A45, Accord de Paris : ils ratifient ; nous agissons

Derrière les discours dithyrambiques sur la COP21, les actes ne suivent pas. Pour preuve, le projet de construction de l'A45 entre Lyon et Saint-Etienne foule aux pieds l'article 2 de l'Accord de Paris visant à contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C - et idéalement en deçà de 1,5°C. Un collectif*, réunissant économistes, militants, élus, citoyens et syndicalistes appelle, dans cette tribune, à s'opposer à ce projet d'infrastructure, alors qu'une grande mobilisation est organisée ce dimanche 18 septembre à Mornant.

Construire, une nouvelle autoroute, l'A45, entre Lyon et Saint-Etienne, est-il climato-compatible ? A deux mois de l'ouverture de la COP22 à Marrakech, et alors que François Hollande presse ses homologues du monde entier de ratifier l'Accord de Paris, la question est légitime. Elle a été posée à Ségolène Royal, ce jeudi 8 septembre, par un auditeur de la matinale de France Inter. "Plus on construit de routes et d'autoroutes, plus il y a de véhicules" s'est fendue la ministre, en guise de réponse.

Logique et touchant juste, ce principe devrait conduire à l'abandon pur et simple de la construction de l'A45 : les études fondant la déclaration d'utilité publique (juillet 2008) ne prévoient-elles pas un accroissement de près de 90 % des kilomètres parcourus et de 65 % du CO2 rejeté dans l'atmosphère comparé à l'autoroute actuelle ?

 Impératif climatique

C'est implacable. Pourtant, c'est le ministère de Ségolène Royal, par l'intermédiaire du secrétaire d'Etat aux transports, Alain Vidalies, qui, au mois d'avril de cette année, a désigné Vinci comme concessionnaire de la future autoroute et qui a décidé de verser plus de 420 millions d'euros pour sa construction. Les élus du département de la Loire, de Saint-Etienne Métropole et de la région Auvergne Rhône-Alpes n'ont pas fait mieux, acceptant que chacune de leur collectivité verse 140 millions d'euros sur la base de rapports silencieux quant à l'impact climatique d'une deuxième autoroute (payante) parallèle à la première (gratuite).

Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne Rhône-Alpes et nouveau président des Républicains, Gael Perdriau, maire de Saint-Etienne et Bernard Bonne président du département de la Loire, pensent-ils que l'impératif climatique ne les concernent pas ?

 Crimes climatiques

Derrière les discours dithyrambiques sur la COP21 et la célérité de l'exécutif français pour ratifier l'Accord de Paris se cachent donc des ministres et des élus locaux prêts à verser 840 millions d'euros d'argent public pour aggraver le réchauffement climatique.

Lire aussi : A45 : la décision définitive pourrait intervenir en septembre

L'A45 serait-elle une exception, une scorie du passé persistant dans ce monde nouveau de l'après COP21, fait d'investissements verts et de transition énergétique ? Difficile à croire : François Hollande n'a-t-il pas annoncé, en plein été, la relance d'un vaste programme autoroutier ? Ce sont autant de projets concrets qui foulent aux pieds l'article 2 de l'Accord de Paris visant à contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C - et idéalement en deçà de 1,5°C - et qui planifient de nouveaux crimes climatiques dont les populations les plus démunies paieront le plus lourd tribut.

 Argent gaspillé

Ministres et élus sont-ils indifférents au fait que chaque euro supplémentaire investi dans le bitume verrouille un peu plus notre futur dans une trop grande dépendance aux énergies fossiles ? Que chaque euro supplémentaire investi dans le bitume fait disparaître les terres agricoles, qui jouent un rôle indispensable du point de vue du climat et dont nous avons besoin pour nous assurer une alimentation locale et de qualité ?

Que chaque euro supplémentaire investi dans le bitume est un euro gaspillé qui ne sera pas disponible pour financer le déploiement de modes de transport climato-compatibles ?

 Responsabilités

Devant tant d'irresponsabilité, il est difficile de ne pas désespérer. Difficile de ne pas se résigner. Difficile de ne pas s'emporter. En entérinant le caractère volontaire et non contraignant des engagements pour le climat, l'accord de Paris ne nous a pas aidé : il n'existe aucun dispositif contraignant qui puisse être actionné pour soumettre gouvernement, collectivités territoriales ou industriels à l'impératif climatique.

Aucune institution n'est chargée de jauger et juger de la conformité "climatique" des décisions des acteurs publics et privés. Cette responsabilité est de facto transférée à l'opinion publique. C'est-à-dire à nous.

 Agir

C'est donc à nous de jouer. A nous de jouer pour que l'A45 - et tous les autres projets climaticides tels que l'aéroport de Notre-Dame des Landes ou EuropaCity - ne voit jamais le jour : rendez-vous est donné pour une mobilisation contre l'A45 ce dimanche 18 septembre (plus d'infos : www.non-a45.org). A nous de jouer pour que la ratification de l'Accord de Paris ne soit pas qu'une opération de communication. A nous de jouer pour que l'impératif climatique ne disparaisse pas de la présidentielle à venir. Il en va du climat. Et de notre avenir.

Signataires:

Maxime Combes, économiste, membre d'Attac France, auteur de Sortons de l'âge des fossiles, Manifeste pour la transition (Seuil - 2015). Nicolas Haeringer, chargé de campagne pour 350.org, auteur de Zéro fossile, Désinvestir du charbon, du gaz et du pétrole pour sauver le climat (Les petits matins/350.org, 2015). Sylvine Bouffaron, Alternatiba. Jon Palais, ANV-COP21. Violette Auberger, Conseillère départementale Loire, coprésidente des Amis de la Confédération Paysanne. Julien Milanesi, économiste, co-réalisateur du documentaire L'Intérêt général et moi.

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Commentaires 3
à écrit le 16/08/2017 à 13:04
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Effectivement, ras le bol de ces fanatiques de la voiture, au comportement infantile et ancestral ! Commençons par faire comme les grandes métropoles européennes évoluées, qui rénoveraient et amélioreraient la liaison TER permettant de se rendre rap...

à écrit le 18/09/2016 à 11:30
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nous commençons en avoir ras le bol des bobos verts bien installés dans leur confort petit bourgeois et qui sont de véritatbles tyrans qui veulent imposer leur façon de penser, à vous faire voter FN même lorsque vous êtes de gauche.

le 19/09/2016 à 14:30
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Nous aussi nous commençons à en avoir ras le bol que nos dirigeants signent d'une main la COP21 et de l'autre la dilapidation de nos terres agricoles, de l'argent public au profit de quelques nantis du BTP. Ras le bol que l'on demande aux autres pays...

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