En finir avec le jacobinisme économique

Par Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes

Plus de 30 ans après l'adoption des lois Defferre marquant la volonté politique, à l'époque, de transférer des compétences administratives de l'État unitaire français vers les territoires, force est de constater que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir en matière de décentralisation. La nécessité d'inversion de paradigme s'impose plus que jamais à un pays, à une économie décidément trop centralisée et enfermée dans un esprit jacobin.

Certes, depuis la loi fondamentale du 2 mars 1982, à l'origine de la promotion de la région en tant que collectivité territoriale à part entière, des avancées significatives ont été réalisés. En 2003, l'Acte II de la décentralisation renforçait ainsi le transfert de compétences nouvelles au profit des collectivités territoriales, notamment dans les domaines du développement économique, du tourisme, de la formation professionnelle et de certaines infrastructures. Plus récemment, l'Acte III de la décentralisation a permis la création de métropoles, dont celle de Lyon, tout en prévoyant un redécoupage de la carte des régions françaises, avec en ligne de mire 13 « super-régions » aux pouvoirs élargis, parmi lesquelles figure la future région Rhône-Alpes-Auvergne.

Respecter le principe de subsidiarité


Mais nous devons aller plus loin et plus fort. Une vraie réforme supposerait d'abord, pour être pertinente, le respect strict du principe de subsidiarité, ce qui est loin d'être le cas actuellement sur les plans de la fiscalité, de l'économie, de l'emploi, etc. Il est impératif de supprimer la clause de compétence administrative générale qui justifie aujourd'hui l'empilement des structures administratives dans la plus grande confusion territoriale. On aboutit à une action globalement inefficace et coûteuse, pour laquelle les entreprises paient un lourd tribut. Diviser pour mieux régner : c'est la décentralisation centralisée.
Mais le monde économique doit, lui aussi, admettre qu'il porte une part de responsabilité dans ce centralisme jacobin.

Aussi, à l'heure des nouvelles technologies de communication et des moyens de transport ultra-rapides, trop de décisions et de pouvoirs économiques restent encore artificiellement concentrés à Paris, parfois même aux dépens de l'intérêt général. Combien de groupes du CAC 40 ont-ils leur siège en Rhône-Alpes ? Une poignée seulement ! Et même la bourse des PME, Enternext, a son centre de décision dans la capitale alors que chacun sait que les régions, et en particulier Rhône-Alpes, constituent la terre d'excellence des petites et moyennes entreprises.

Les mots prononcés le 24 mars 1968, à Lyon, par le général De Gaulle résonnent encore aujourd'hui, avec un sentiment d'inachevé : « L'évolution générale porte notre pays vers un équilibre nouveau. L'effort multiséculaire de centralisation, qui lui fut longtemps nécessaire pour réaliser et maintenir son unité malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées, ne s'impose plus désormais. Au contraire, ce sont les activités régionales qui apparaissent comme les ressorts de sa puissance économique de demain. » Dont acte.

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