenne ? Pas si vite !

Le prochain Google sera-t-il suisse ? Pas encore estime François Garçon, enseignant-chercheur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et auteur de La Suisse, Pays le plus heureux du monde (Tallandier, 2015). Selon lui, le gouvernement reste encore rétif à apporter son soutien aux startups.

Selon le classement annuel de l'IMD World Competitiveness Yearbook (1), aux côtés d'Israël et des Etats-Unis, la Suisse se range parmi les trois écosystèmes les plus innovants sur la planète. La performance helvétique tient à plusieurs facteurs. D'abord, le pragmatisme est ici une valeur largement partagée: les Suisses apprécient et valorisent ce qui fonctionne.

S'appuyant sur une longue tradition d'innovations, la Suisse fait bon accueil à tous les hommes et femmes qui, par leur ouvrage, œuvrent à l'accroissement de la prospérité de tous : 24% de la population installée en Suisse est étrangère. Étrangère et bien intégrée, cette population parvient aux postes les plus hauts. Ainsi, à la tête de Nestlé se sont succédés un Autrichien, un Belge et maintenant un Germano-Américain. Dans les deux pépinières d'ingénieurs que sont les Ecoles polytechniques fédérales de Zurich (21 prix Nobel) et Lausanne, le pourcentage de professeurs étrangers atteint 60%. A titre de comparaison, dans l'enseignement supérieur français, le pourcentage est inférieur à 4 %.

Bottom-up

Autre facteur favorisant l'innovation est la formation scientifique : en Suisse l'ingénieur se vit d'abord en bricoleur, en inventeur. L'enseignement suisse valorise les applications pratiques. Les élites sont issues de parcours qui valorisent la recherche. En apprentissage dès 15 ans ou dans la filière générale, les Suisses étudient non pour accéder à un statut social mais pour l'intérêt qu'ils y trouvent.

Lire aussi : Bienvenue dans la "Swisslicon Valley"

La valeur marchande du diplôme de formation initiale se dissipe rapidement au profit des résultats opérationnels obtenus dans les différents postes occupés. Le fait de n'être pas assigné à vie à tel niveau de responsabilité fluidifie les parcours. Le marché du travail est fluie et la culture bottom-up domine.

Capital-risque

Tel est le cadre qui fait de la Suisse le pays le plus innovant du monde en 2015. Quid des innovations proprement dites ? Sont principalement concernés les secteurs matures que sont la pharmacie, la chimie, la médecine, la mécanique de précision ou encore l'alimentaire. Disponible et bien formée, la main d'œuvre technicienne dispose depuis la fin des années 1990 d'une cinquantaine d'universités de métier, d'Hautes écoles spécialisées qui tapissent tout le territoire.

L'écosystème helvétique est-il pour autant favorable aux startups ? Les perles sont-elles si nombreuses ? En réalité, même si les fonds levés sont en hausses régulières (670 millions de francs en 2015, 120 startups concernées) (2), cela ne fait pas de la Suisse une Silicon Valley alpine. Les milieux financiers réfractaires à toute entreprise ouvrant sur l'inconnu, restent frileux. Conséquemment, la Suisse a finalement peu de capital-risque (3). Les investissements visent les cleantechs, les sciences de la vie et les technologies informatiques. Si l'environnement fiscal est globalement favorable, les startups doivent rester vigilantes.

Licornes

Si leur espérance de vie excède la moyenne internationale (80% survivent à la première année, 50% vont au-delà des cinq ans (4)),  les clusters restent fragiles. En outre, les investisseurs se concentrent sur les secteurs matures, potentiellement générateurs de marges et fournissent du travail à forte valeur ajoutée pour des centaines de milliers de salariés, dont les rémunérations font pâlir la planète (salaire médian, 6118 francs en 2015).

Le gouvernement fédéral est rétif à apporter son soutien aux startups. Ici, pas de politique industrielle, pas d' "Etat stratège". Les jeunes pousses ? Qu'elles se débrouillent ! Au mieux, les licornes peuvent désormais espérer un cadre fiscal moins pénalisant. S'il existe donc un équivalent  de la Silicon Valley en Europe, il ne se trouve probablement pas en Suisse. Au moins pas encore si l'on se fie à la prophétie du conseiller national Fathi Derder pour qui  "Le prochain Google sera suisse".

[1] https://www.imd.org/wcc/news-wcy-ranking/

[2] Bilan, 2 février 2016

[3] epfl-study-switzerland-digital-future

[4] Startup Monitor, 2016.

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Commentaires 11
à écrit le 18/10/2016 à 0:08
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Le ton d'un commentaire et les multiples fautes d'orthographe qu'il contient, m'incitent à recommander à l'auteur l'arrêt immédiat de tout prise d'alcool. Il en va de sa santé mentale, et probablement physique aussi. Ce conseil est donné à titre grac...

à écrit le 17/10/2016 à 12:43
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Au citoyen blasé , la Suisse des fils de papa sont des gens qui aiment le travail surtout bien fait , les patrons Suisses paient leurs collaborateurs le mieux possible et leur retraite est toujours assurée , à côté de cela il y'a le secteur banque qu...

à écrit le 17/10/2016 à 11:42
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La Suiise c'est l'économie à papa, c'est le milieu financier, celui d'une économie déconnectée des réalités, hyper conservatrice et réactionnaire, un monolithe de plusieurs siècles d'existence. Miser sur des trucs nouveaux alors qu'ils se font de...

le 17/10/2016 à 12:50
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La finance représente 9% du PIB de la Suisse!!!! Et les 91% restant, c'est quoi? Un monolithe de banques sclérosées? On peut être blasé, mas de là à raconter des conn****, il y a une marge :-)

le 17/10/2016 à 13:30
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Je suppose que vous n'avez pas regardé hier le formidable documentaire sur la Suisse qui s'est largement enrichie grâce à l'Allemagne nazie profitant de son statut de neutralité afin de permettre aux allemands de pouvoir acheter des produits sur le m...

le 17/10/2016 à 16:55
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@ Citoyen blasé . Commentaire abject qui sent la jalousie à plein nez. La France n'est pas exempte de tout reproche s'agissant de sa collaboration avec les nazis et en ce qui concerne le pillage systématique de ses anciennes colonies. Pour votr...

le 17/10/2016 à 17:10
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La télévision française aime beaucoup parler des banques suisses et des lingots nazis... Dommage que les média français ne soient pas aussi prompt à réaliser des documentaires... 1. sur les 92 convois de la SNCF qui ont transporté des citoyens juifs...

le 17/10/2016 à 17:13
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@Citoyen blasé: La finance pèse 4,5% du PIB français, cela vous pose aussi un problème?

le 18/10/2016 à 9:58
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à Ardisson: La jalousie envers un pays !? Vous pouvez m'expliquer comment cela est techniquement possible je vous prie ? EN ce qui concerne la collaboration de la france avec le nazisme je suis entièrement d'accord mais ce n'est pas parce qu...

le 18/10/2016 à 10:07
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à Hector: Vous êtes très mal tombé en ce qui concerne la dénonciation du nazisme et la collaboration de nombreux français avec ces barbares étant donné que mon grand père résistant s'est fait fusiller à cause de la dénonciation d'un bon français ...

le 18/10/2016 à 10:10
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encore à Hector 4.5% du PIB lié à la finance oui cela me gène considérablement également. Et donc ? ça vous apporte quoi ?

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