Des métiers d'art, aux métiers d'âme

Les 27,28 et 29 mars auront lieu les Journées européennes des métiers d’art. Chaque année, depuis 2002, les professionnels des métiers d’art sont alors mis en lumière. Mais malgré leur qualité, ces productions sont souvent vendues en dessous de leur prix réel. Par Patricia Degoutte, chargée de mission à la Chambre de métiers et de l’artisanat de Rhône.

Qu'ils ouvrent leurs ateliers, se regroupent lors de manifestations thématiques ou dans des lieux d'exception, les professionnels des métiers d'art permettent au grand public d'entrer dans leur quotidien, leur univers.

Certains montreront comment on passe de l'idée à la création, d'autres feront renaître des mécanismes, et d'autres encore redonneront tout le faste à des objets ou meubles ayant traversé plusieurs siècles dans de plus ou moins bonnes conditions.

Un prix inférieur à ce qu'il devrait être

Pendant ces trois jours les professionnels vont être mis en lumière. Néanmoins, le quotidien de ces professionnels reste pour beaucoup rempli d'incertitudes quant à l'avenir.
En effet, même si dans l'esprit du grand public, les métiers d'art riment avec luxe, le prix des créations est bien souvent en dessous de ce qu'il devrait être. Nombre d'entre eux ne peuvent valoriser le temps passé sur une pièce, le prix de la création devenant beaucoup trop élevé dans une société ou l'impact prix l'emporte sur l'objet.

Vaste sujet dont on pourrait débattre pendant des jours tant sa formulation contient déjà des mots qui s'entrechoquent : Métier, art, prix. Une ébauche de réponse peut pourtant apparaître si l'on change la formulation et que l'on ne parle plus de métiers d'art, mais de métiers d'âme. Si l'on dénommait ainsi les 217 métiers que l'État détermine comme métiers d'art, on éluderait en partie le problème du prix. Et puis quel prix d'abord ? le prix du choix de vie des professionnels qui préfèrent la passion à la sécurité, le prix psychologique qui convainc l'acheteur, le prix de la juste rémunération d'un travail, le prix fantasmé par telle ou telle communication, le prix d'achat ou le prix de revente...

C'est l'objet qui parle

On parle beaucoup de certains objets, en fonction d'une mode ou d'un évènement ponctuel, mais si on essayait là aussi de renverser les choses et de considérer que c'est l'objet qui parle.  C'est la chaise qui silencieusement crie ''regardez-moi'' sur un marché aux puces alors que l'idée d'en acheter une n'existait pas un peu avant, c'est elle qui sans bouger vous séduit, qui fait naître l'irrépressible besoin de la posséder, c'est pour elle que vous allez pousser la porte d'un atelier. La même parlera à l'ébéniste et lui confiera son histoire du bout des doigts, la même deviendra "Vôtre" chaise et continuera "Sa" vie au sein de la "Vôtre". Objet que l'on transmet avec sa charge d'histoire, ses défauts, ses manques, ses bleus à l'âme en quelque sorte.

Si l'on donne à l'objet une valeur qui se mesure avec une autre échelle que celle de l'échange marchand, on augmente forcément son importance... et donc sa valeur.
Dès lors, le prix pour l'acheter ou le restaurer se résumera juste à "je peux" ou "je ne peux pas". "Ce n'est pas possible pour le moment". "Je vais attendre un peu". Le prix sera celui que l'on choisit de mettre, celui que l'on est fier de réserver à cet objet. Le professionnel lui aussi devra adapter sa rétribution, mais pas au détriment de la qualité.

Si l'on veut que l'histoire continue que les objets naissent ou renaissent, il faut que la qualité perdure. Il faut donc que l'artisan puisse vivre de son métier car c'est lui qui le transmet au suivant. L'échange entre le professionnel et le visiteur curieux fera comprendre que l'objet à certes un prix mais pas que !

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