Gérard Collomb doit être reconduit à la tête du Grand Lyon

En posture favorable pour conserver la mairie, Gérard Collomb est menacé à la tête du Grand Lyon. Une dissociation partisane des deux responsabilités pourrait avoir des conséquences désastreuses.
(Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l'Economie)

 Petit problème d'arithmétique proposé aux électeurs : le Grand Lyon est formé d'un cénacle de 156 conseillers communautaires porté à 162 d'après un arrêté préfectoral, et d'une majorité de gauche plurielle (PS, PC, Verts, radicaux) de 86 élus dans l'assemblée sortante. Sachant que la majorité nécessite 82 élus, que les communes pouvant basculer à droite (Grigny, Saint-Fons, Mions, Saint-Priest, Rillieux-la-Pape, Décines ou Chassieu) envoient 15 représentants à la Communauté urbaine, enfin que la Ville de Lyon en destine 57, on devine les migraines qui doivent affecter Gérard Collomb cette semaine.

Sauf accident, l'édile devrait être réélu aux commandes de la ville, mais la reconduction de son mandat de président du Grand Lyon et futur patron de la Métropole est loin d'être assurée. Et si les réserves de voix à gauche semblent conséquentes, la dynamique d'effondrement qui frappe la majorité présidentielle dans l'Hexagone et celle de conquête qui auréole le Front national n'épargneront pas les cités rhodaniennes.

L'enjeu, chacun le sait, se situe bien davantage au Grand Lyon qu'à la Ville, notamment en matière de développement économique et de leviers d'attractivité. Imagine-t-on alors ce que pourraient être les répercussions d'une dichotomie politique des deux institutions ? Quel décideur ou quel investisseur pourraient donc envisager sereinement une ville à gauche et une agglomération à droite ?

Bordel marseillais

« Un immense bordel ». Ainsi un observateur avisé de la scène locale qualifie les six années d'antagonismes qui s'achèvent à Marseille. Une ville dans les mains de Jean-Claude Gaudin, et une communauté urbaine Marseille Provence Métropole - qui coiffe seulement 18 communes , soit 15% de l'aire urbaine, et à laquelle Aix-en-Provence a préféré une autre EPCI, augurant une future métropole Aix-Marseille Provence plutôt complexe à mettre en œuvre - confiée au socialiste Eugène Caselli après que le clan de droite ait préféré se saborder plutôt que de couronner Renaud Muselier. 

L'OCDE catégorique

« Les services des deux établissements ont très mal collaboré, et c'est toute l'économie qui en a pâti ». Pour preuve, un rapport de l'OCDE, confirmant que le morcellement administratif a considérablement freiné le développement et a privé le territoire d'une manne de 3 milliards d'euros versée par l'Etat au titre de la Dotation générale de fonctionnement aux autres communautés urbaines françaises. Les exemples sont pléthore. Et certains d'une confondante absurdité. Ainsi la commune communiste d'Aubagne et celle de Marseille ont développé leurs réseaux respectifs de tramway… sans s'entendre sur un raccordement. C'est d'ailleurs au nom d'une ineptie mortifère pour l'économie locale que nombre de patrons - notamment sept de la CGPME - se sont engagés sur les listes municipales des deux bords.

L'exemple bordelais

Bien sûr, les plus optimistes objecteront qu'à Lyon, la tradition centriste et consensuelle de toute façon éteint les cloisonnements idéologiques - la campagne l'a une nouvelle fois démontré - et donc dominera les clivages partisans si les deux camps doivent se partager les établissements. Et les mêmes idéalistes de prendre pour exemple Bordeaux. La Ville, gérée par Alain Juppé (UMP) et la CUB, administrée par le socialiste Vincent Feltesse, n'ont-elles pas voté d'une même voix la construction du stade de football, celle du pont levant Chaban-Delmas, l'extension du tramway vers la périphérie, ou le lancement du gigantesque projet Bordeaux-Euratlantique - transformation totale d'un quartier et création de logements, d'hôtels, de zones d'activité tertiaire dans la perspective de la LGV qui reliera la ville à Paris en 2 heures ? Certes.

Mais l'agglomération, les entreprises et le tissu socio-économique lyonnais peuvent-ils se permettre de prendre le risque de s'exposer au spectre marseillais ? Il est à espérer que, à l'issue du scrutin ou sinon au nom de la sagesse, du pragmatisme, et finalement de l'intérêt général, les membres de Synergies-avenir (23 conseillers sortants plutôt divers droite, 18 d'entre eux réélus dès le 1er tour dans leur commune) assureront Gérard Collomb de leur franc soutien. Un appel bien sûr non partisan, et qui vaudrait tout autant dans l'autre sens. Imaginerait-on Michel Havard place de la Comédie et Gérard Collomb dans le froid bâtiment du Grand Lyon ?        

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Commentaire 1
à écrit le 28/03/2014 à 17:08
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Entièrement d'accord. Pas de cohabitation qui serait néfaste. Une seule solution : Gégé, laisse la mairie à Michel !

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