Le patriotisme économique conduit à une double impasse

Les entreprises multinationales disposent de réserves considérables de cash. Le gouvernement français s'inquiète donc du risque de passage sous contrôle étranger de plusieurs entreprises françaises, compte tenu des masses de liquidités disponibles pour ces rachats. Mais le patriotisme économique se heurte à deux obstacles majeurs.

Les entreprises multinationales disposent de réserves considérables de liquidités (de cash) : 2 200 milliards de dollars aux Etats-Unis, 2 000 milliards d'euros dans la zone euro, 4 000 milliards de dollars au Japon. Ceci résulte de ce que la hausse des profits n'a pas conduit à une hausse parallèle des investissements et a permis l'accumulation de ces réserves de liquidités.

On se trouve donc, certainement, au début d'une période où les fusions et acquisitions d'entreprises vont se multiplier. Ce qui s'est vu en France aussi (fusion Lafarge-Holcim, proposition de rachat de la division énergie d'Alstom par General Electric…). Le gouvernement français s'inquiète donc du risque de passage sous contrôle étranger de plusieurs entreprises françaises, compte tenu des masses de liquidités qui sont disponibles pour ces rachats. Une décision de bon sens serait alors de renforcer la capacité de l'Etat français à intervenir dans ces offres de fusion-acquisition, même de les bloquer si nécessaire, surtout si elles affectent les secteurs où la France est restée en haut de gamme : énergie, aéronautique, pharmacie… et si elles impliquent le transfert du siège social à l'étranger, ce qui a souvent des conséquences néfastes (délocalisation aussi de la recherche, des opérations financières).

Deux obstacles majeurs

Le « patriotisme économique », sous cette forme, peut paraître nécessaire pour préserve la nationalité française d'entreprises ayant des productions sophistiquées. Mais il se heurte d'abord à deux obstacles majeurs.

En premier lieu, maintenir les entreprises françaises à l'écart d'un mouvement mondial de consolidation et de constitution de grands groupes. Le patriotisme économique français conduira évidemment à une réaction symétrique des autres pays ; si les entreprises étrangères ne peuvent pas faire d'acquisitions en France, on ne voit pas comment les entreprises françaises pourraient être autorisées par les autres pays à faire des acquisitions. Elles vont donc rester trop petites pour accéder aux marchés mondiaux. Rappelons que dans les 10 prochaines années, on attend 1 % de croissance annuelle dans la zone euro, 3 % aux Etats-Unis, 2 % au Royaume-Uni, 4 % en Asie, 5 % en Afrique…

Un besoin d'actionnaire étrangers

Le second obstacle est l'insuffisance des investisseurs domestiques en actions, en France. Il n'y a pratiquement pas de fonds de pension ; les assureurs ont des portefeuilles d'actions de petite taille (représentant 6 à 7 % en moyenne du total de leurs actifs). La base d'investisseurs domestiques en actions qui pourraient détenir les entreprises n'existe donc pas en France, ce qui explique que la part des actions cotées françaises détenue par les non-résidents est passée de 24 à 33 %.

Quoi que fasse le gouvernement, les entreprises françaises ont besoin d'actionnaires étrangers. Il ne peut donc pas y avoir de « patriotisme économique strict » en France, avec la nécessité de constituer des groupes mondiaux et avec l'insuffisance de la base domestique d'investisseurs en actions. L'Etat français ne peut pas empêcher la propriété étrangère des entreprises, sauf dans quelques rares cas très stratégiques, mais il peut vérifier qu'elle ne conduit pas à la délocalisation de la production et des centres de recherche.

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Commentaires 28
à écrit le 24/06/2014 à 16:00
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OK, mais.. Tous les autres pays, à part peut-être le Royaume-Uni, mais massivement les USA, les BRICS, etc. pratiquent le patriotisme économique. Ce qui est vrai pour eux donc donc être vrai pour nous !

à écrit le 24/06/2014 à 10:58
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Un des principaux handicaps est l'absence d'investisseurs français, le public n'étant invité qu'à consommer de la loterie. Quelles sociétés françaises ont de nombreux investisseurs individuels ?

à écrit le 24/06/2014 à 10:00
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les pays qui n'ont aucun besoin de protectionnisme sont les pays ou il n'y a ni ISF ni droits de succession : ces pays ont des gens riches qui peuvent financer l'innovation et l'accroissement de l'entreprise. Passer par les banques c'est se créer une...

à écrit le 24/06/2014 à 9:52
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les analyses ci-dessous prouvent l'incompréhension des gens devant la mondialisation. ce n'est pas la mondialisation qu nous gène mais le coût exhorbitant des inactifs : le privé représente 1 personne sur 4. Si nous supprimons les fonctionnaires et...

le 24/06/2014 à 10:39
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Votre commentaire serait plus pertinent s'il distinguait les fonctionnaires "de terrain" des bureaucrates...

à écrit le 24/06/2014 à 9:16
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En raison de la vertu dormitive de l'opium, vous êtes donc priés d'abandonner tout contrôle sur votre futur économique, et sans murmures. Rompez.

à écrit le 24/06/2014 à 8:33
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Faut arrêter, tous les Etats à commencer par les Etats Unis pratiquent du protectionnisme et bloquent l'entrée de capitaux étrangers dans leurs secteurs stratégiques (assez large au passage). Et nous devrions être les dindons qui acceptent tout? Le v...

le 24/06/2014 à 13:55
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Pas tant que ça. Dans les années 80 Dassault a vendu 40 avions Falcon aux CoastGuard américains.

à écrit le 24/06/2014 à 8:07
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Enfin quelqu'un qui reconnait qu'il y a de l'argent à la pelle, pris sur le dos des salariés du monde, les nôtres y compris. Les transnationales le place sur les marchés financiers car le rapport financier pour leurs actionnaires est plus important q...

le 24/06/2014 à 9:48
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cette stratégie amène à augmenter les salaires, et donc in fine le prix des produits. Les produits trop chers ne se vendent pas et nous arrivons à la situation actuelle d'effondrement économique

à écrit le 24/06/2014 à 7:16
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En France nous voyons l'économie comme les histoires de tintin et milou, les gentils et les méchants. Méchants riches Méchants patrons Méchants propriétaires Méchants actionnaires Etc etc Dans les histoires de tintin,ça finit toujours bien. Da...

le 24/06/2014 à 14:06
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Qui rassure. Car il semble qu'il y ait trés peu de personnes conscientes en France de la situation. Plus la France s'appauvrit semon le modèle désiré par nos politiciens plus la France est vulnérable et tant qu'elle n'aura pas de mesures économiques ...

à écrit le 24/06/2014 à 7:03
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En principe, il est impossible de s'opposer au rachat par une entreprise européenne. Impossible de s'opposer à la délocalisation du siège dans un autre pays européen. Libre circulation. Sauf à sortir de l'Europe.

à écrit le 24/06/2014 à 1:48
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Les portes sont grandes ouvertes à tous les vents ... et la France meurt. Alors ... on continue comme ça ?

à écrit le 23/06/2014 à 23:29
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Bienvenue dans le monde de la mondialisation. le monde des grosses firmes qui dirigent le monde. Les FMN n'ont qu'à faire de vos commentaires, plans nationaux, et tout le reste. Vous consommez, vous payez et vous vous taisez. si vous ne pouvez pas ou...

à écrit le 23/06/2014 à 21:57
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La France se bloque vis à vis de l'étranger et quoiqu'il soit fait tout le monde comprend notre perte de compétitivité en raison d'un état qui nous écrase de charges pur payer des fonctionnaires qui ne produisent pas. La France s'enfonce en douceur d...

à écrit le 23/06/2014 à 21:57
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Avant d'avoir besoin d'actionnaires étrangers, les entreprises françaises ont besoin d'actionnaires français. Réveillez-vous Monsieur !

le 23/06/2014 à 22:13
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Il y a peu d'actionnariat en France. A cause des multiples impôts, le rendement et la sécurité pour les petits et moyens actionnaires ne sont pas assurés.et les "gros" investisseurs sont pour la plupart partis sous des cieux fiscaux plus cléments. C...

à écrit le 23/06/2014 à 20:59
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Voici vraiment le valet des ploutocrates internationaux vendu à l'étranger! Ce national traitre ne doit plus exister en France....

à écrit le 23/06/2014 à 20:28
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Il faut réduire le cout de ce que l'on peut exporter (les turbines) et augmenter le prix de ce qui ne s'exporte pas ( l'énergie): il faut basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique.

à écrit le 23/06/2014 à 20:21
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Complètement à coté de la plaque. Tout nos ennuis sont dus au fait que le cout du travail est trop élevé comparé au prix de l'énergie.

le 24/06/2014 à 10:03
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précisez s'il vous plait !!!

à écrit le 23/06/2014 à 20:12
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blabla habituel des zélateurs de la fuite en avant à la mode US. Parlez nous donc de la souveraineté. Voilà qui éclairerait bigrement les lecteurs sur vos opinions, et comme le disent les bobos, leur permettrait de comprendre d'où vous parlez.

à écrit le 23/06/2014 à 20:00
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Toujours la meme serenade. Le patriotisme nous tiendrait a l'ecart du monde. GE est ce le monde? Non c'est une multinationale qui comme nbre d'entre ells depend de la premiere puissance du monde, parce que le monde ce sont des puissances...

à écrit le 23/06/2014 à 19:09
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Le gouvernement peut aussi encourager l'épargne investi dans les sociétés industrielles. Fiscalité attractive et création de fonds de pension puissants. Remonter le plafond des PEA, inciter les assurances à investir dans les actions en diminuant le...

le 23/06/2014 à 21:45
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ne vous en faite pas pour l'immobilier il appartient déjà à des grands groupes. Pour le reste avec une médiane de 2500€ je ne suis pas sur qu'on puisse encore épargner sachant que le salaire tend vers le SMIC et moins.

le 23/06/2014 à 22:19
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Les français sont de très grands épargnants (17ù des revenus en moyenne. seulement, cette épargne est en très grande majorité placée dans des livrets d'épargne et dans de l'assurance-vie en Euros.l'épargne en actions est découragée par la fiscalité. ...

le 24/06/2014 à 13:47
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Je ne vois pas le rapport entre le dogme socialiste de l'Etat providence et la préférence des français pour l'immobilier. @ oui-mais j'aimerais bien que mes salaires bénéficient de la même fiscalité que les dividendes : 40 % d'abattement, et exon...

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