Reprise d'entreprise : entrepreneur, "connais-toi toi-même"

Pour réussir une reprise d'entreprise, il faut avant tout que l'entrepreneur identifie ses propres critères de ciblage, basés sur sa connaissance de lui-même, sa lucidité sur ses besoins propres, dans un contexte inconnu, celui de patron de PME. Par Anne Mouchot, gérante du cabinet Passages-rh.

Le porteur de projet de reprise d'entreprise commence souvent par un rêve : celui d'être libre de ses choix, celui de récolter pour lui-même tous les fruits de son travail, celui de (se) prouver, celui de construire, celui de laisser une trace... Cette étape rêvée est sans aucun doute une étape nécessaire et fondatrice.

 Lucidité et pragmatisme

Mais le rêve, s'il a son utilité comme source d'énergie et comme cap à cette aventure, doit céder rapidement la place à la lucidité et au pragmatisme. Et pour ce faire, plusieurs aspects du projet sont à prendre en considération, certains étant généralement bien balisés : la capacité financière, l'adhésion de l'entourage proche, les compétences acquises, la connaissance de secteurs d'activité, l'expérience. Nous ne nous attarderons pas ici sur ces sujets, aussi importants soient-ils.

Notre propos vise à attirer l'attention du porteur de projet de reprise sur l'un des points clé qui est souvent survolé : sa connaissance de lui-même, sa lucidité sur ses besoins propres, dans un contexte inconnu, celui de patron de PME et ce, afin que son projet soit une réussite durable.

une multitude de profils d'entrepreneurs

En effet, devenir propriétaire d'entreprise ne suffit pas : c'est un constat que certains repreneurs ont pu faire, une fois le projet abouti, en réalisant que le quotidien dans cette entreprise ne leur convient pas, qu'ils s'étiolent, qu'ils ne parviennent plus à être moteurs, que le stress augmente sans contrepartie positive suffisante pour maintenir l'envie d'avancer.

En cela, l'idée largement répandue que l'on a (ou pas) « le » profil d'un entrepreneur induit en erreur : il y a en fait une multitude de profils d'entrepreneurs comme il existe une multitude de caractéristiques d'entreprises. Le défi est de trouver la bonne entreprise pour le bon entrepreneur : l'entreprise et le repreneur doivent être « bien accordés » et cela va au-delà des seules compétences et de l'expérience du candidat repreneur.

Revister ses besoins, ses motivations

Ainsi, pour éviter les mauvaises surprises, il est essentiel que les repreneurs prennent le temps, comme ils le font pour analyser leurs cibles, de re-visiter leurs besoins/atouts/motivations pour qu'un tel projet soit positif pour eux. Pour cela, il leur faut identifier, pour eux-même, les caractéristiques d'entreprise qui leur permettront d'être satisfaits au quotidien et dans la durée.

Enfin, nous insistons également sur le fait de ne pas balayer trop rapidement les doutes ressentis ou les questions que le porteur de projet se pose face à une entreprise qu'il envisage d'acquérir. Même si le temps passe et qu'il a le sentiment urgent de devoir aboutir (pour lui, son entourage, ses finances...), il ne doit pas faire l'erreur d'acquérir une entreprise par défaut ou une entreprise « qu'il fera évoluer vers ce qui lui plaît ».

Le « par défaut » va s'avérer rapidement être un piège duquel il est difficile de s'extraire, quant à « faire évoluer » rapidement une entreprise, l'expérience montre que c'est un exercice à faible probabilité de réalisation et/ou à haut risque.

Ce projet est-il capable de me satisfaire professionnellement ?

Il nous semble donc essentiel de cibler dès le départ une entreprise qui soit véritablement adaptée à ses propres critères de réussite ; ainsi, quelles que soient les opportunités ou difficultés d'évolution de cette entreprise sur son marché au fil du temps, le chef d'entreprise se donne les atouts pour vivre un quotidien professionnel qui lui convient.

En conclusion, après la question à laquelle chacun répond généralement - « suis-je capable (compétences, motivations, modes de fonctionnement, financement) de prendre la suite de ce cédant et de continuer à faire vivre cette entreprise ? » ; nous vous invitons à vous questionner sur son corollaire, généralement oublié par les porteurs de projet - « cette entreprise-ci avec ses particularités, est-elle capable de me satisfaire professionnellement durant au moins les années de mon engagement financier ? »

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